29 juin 2007

Sur le Trajet (chapître cinquantième)

Gilles est de retour chez lui aux alentours des 20 heures. Ce soir il dine avec ses parents et compte se coucher tôt.
Il aura tout le temps de penser à ces nouvelles sensations qui l’assaillent quand il sera couché.
En effet, le désir était très fort encore cet après-midi, mais il n’a pas pu aller au bout et suivre le garçon qui semblait être réceptif à ses regards.
Peut-être était-ce à cause du plein jour, de la foule alentour…
Toujours est-il que Gilles n’a pas pu mettre en pratique l’expérience de la veille.
Pris de panique, il a finalement semé le garçon qui le suivait.
Le pauvre garçon n’a rien du comprendre dans la mesure où c’est Gilles qui l’a clairement allumé au début puis à pris ses jambes à son cou pour finir.
En tous cas, il recommencera une autre tentative, mais le soir…
Pour voir, juste pour voir !

Madame Mère questionne Gilles sur sa vie en ce moment et ses relations avec Manu et Fabrizzio.
Gilles ne s’étend pas sur le sujet.
Il dit que Manu restera toujours présent dans son cœur, dans sa tête et cela quoi qu’il se passe. Bien sur il tait la maladie de Manu.
Il ne veut pas que Mme Mère s’inquiète pour rien.
Quand à Fabrizzio il confit qu’il a un petit coup de cœur et espère que cela donnera quelque chose.
Il tait aussi les violentes colères qui animent parfois cet amant.
Il ne veut pas que Mme Mère se face du souci également pour ça.
Gilles n’a pas très faim ce soir.
Il stresse un peu pour ses résultats du lendemain et préfère ne penser à rien et se mettre devant un film pour laisser son cerveau prendre la route tout seul.

Lorsque l’heure du sommeil s’annonce il s’enferme dans la chambre et reste dans le noir en attendant que la fatigue l’assomme.
Il repense au garçon d’aujourd’hui qu’il à lâché dans la rue sans autres explications.
Il repense à Pierre et à l’excitation de la veille.
Il repense à David qui lui manque tellement.
Il repense à Manu qu’il aime toujours.
Il s’endort finalement sans songer au lendemain.

Dès 7 heures il se réveille brutalement. Il a un petit nœud à l’estomac mais va tout de même tout de suite sous la douche. Il n’a pas le goût d’avaler quoique ce soit et il sort de chez lui avant que ses parents ne se réveillent. Il se dirige vers son lycée.
Il entre dans une cabine pour appeler Nathalie :

« Allo Nath ?
- J’étais sur que c’était toi !!
- Ben oui, tu m’étonnes ! C’est trop le stress !! Tu viens voir les résultats ce matin ?
- Oui, je suis presque prête ! Tu m’attends au café avant d’y aller ? Je veux pas y aller toute seule !
- Ok, mais grouille-toi alors hein ? J’ai trop envie de savoir.
- Ok, je me dépêche ! Je suis au bar dans 15 minutes.
- Ok je t’attends là-bas. A toutes ! »


Gilles continue sa progression et arrive au bar à côté du lycée cinq minutes plus tard.
Un petit bar de quartier ou les lycéens se retrouvent régulièrement pour boire un café pendant l’inter cours ou à la fin de la journée.
Renée, la patronne, est très gentille et toujours d’humeur égale.
Elle sourit à Gilles en arrivant et lui fait son café sans qu’il l’ait demandé.
Elle à l’habitude Renée.
Tenancière de bar depuis toute une vie certainement, elle devine par avance les choses, et connaît par cœur ses clients de chaque jour.
Elle à dans le gris de ses cheveux toutes les années vécues à l’ombre des clients de passage ou de ceux plus fidèles qui, quoiqu’il en soit, un jour ou l’autre partent tout de même pour souvent ne jamais revenir.
Ils n’ont pas conscience, ces clients, que Renée, le plus souvent, s’attachait à eux mais bien-sûr ne le leur disait pas.
Et pendant toutes ces années, Renée s’est fabriqué des amis à sens unique qui n’avaient pas idée, en quittant le quartier, qu’ils allaient manquer à quelqu’un.
Alors Renée, toujours se reconstruisait d’autres relations, et dans la valse des saisons et des années passant, elles se souvenait parfois d’un tel, disparu du jour au lendemain, ou d’un autre venu lui faire une simple bise pour lui dire qu’il partait ailleurs, sans s’imaginer que la tenancière aux bras diaphanes, retenait son chagrin un peu plus à chaque fois.
C’est sans doute ces petits chagrins de vie qui ont colorés de gris cette chevelure, jadis, de geai.

Nathalie débarque pendant que Gilles est perdu dans ses pensées.
Elle semble toute excitée et commande un café également.
Le café était déjà prêt mais Nathalie ne remarque pas ce détail et Gilles, dans un sourire, remercie en silence Renée une nouvelle fois.

« Bon ! On y va ? Demande Nathalie ?
- Ok c’est parti… On s’en va Renée, on te doit combien ?
- 4 francs les jeunes !
- Ok. Souhaites-nous bonne chance Renée, si on est admis aujourd’hui, l’année prochaine on passe au niveau supérieur !
- Et je m’en doute bien !! Alors bonne chance et si l’année prochaine vous avez un peu de temps, repassez me voir de temps en temps, ça me fera plaisir…
- Promis ! Et bonnes vacances et reposes-toi bien pour reprendre en pleine forme en septembre !
- Vous aussi les jeunes, amusez-vous bien. L’année prochaine c’est encore plus sérieux !!
- Bye Bye Renée ! »


Gilles se demande en repartant vers le Lycée si un cheveu blanc de plus va apparaître dans le miroir de Renée. Il est un peu triste à la pensée de ne plus la revoir.
Mais il le sait très bien. Même s’il à le temps, l’année prochaine, il ne reviendra pas voir Renée.
Car les jours qui avancent, les grandes vacances et le premier mois de rentrée auront raison des petits souvenirs du quotidien d’avant. C’est toujours comme ça que ça se passe non ? Gilles commence à s’en persuader.

Arrivé à quelques mètres du lycée, une foule compacte se presse devant un grand tableau.
Les noms des lauréats sont affichés.
Gilles à le cœur qui bat !
Il aperçoit Laurent, un ami de sa classe qui vient vers lui le sourire aux lèvres.

« Salut Gilles !! Et voilà, c’est fait !! Ouf !! Bac du premier coup !
- Félicitations !!
- Ben félicitations aussi !!
- Quoi ?
- J’ai vu ton nom mon gars !!
- Waoow !! »


Gilles part en courant suivit de Nathalie.
Il voit son nom ! C’est bon !!!
Nath saute aussi de son côté !! Elle à réussi également.
Les deux lycéens se sautent dans les bras !!
Ils rient et tournent sur le trottoir.
Ils sont heureux.

Car avec ce résultat c’est un peu la fin d’une époque et le début d’une autre.
C’est l’adolescence qui tire sa révérence.
C’est une autre vie qui commence…


A suivre

28 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarante neuvième)

A l’issue du repas et après avoir vidé convenablement les 2 bouteilles de champagne et les 2 bouteilles de vin, Sylvie décide d’aller se coucher car outre la fatigue, l’alcool la fait sombrer davantage dans la direction des bras de Morphée.
Manu est un peu ivre aussi et se montre particulièrement tendre avec Gilles. Néanmoins ce dernier lui précise qu’il doit partir avant que son dernier bus soit passé. Il ne souhaite pas rentrer à pieds comme la veille.
Manu le fixe et comprends très bien qu’il suffirait d’un geste pour que Gilles reste et se laisse aller contre lui. Mais Manu ne fera pas ce geste. Il a trop d’estime pour Gilles et ne veut pas jouer au « yo-yo » avec lui.
Aujourd’hui, leur relation se doit de rester platonique, sinon rien ne se règlera correctement et tout risque de se compliquer entre eux le cas échéant.
Manu se dirige donc vers lui pour l’embrasser et l’accompagner à la porte.

« Merci d’avoir été là ce soir, ça m’a fait du bien !
- A moi aussi. Je n’aurai pas aimé être seul ce soir après ce départ, réponds Gilles.
- Exactement tout comme moi. Donc tu vois ? Ca fonctionne comme ça entre nous. On s’aide à ne pas tomber. On s’aide à retrouver le sourire… C’est quelque chose de fort et que j’ai envie de faire perdurer.
- T’inquiètes pas, j’ai la même envie… Alors… On s’appelle très vite ?
- Ben évidemment, de toute façon j’appelle vendredi midi pour savoir les résultats de ton bac mon poulet !
- T’as plutôt intérêt darling ! »


Gilles sort dans un sourire et descend les marches à toute vitesse pour ne pas rater le bus. D’ailleurs celui-ci arrive au loin et Gilles court pour arriver à l’arrêt à temps. Il réalise qu’il n’a plus d’argent sur lui et décide de rester en fraude.
Il est tard et il y’a peu de chance qu’il y ai des contrôles à cette heure-ci.

Un homme d’une trentaine d’année le regarde bizarrement et Gilles n’y prête pas attention immédiatement. Cependant, au fil des minutes, le regard se fait plus insistant. Voir carrément « rentre-dedans »
De fait, Gilles commence à soutenir le regard de l’autre.
Plutôt bel homme, les cheveux courts bruns et des yeux perçants.
L’homme lui sourit maintenant.
Et Gilles se rend compte que pour la première fois de sa vie, il se fait draguer dans un lieu public.
L’excitation de cette perspective le met dans tous ses états.
Comment doit-il réagir ? Que doit-il faire ?
Répondre au sourire ? Et si c’était un piège et que le mec l’agresse ?
Et sil il descend avant son arrêt, doit-il le suivre ?
Oui si au contraire c’est lui qui le suit, comment va-t-il faire ?
L’homme aperçoit sans doute le trouble de Gilles et lui fait un clin d’œil.
Cela semble plus clair pour Gilles, il est certainement homo !
D’ailleurs il se lève et demande le prochain arrêt.
Gilles s’aperçoit que le sien est juste le suivant, donc au pire, s’il descend pour rien, il en aura pour 5 ou 6 minutes à pieds !
Alors Gilles prend son courage à deux mains et se lève également.
Il se dirige vers l’inconnu.

Le bus est presque vide à cette heure, seulement 3 autres personnes sont à bord.
L’homme ne cesse de fixer Gilles en descendant, comme un appel qu’il ne doit pas manquer.
Alors Gilles descend à son tour et commence à suivre l’homme dans les rues.
Quelques secondes plus tard, l’inconnu s’arrête au pied d’un immeuble et sort un trousseau de clés.
Il ouvre la porte de l’allée sans allumer, et laisse la porte ouverte.
Il attend dans l’ombre.
Gilles à son cœur qui bat à tout rompre. Partagé entre peur et désir, il avance dans l’allée.
Toujours aucun mot ne s’échange entre les deux noctambules.
Juste la porte de l’ascenseur qui s’ouvre laissant une faible clarté percer l’obscurité.
Gilles emboîte le pas de l’homme et entre dans le petit habitacle de métal rouge.
La porte se referme et l’homme appui sur le bouton du cinquième étage. Tandis que l’ascenseur commence sa course, l’homme fait glisser sa main sur le tissu tendu de l’entre-jambe de Gilles, puis il prend la main de ce dernier pour la faire glisser également entre ses propres jambes.
Les deux excitations sont au maximum lorsque le cinquième étage est enfin atteint.
Gilles à les jambes tremblantes, mais l’excitation de l’instant et la perspective d’une relation purement sexuelle le font s’avancer davantage dans la prise de risques.
Il rentre dans l’appartement de l’inconnu.
Ce dernier, toujours sans un mot se dirige dans la salle de bains, et commence à remplir sa baignoire.
Gilles pénètre la petite pièce et reste debout à l’observer.
L’homme se déshabille entièrement et pénètre dans l’eau chaude du bain.
Il est en érection et commence à se masturber lentement.
D’un geste, il invite Gilles à le rejoindre.
Gilles est nu devant l’inconnu et entre dans l’eau avec lui.
Ils font l’amour d’une façon lente et sensuelle. Le contact de l’eau chaude semble décupler les sens de Gilles qui reçoit chaque caresse comme une décharge électrique.
Lorsque les orgasmes surviennent, à peine vingt minutes ont dues s’écouler.
L’excitation était trop forte et les circonstances trop particulières pour que cet échange dure longtemps.
D’un côté comme de l’autre l’orgasme à été violent.
L’homme commence à vider la baignoire et commence à doucher Gilles avec une eau moins chaude. Il le savonne partout ou une main peu s’immiscer. Il se savonne aussi en même temps puis rince d’abord Gilles avant de terminer par lui.
Il sort une grande serviette puis la tend à Gilles. Les deux garçons s’essuient mutuellement.
Enfin, Gilles remet ses vêtements et se dirige vers la sortie.
L’homme le raccompagne.
Avant d’ouvrir la porte, l’homme dépose un baiser sur les lèvres de Gilles puis lui dit simplement :

« Mon prénom est Pierre, et si le cœur t’en dit, reviens quand tu as envie… Bonne nuit ! »

Gilles ne répond pas et la porte se referme déjà. Il redescend donc pour reprendre le chemin afin de rentrer chez lui.
Sur la route, il repense à son attitude liée à cette rencontre et il se dit que la peur, lorsqu’elle est présente, augmente considérablement le désir.
Il se rend compte que les deux peuvent être intimement liés pour que le degré d’excitation soit à son niveau maximum.
C’est assez terrible comme conclusion, mais Gilles sait déjà que ce genre d’expérience va immanquablement se reproduire.
Cette petite sensation de danger, d’inconnu… Se laisser véritablement aller sans savoir ou la quête du plaisir peut vous mener.
Ne pas savoir ce qui se passe derrière un regard silencieux.
Bref, Gilles vient de trouver une zone d’exploration nouvelle.

Arrivé chez lui, il se couche immédiatement et se laisse aller dans sa rêverie nocturne qui se soir sera teinté d’érotisme à n’en pas douter.

Le lendemain matin il fait surface peu avant 10 heures.
Le soleil brille de tous ses feux lorsqu’il ouvre les volets.
Il se laisse bercer par le souffle du vent léger.
Plus que 24 heures avant les résultats du bac.
Gilles se sent en confiance.

Deux heures plus tard il est au milieu de la ville.
Il a envie de réitérer l’expérience de la veille.
Gilles observe les hommes.
Gilles fixe les yeux.
Gilles se lance dans une nouvelle quête.
Une quête sans lendemain.
Un seul objectif : retrouver la sensation d’hier, retrouver les battements de cœur.
Retrouver l’emprise du danger…

Gilles entre pour la première fois dans sa part d’ombre.
Gilles ne sait pas qu’il ne retrouvera pas la sortie avant longtemps…


A suivre...

27 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarante huitième)

Gilles raccompagne donc Manu jusque chez lui.
Il monte avec lui pour se désaltérer.
Finalement il a chaud et la marche pour revenir de la gare lui à donné soif.
Manu finit de ranger la vaisselle de la veille.
Gilles met de la musique et l’aide à terminer.
Tout cela se fait dans un silence religieux qui n’a rien de tendu au contraire, c’est plutôt un calme nécessaire, un besoin de non-paroles. L’absence est lourde à porter et est lourde à verbaliser.
Alors les deux garçons enchaînent les gestes mécaniques d’ouverture de placards, d’empilement d’assiettes, et d’essuyage de verres.
Une fois la corvée terminée, Manu semble un peu fatigué.

« Tu n’as pas l’air bien… dit Gilles.
- Non ça va, un petit coup de fatigue… Je vais aller m’allonger un peu.
- Tu veux que je te laisse ?
- Non. J’aimerai que tu restes ici si ça te dérange pas. Je me sens mieux si je te sais là et j’ai pas trop envie de rester seul. On s’allonge simplement… Tu veux bien ?
- Evidemment, aucun problème. Je resterai autant que tu voudras. Allez vas-y, je te rejoints. »


Manu disparaît dans la chambre et Gilles allume une cigarette.
Non ! Ne pas replonger avec Manu.
Faire attention. Garder ses distances. Mettre des barrières.
Son cœur s’accélère tellement à chaque fois que Manu est à côté qu’il à peur de se laisser emporter de nouveau. Il sait cependant que Manu le remettra dans le droit chemin si toutefois cela risquait de se produire.
Il lui à dit lui-même. Il veut qu’il soit son ami, son confident, son garde-fou.
Ainsi Manu ne laissera pas les choses basculer.
Gilles écrase son mégot et va dans la chambre.
Manu est allongé. Il a juste enlevé ses chaussures.
Gilles se met à côté de lui et fait de même. Il écoute le souffle de Manu qui semble régulier et laisse à croire que déjà, il s’est laissé glisser dans le sommeil.
Il murmure un léger « Tu dors ? » suivit d’un silence.
Ainsi s’est-il endormi.

Gilles l’observe et sent que son corps est fatigué. En frôlant légèrement son front, il constate qu’il est chaud. La chaleur ambiante n’est certainement pas étrangère à cela, mais Gilles devine autre chose.
Cette saloperie de microbe en forme de hérisson qui investit jour après jour les défenses immunitaires de Manu et cela n’augure rien de bon.
Ces phases de montée de température reflètent des infections normalement bénignes chez la plupart des gens mais il en est tout autre chose pour les personnes séropositives.
Gilles sent un nœud se former au creux de son estomac.
Il essaye de se calmer et passe un bras autour de Manu puis ferme les yeux.
Il ne parvient pas à s’endormir mais reste là, simplement immobile, à écouter dormir celui qu’il aime toujours.
Et qu’il aimera toujours à n’en pas douter.

Quelques minutes plus tard, un bruit dans la serrure annonce le retour de Sylvie. Cela fait quelques jours qu’elle n’est pas rentrée du fait de sa liaison avec Rachel.
Gilles se lève et va à sa rencontre.

« Hé ! Coucou ! Comment vas-tu ? lui demande-t-elle.
- Et bien assez bien… Enfin ça pourrait être mieux, mais je ne me plains pas !
- Y’a un souci ?
- Pas particulièrement… David est parti aujourd’hui, et ça m’a plus touché que ce à quoi je pensais. Manu aussi d’ailleurs. Là il dort à côté, j’ai l’impression qu’il à un peu de fièvre.
- Ah… Effectivement, je comprends mieux ! Mais David ne devait pas repartir plus tard ?
- Si, mais visiblement sa mère est malade donc il a préféré rentrer. Puis c’est mieux ainsi, c’était tellement dur déjà, que je n’imagine pas ce que cela aurait pu être dans quelques jours. Ce type m’a vraiment marqué au cœur, et pourtant, tu imagines bien l’apriori négatif que j’avais le premier jour ou je l’ai vu ici !!
- Oui, c’est sur ! Je regrette de ne pas l’avoir connu davantage que lors de la soirée de samedi dernier, il m’a paru très gentil en tous cas.
- Oui, vraiment un garçon très bien… A tous points de vue !
- Mmmmmouais !! J’imagine bien à quoi tu te réfères !! plaisante un peu Sylvie.
- Oui !! Mais pas que !! Je t’assure !!
- Je te crois et je n’en doute pas une seule seconde… Tu restes avec nous ce soir ? Moi je dors ici car Rachel est en déplacement et ça me fera pas de mal de retrouver un peu mon petit lit douillet !
- Oui, je pense rester. Manu me l’a demandé, puis de toute façon je n’ai rien de prévu et ça m’aidera à faire passer le temps en attendant les résultats du bac après-demain.
- Ah oui c’est vrai… T’inquiètes, tu verras, c’est dans la poche !
- J’aimerais avoir ta foi.
- Tu verras, je suis persuadé que tu t’en es bien sorti.
- On verra… Sinon, ça se passe bien avec Rachel ?
- Ouiiiiiiiiii, le pied complet. On est sur la même longueur d’ondes à tous points de vue, c’est hallucinant. J’essaye de tempérer, mais je vais pas tarder à me laisser aller complètement je crois… Ca faisait longtemps !!
- T’as raison, profites de l’instant présent et vas-y à fond. Après on regrette toujours de n’avoir pas fait ce qu’il fallait au moment donné. Puis c’est trop tard…
- Oh… Allez, on va parler d’autres choses ! Ce soir c’est petite soirée sympa, rien que nous trois… Comme avant !
- Ok cocotte !!! »


Une voix venu de l’autre côté du mur lance un « C’est pas bientôt fini cette conversation de mongoliennes ?
- Oh oh !! Il est réveillé le bougre et il semble aller un peu mieux on dirait ! dit Sylvie.
- Oui, cela semble être le cas… Tu sais ce qu’elles te disent les mongoliennes ? »


Gilles se précipite dans la chambre et attrape un gros oreiller au passage et le jette sur la tête de Manu, lequel se redresse d’un coup et entame avec Gilles une tendre bataille bientôt rejoints par Sylvie qui, telle la lesbienne type, se rue complètement sur les garçons pour leur tordre le cou !!
Après quelques minutes, les trois énergumènes essoufflés se calment enfin en se souriant mutuellement.
C’est étrange les sentiments.
Comment en une fraction de minute, on peut passer de la nostalgie à la franche rigolade. C’est certainement dû au fait de n’être pas seul dans ces moments là. Et le fait qu’ils se retrouvent tous les trois ce soir, même si c’est le fruit du hasard, est vraiment bénéfique pour chacun.

Bientôt 18 heures. Manu se lève et se déshabille complètement devant Gilles et Sylvie puis se jette sous la douche. Sylvie joue la fille choquée, Gilles se dit que décidément, il a un beau cul ! Il combat l’envie de le suivre et trouve l’idée d’aller faire des courses pour diner ce soir.

« Qu’est-ce que vous voulez manger ce soir ? Je vais aller faire des courses.
- Trouve-moi des pièces de bœuf que tu fais hacher par le boucher. Je nous ferai des bons steaks tartares ! lance Manu.
- Très bonne idée !! confirme Sylvie
- Ok, et je vais prendre du vin, je crois qu’on à tout liquidé hier soir !
- Oui, je le confirme ! continue Manu. Prends de l’argent dans mon jean et achètes du champagne. J’ai envie de bubulles ce soir !!
- Oui, moi aussi ! Rajoute Sylvie. Tiens, je t’en donne aussi, comme ça tu en prends deux ! Au diable l’avarice et vive les bulles d’air ! »


Gilles se met à rire, récupère les oboles et se met à descendre les escaliers dans un état de semi-légèreté qu’il n’aurait pas soupçonné avoir deux heures auparavant.

Dans la rue les gens sourient en croisant Gilles. Il se dit qu’il doit avoir sur le visage un air joyeux qui leur donne envie de sourire.
Il se dit que c’est très bien.
Il se dit qu’il faut en profiter.
Il sait bien que cela ne durera pas…


A suivre...

26 juin 2007

Coup de coeur (9)

Ca fait du bien d'entendre chanter et de voir s'ébaucher une belle histoire d'amour.
D'assister aux prémices, d'attendre la chute et de s'éprendre des acteurs qui s'envolent au rythme des musiques et des paroles.

Puis faire la découverte d'un jeune acteur renversant, ça fait du bien encore et toujours.
J'ai nommé Grégoire Leprince Ringuet.
Remarquable en tous points.

Alors pour mettre un visage sur ce nom, je vous invite à découvrir au plus vite le sublime film Les Chansons d'Amour by Christophe Honoré.

En sortant, vous aurez la tête au dessus des nuages.
Profitez-en et prenez un bol d'air.

Sur le Trajet (chapître quarante septième)

Gilles, en arrivant chez lui est saisi par le silence ambiant.
Ses parents sont couchés et aucun bruit ne filtre de l’extérieur.
Il est rentré à pieds pour se remettre les idées en place et profiter de la fraicheur de la nuit.
L’orage à rafraichit l’atmosphère.
Après les journées de fournaise cela lui fait le plus grand bien.
Il se couche immédiatement.
Il n’a même pas le temps de laisser son esprit vagabonder.
Tant mieux car les pensées n’auraient pas été des plus gaies.
Le départ de David le touche beaucoup plus qu’il ne l’aurait imaginé.
Il se revoit encore 4 jours plus tôt lorsque ce dernier lui ouvrait la porte et qu’il se demandait qui il était et ce qu’il faisait là.
Il était tellement heureux de revoir Manu qu’il avait mal jugé cet « intrus ». Mais finalement sa candeur, sa gentillesse ont fait qu’il à vu en ce garçon un peu de lui, un peu de Manu. Un tout qui à fait qu’ils sont devenus très proche très rapidement.
Ca lui arrive rarement à Gilles de s’attacher si vite.
Mais là, c’était quelque chose d’évident, d’inévitable.

Gilles s’endort.
Le sommeil est lourd.
La tristesse intime rend toujours le sommeil très profond.
Et c’est très bien, cela permet de s’évader, de se ressourcer véritablement.

Vers midi il se réveille. La clarté de l’extérieur est faible, ce qui laisse présager un temps couvert.
Au moins cela va permettre de ne pas suer sang et eau toute la journée et de pouvoir respirer un peu avant le retour de la chaleur et des nuits étouffantes.
Il se dirige vers la cuisine.
Ses parents sont déjà partis. En courses certainement ou pour déjeuner à l’extérieur. Il n’en sait rien mais finalement il est plutôt content d’être seul ce matin. Il n’a pas envie de parler, de raconter sa soirée, de parler de ce départ qui le mine, de ce garçon qu’il ne reverra plus et qui reste gravé en lui.
Ses cheveux noirs, ses yeux noirs, sa jeunesse déjà tant marquée.
La douceur de sa peau, de ses gestes, de ses lèvres.
Et cette vie qui sera immanquablement trop courte.

Gilles se reprend, il ingurgite un grand verre de jus de fruit et se jette sous une douche des plus bienfaisantes. Puis il se fait un petit déjeuner consistant car l’heure est bien avancée et qu’il a envie d’aller prendre l’air rapidement.
Dans deux jours les résultats du bac seront connus. Il a confiance en lui et espère ne pas se tromper.
Si les résultats sont ceux qu’il espère il se dit qu’il aimerait bien partir se mettre un peu « au vert » comme on dit et retrouver son cousin dans l’Ardèche.
Ce havre de paix qu’il connaît depuis sa plus petite enfance. Cette grande maison dans un petit village isolé de tout.
Ses amis qui vivent là-bas et qu’il voit régulièrement.
Stéphane, un jeune lyonnais qui est parti vivre à la campagne. Loin de tout. Fidèle à ses idées un peu « bab », les cheveux longs, son potager, ses barrettes de « chit » et ses joints multiples.
Frank, Claudie et Mark. Trois hollandais installés là-bas également avec qui il partage régulièrement des journées de baignade et des folles soirées dans leur grande demeure qui surplombe une grande vallée au sommet du Col de La Fayolle.
Puis Coco, une marseillaise qui passe ses vacances régulièrement avec eux aussi. Une grande chevelure brune et frisée. Le sourire aux lèvres sans cesse.

C’est un endroit magique ce petit village. Magique car perdu dans la montagne.
La maison est grande et elle sent la campagne dans ce qu’il y’a de meilleur.
L’odeur des châtaigniers en fleurs, des genêts d’un jaune éclatant et du vent des collines.
Il y’a les chats de la maisonnée qui lézardent au soleil sur le petit mur de pierre juste devant l’entrée.
Les habitants du village, pour la plupart âgés qui ont dans leur attitude toute la fatigue d’une vie paysanne et toute la sagesse d’une vieillesse oubliée de tous.
A cette époque de juillet, le village reprend une petite vie estivale dans la mesure ou une grande colonie de vacances prend place dans les grands bâtiments, prévus à cet effet, à l’orée du bois de la plaine. Un bois qu’il faut traverser pour se retrouver au sommet d’une petite colline sur laquelle une grande plaine d’herbe sauvage domine le panorama des vallées environnantes.
C’est un peu comme le toit d’un petit monde que Gilles aime à retrouver à chaque fois.
Souvent il retrouve ses amis là-haut autour d’un feu de camps, sous les étoiles.
Il y’a dans l’ombre, le chant des grillons qui accompagne les notes de guitare que Stéphane ne manque jamais de jouer.

Oui, Gilles se dit qu’il a véritablement envie d’aller là-bas se ressourcer cette fin de semaine.
Et plus il y pense, et plus cela devient vital.
S’il à le bonheur d’avoir réussi du premier coup son diplôme sans avoir à aller au rattrapage, c’est ce qu’il fera.
Pour le moment, il décide de s’habiller et part marcher dans la ville au hasard des rues.
Il repense à Fabrizzio qu’il à laissé la veille dans l'après-midi et se demande ce qu’il peut bien faire. Si son mec est encore là.
Il a bien envie de le revoir.
Cela l’aidera à laisser aussi ses pensées nostalgiques de côté.
Il entre dans une cabine et compose le numéro de téléphone :

« Allô ?
- Fab ?
- Oui !! C’est toi bébé ?
- Ben oui !! Tu peux parler ?
- Oui, François est descendu faire des courses, ça tombe à pic !
- Il n’a rien dit hier quand j’ai sonné à l’interphone ?
- Non, il à gobé ma version. D’ailleurs bravo, tu as compris tout de suite ce qui se passait ?
- Ben oui, j’ai eu un flash juste avant d’appuyer une seconde fois sur la sonnette. Heureusement !
- C’est sur ! Mais je suis comme un fou qu’il soit rentré à l’improviste. J’ai trop envie de te voir, tu me manques et j’ai pas arrêté de penser à toi.
- J’ai envie de te voir aussi. Il repart quand ?
- Normalement après-demain, vendredi.
- Ben c’est le jour de mes résultats du bac !! Ce serait bien !!
- Ah oui !! Si tu es admis, je t’invite au resto vendredi soir. Si François s’est barré bien entendu !
- Cela va de soi ! Et bien j’accepte ton invitation mais j’apporte le champagne chez toi avant pour fêter ça !
- Ca marche bébé. Je vais faire le maximum pour qu’il soit parti ! Ca fait long encore deux jours, mais après on aura tout le temps pour nous.
- Euh… Normalement je dois partir dans ma famille en Ardèche si j’ai le bac !
- Longtemps ?
- Ben une ou deux semaines, mais je peux partir que lundi, comme ça on passe le week-end ensemble !
- Tu préfères pas passer la semaine complète avec moi plutôt ? demande Fabrizzio.
- Tu sais, j’ai vraiment envie de me reposer et prendre l’air. Là-bas c’est un peu vital pour moi…
- Ok, bon on en discute vendredi soir. Je t’appelle vendredi midi pour te dire. Tu auras déjà tes résultats ?
- Oui, j’y vais dès le matin.
- A vendredi alors mon bébé !!
- Ok, bisous. »


Gilles est content de cette expectative de week-end mais il ne reviendra pas sur sa décision de partir en Ardèche, il en a trop besoin.
Que cela plaise à Fabrizzio ou non !

Il continue ses déambulations dans les rues.
Au loin carillonne une horloge.
Il est 15h00.
Dans une demi-heure David montera dans son train.
Il partira pour toujours.
C’est trop con décidément !!
Gilles analyse la situation. Il peut être à la gare dans moins d’un quart d’heure.
Il prend un coup de sang.
Il saute dans le premier bus qui se dirige vers la Part-Dieu.
Il a envie de le revoir encore une dernière fois.
C’est bien ? Pas bien ? Il s’en fout.
Le bus avance sans encombre, il saute du bus et court vers les quais.
Nantes. Départ 15h27. Quai C.
Gilles monte l’escalator quatre à quatre.
Il arrive essoufflé en haut des marches.
Il regarde à droite, à gauche. Sautille un peu pour apercevoir David parmi la foule qui, heureusement, n’est pas trop compacte en ce mercredi.
15h18.
Il arpente le quai dans tous les sens sous les regards un peu médusés des voyageurs en transit.
Il a peur de le rater.
Il s’agite dans tous les sens.
15h22.
Putain, plus que cinq minutes !!

« Gilles ? »

Il se retourne au son de la voix !
David est là !

« Qu’est-ce que tu fais là ?
- Excuse-moi David… Je ne sais pas, j’ai eu le besoin de te revoir encore une fois ! »


David à les larmes aux yeux.
Ils tombent une nouvelle fois dans les bras l’un de l’autre.
Les gens s’écartent au passage, sans doute gênés par cette effusion de sentiments entre deux garçons.
Mais Gilles et David s’en foutent.
Ils se serrent l’un contre l’autre comme pour se s’interdire de partir.

Un coup de sifflet retentit sur le quai…
Le train va partir…
David, dans un geste soudain s’écarte de Gilles en lui murmurant un « Merci d’être là » qui se perd dans le bruit des machines
Il monte dans le train secoué de sanglots.
Gilles le voit disparaître dans le wagon.
Lorsque les portes se referment, c’est comme une masse qui lui tombe sur la poitrine, une envie de crier qu’il retient en lui.
Il lève la main, ne sachant pas si David le voit à ce moment là.

« Adieu joli David… Reste tel que tu es.
Ne change rien.
On se retrouvera bien quelque part un jour…
Entre Dieu et Diable... »


15h32.
Gilles regarde le train disparaître au loin, il marche hagard le long du quai.
Il descend les marches de l’escalier qui le ramène dans la salle des pas perdus.
L’agitation alentour l’aide à se fondre dans la multitude.
Il ne remarque pas que Manu l’observe derrière un pilier.
Il a les larmes aux yeux aussi Manu.
Il est venu aussi dire adieu à David, Manu.
Mais à sa manière… A distance… Sans effusion, sans mouchoirs.
Il est comme ça Manu.
Il se dirige vers Gilles et marche à ses côtés.
Gilles tourne la tête et le regarde.
Il comprend qu’il était là et qu’il à tout vu.
Dans un silence ils se sourient tendrement.

Ils avancent ensemble.
Les nuages se dispersent et un rayon de soleil illumine la place de la gare.
Ils avancent ensemble.
Gilles est dorénavant l’ami intime de Manu.
Ils avancent ensemble.
Gilles décide d’avancer avec lui.
Jusqu’au bout il le suivra.
Le temps joue contre eux car la maladie avance aussi.
Manu sait qu’il peut compter sur Gilles jusqu’au bout.
Car Gilles ne laissera jamais tomber Manu.
Ils avancent ensemble.
Sur la place, une jeune fille joue du violon, un chapeau retourné est posé à ses pieds dans lequel les passants jettent quelques pièces.
Ils avancent ensemble et se mettent à chantonner légèrement.
Ils ont le sourire au coin des lèvres.
Ils se prennent la main.

Il y'a une bulle d'oxygène qui éclatent en eux...
Ils comprennent, ils respirent...
Ils feront face ensemble...
Longtemps...
Toujours...


A suivre...

25 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarante sixième)

La soirée se poursuit à la flamme des bougies. L’orage à fait sauter les plombs et les trois garçons boivent et mangent dans une pénombre des plus chaleureuse. Tout le quartier est plongé dans le noir et le silence et l’obscurité environnante donne un petit côté fantastique à ce repas imprévu.
Les verres de vins s’enchainent au même titre qu’ils se resservent à manger et lorsque le dessert arrive, ils se rendent compte qu’il est déjà plus de minuit.
Leurs conversations, leurs mutuelles connivences ont fait que personne n’a vu le temps passé. Les aiguilles de l’horloge ont tournées à la vitesse de la vie qui file trop vite et ne laisse pas assez de temps aux instants précieux, aux moments rares ou autour d’un repas, les confidences se font naturellement et ou chacun à l’impression, à sa manière, de refaire le monde.
Alors ils se regardent chacun à leur tour.
A la lueur des flammes, les yeux semblent briller davantage.

Manu sort une bouteille de vodka du congel et les trois garçons trinquent à eux.
Ils savent bien que rien ne sera plus comme avant.
Gilles sait qu’il ne reverra pas David. Il ne sait pas comment il peut l’affirmer, il le sent, tout simplement.
Il voit aussi dans le regard de Manu une légère tristesse à l’expectative du départ de David, mais Manu ne le retiendra pas.
Manu ne retient jamais personne. Il préfère laisser le libre choix à celui qui décide de partir.
Et David aimerait sans doute rester, mais n’est pas sur que la réciproque soit vrai, alors il part. De toute façon sa mère est malade, mais il aurait très bien pu rester si quelqu’un lui avait demandé.
Gilles se rend compte que le manque de communication peut parfois amener les choix à se faire malgré eux et que tout ceci est simplement lié à la peur.
Ne pas oser dire à l’autre de rester de peur qu’il refuse.
Ne pas oser demander à rester de peur de s’entendre répondre par la négative.
Alors les peurs musellent les envies, annihilent les besoins, entravent les désirs de chacun.

Aux alentours des deux heures du matin, les regards deviennent plus las, la fatigue commençant à prendre place au milieu des iris.
Gilles ne souhaite pas dormir ici. Il sait qu’il va se laisser encore tenter par le corps de Manu et David et que ce sera encore plus dur le lendemain matin s’il se laisse aller.
Alors il se lève en disant qu’il va rentrer car il est fatigué.
David réagit instantanément :

« Tu dors pas ici avec nous ?
- Non je ne préfère pas. Je n’aime pas les adieux aux petits matins blêmes !
- T’es sur ? renchérit Manu.
- Oui, c’est mieux comme ça. Puis c’est votre dernière nuit à vous. Faut pas gâcher ça et moi demain je ne suis pas sur d’être assez fort pour te dire adieu David. Car je ne sais pas pourquoi, je ne pense pas que l’on va se revoir.
- Pourquoi dis-tu ça ? demande David.
- Je ne sais pas, une impression, une intuition… J’espère me tromper bien sur ! Car tu vas bien me manquer, même si je ne te connais que depuis à peine une semaine.
- Oui, c’est pareil pour moi. C’est assez rare que j’éprouve un tel attachement en si peu de temps. En même temps, après ce que m’avais dit Manu sur toi, j’aurais dû m’en douter. »


Gilles regarde Manu qui baisse le regard quand il croise le sien. Alors il se lève pour le prendre dans ses bras. Puis il fait signe à David de les rejoindre et tous les trois restent blottis ainsi plusieurs minutes.
Puis Gilles rompt le cercle et se dirige vers le salon pour reprendre son sac à dos.
Il l’enfile et retourne vers la cuisine.
Manu commence à débarrasser la table.
Gilles va vers lui et l’embrasse tendrement en lui promettant de le rappeler le lendemain soir pour voir comment il va.
Manu le remercie avec un petit sourire triste.
David attend Gilles devant la porte d’entrée. Il a voulu être seul avec lui pour faire son adieu.
Gilles entre dans le vestibule et se dirige vers David qui se tient debout, devant la porte.

« J’avais raison tout à l’heure non ? C’est la dernière fois qu’on se voit ? demande Gilles.
- Oui, je pense aussi que tu avais raison…
- Tu sais, je garderai toute ma vie en souvenir ces quelques jours avec toi et Manu. Je ne pourrais jamais oublier Manu et comme tu es lié intimement à cette histoire, tu resteras toi aussi pour toujours dans un coin de ma mémoire.
- C’est gentil de me dire ça. Au moins je resterai dans la mémoire de quelqu’un, c’est déjà ça !
- Tu resteras bien dans d’autres mémoires non ? demande Gilles doucement.
- Dans ta mémoire et celle de Manu, c’est le principal. Puis je te remercie de ton écoute et de ton attitude à mon égard. Je n’aurais jamais imaginé ça en venant à Lyon avec Manu. Vraiment je ne regrette pas d’avoir fait le voyage. Le seul problème étant que maintenant je doive continuer avec ce nouveau manque. Le manque de toi, le manque de lui.
- Tu sais que tu peux m’appeler quand tu veux David. Quoique je puisse faire je le ferai dans la mesure de mes moyens. Promets-moi de prendre soin de toi…
- Je ferai mon maximum… J’ai envie de t’embrasser une dernière fois avant que tu t’en ailles…
- Moi aussi ! réponds Gilles. Allez viens, approche-toi… »


Ainsi, David et Gilles échangent-ils un baiser à cet instant précis.
Il est long, profond, absolu.
Il n’a rien de sexuel.
C’est un baiser à la limite de l’amour qui ne peut pas commencer car il ne pourra pas durer.
C’est peut-être mieux comme ça, puisque l’on dit que les amours qui durent rendent les amants moins beaux.
Alors ce soir, ils se disent véritablement adieu.
Gilles sait que David ne l’appellera jamais.
David retient une crise de larme.
Il ne veut pas arrêter cet instant.
Il voudrait continuer comme ça tout le temps.
Car continuer d’embrasser cela voudrait dire continuer de vivre.
Continuer d’imaginer un lendemain à chaque soir venant.
Continuer de se dire que cet espoir de vie n’est pas vain.

Les langues se lâchent et les lèvres se décollent.
Les yeux se fixent une dernière fois.
Les mains se crispent, se décrochent.
La porte s’ouvre sur l’allée crépusculaire.
Gilles détourne les yeux de ceux de David et pénètre dans le noir.
La porte se referme sans un mot.

Gilles demeure un instant dans l’ombre pour que ses yeux s’habituent.
Avant de commencer à descendre, il entend David pleurer dans les bras de Manu de l’autre côté de la porte.
Gilles s’élance dans l’escalier.
Il ne cherche pas à retenir ses larmes.
Alors il reste dans l’allée, au rez-de-chaussée.
Il attend que ça passe.
Il sait faire ça Gilles.
Attendre que les larmes sèchent…

Puis repartir, encore,
Et garder toujours,
En lui,
Les êtres manquants.


A suivre...

22 juin 2007

Be Back Soon !

Désolé pour ce silence indépendant de ma volonté.
Quelques douleurs à faire passer.
Quelques décisions à prendre.
Quelques questions à me poser.
Quelques nuit à dormir. Vraiment dormir !

Loin des bruits, de l'alcool et du sexe.

Donc bientôt de retour...

Suite de l'histoire de "Sur le Trajet" dans 72 heures...

D'ici là, je suis sous les arbres au milieu d'une verdure bienfaisante.

Je reprends ma respiration.

08 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarante cinquième)

Gilles veut se changer les idées et essayer de ne pas trop penser à cette prise de risque involontaire qu’il vient de vivre.
Malgré tout il ne peut pas s’enlever le truc de la tête.
Il passe donc chez un ami médecin et lui explique ce qu’il en est.
Ce dernier, et au stade ou en sont les recherches en 1986, lui dit que le risque est très faible au niveau de la transmission par la fellation. Effectivement, il est préférable de ne pas avaler de sperme, mais néanmoins, la pratique reste peu risquée.
Gilles est un peu tranquillisé et pour se rassurer complètement, il va demander à Fabrizzio d’aller se faire dépister.
S’il souhaite continuer cette histoire, il devra en passer par là !

Sur cet entrefaite, Gilles se dirige dans une salle de cinéma pour voir la reprise d’un classique qu’il n’a jamais vu : « Gilda » de Charles Vidor avec la sublime Rita Hayworth.
Il ressort du film sur un nuage, car même si la diégèse n’est pas particulièrement novatrice pour l’époque, c’est avant tout la composition de l’actrice qui est absolument remarquable. Une femme fatale qui à marqué le cinéma, et à la vision du film on comprend pourquoi.
Le noir et blanc sublime complètement cette histoire d’amour sur fond de guerre et d’espionnage. Gilda incarne la féminité dans ce qu’elle à de plus sensuel, de plus ensorcelant.

L’air, au dehors, est particulièrement lourd et le ciel se couvre de noir. L’orage ne va pas tarder à éclater sur la ville. Cela redonnera un peu de fraicheur, tout du moins l’espère t’il en reprenant la route pour rentrer chez lui. Il ne sait pas encore s’il à envie de retourner chez Fabrizzio ce soir.
Au fond de lui il sait qu’il en a envie. Une envie purement sexuelle.
Plus il y pense, plus il se dit que c’est plus fort que lui.
Le gout de la peau, la douceur des courbes de son corps.
Gilles comprend qu’il est en train de devenir accro non pas à Fabrizzio, mais à son corps et à sa façon de s’abandonner pendant l’amour.
Peut-on construire quelque chose si l’on fait une séparation entre le corps et l’esprit ?
A bien y réfléchir, Gilles ne se sent pas excessivement proche intellectuellement de Fabrizzio, néanmoins par un simple regard l’excitation le gagne immédiatement.
C’est violent et sans concession.

Du coup Gilles fait machine arrière et revient sur ses pas.
Il retourne voir l’objet de son désir.
Sur la route il s’arrête dans une cabine téléphonique pour appeler Mme Mère et lui dire qu’il ne rentre pas ce soir.
Cette dernière comprend bien ou il va dormir et lui dit de prendre soin de lui.
Gilles la rassure et reprend sa route.
Plus il s’approche de l’entrée de l’immeuble, plus son rythme cardiaque s’accélère et plus l’excitation sexuelle le gagne.
Arrivé au bas de l’immeuble il sonne à l’interphone.

« Oui ?
- Fabrizzio c’est moi !
- Comment ?... Ah non, il n’y a pas de Michel ici !
- Quoi ???
- Oui, c’est ça c’est une erreur !! »


Le clic retentit.
Gilles avance sa main pour sonner de nouveau mais s’interrompt à temps.
C’était bien la voix de Fabrizzio, mais elle semblait tendue. Certainement que François est rentré à l’improviste.
Oui, c’est certainement ça !!
Gilles traverse la rue et se met sur le trottoir en face de l’immeuble. Il aperçoit ainsi Fabrizzio qui est devant la fenêtre. Il lui fait signe, et comme il s’y attendait, il lui confirme que son mec est rentré.
Gilles va donc finalement rentré chez lui ce soir.
Il reprend donc une nouvelle fois son trajet en sens inverse et rappelle chez lui pour dire qu’il rentre diner.
Mme Mère lui dit que Manu à cherché à le joindre.
Gilles précise alors qu’ils ne l’attendent pas pour diner.
Du coup, il va passer voir Manu et rentrera dormir plus tard. Avec un peu de chance il mangera avec lui et David.

Quelques instants plus tard, Gilles rentre dans la petite allée de la rue du Dauphiné.
Manu lui ouvre et le gratifie d’un immense sourire.

« Hey mon poulet !! Qu’est-ce que tu fais là ?
- Ben ma mère m’a dit que t’avais appelé et du coup en rentrant je suis passé te voir, c’était plus sympa comme ça… J’ai pas eu raison darling ?
- Mais si bien sur !! Entre !
- David n’est pas là ?
- Il est allé chercher du vin… Tu dines avec nous ?
- Ben avec plaisir ! Je suis libre comme l’air. Ma soirée avec Fabrizzio est annulée alors je rentrais juste chez moi.
- Vous vous êtes revu ? dit Manu ?
- Oui, on a eu une longue discussion au téléphone ce matin. Il s’est confondu en excuses pour son attitude de dimanche soir puis je suis allé le voir cet après-midi. On a fait l’amour comme des fous. En fait j’ai réalisé aujourd’hui que j’étais accro au sexe avec lui !
- Waow !! C’est si bien que ça ?
- Disons que c’est très… charnel !!
- Mieux qu’avec moi ? demande Manu pour le taquiner !
- Rien ne sera jamais mieux qu’avec toi ! »


Manu le fixe avec une infinie tendresse et le prend dans ses bras. Gilles se blottit contre lui.
C’est toujours tellement bon sa chaleur, son odeur, les battements de son cœur…
Gilles se reprend avant de fondre complètement et lance :

« Tu voulais me dire quoi au fait en m’appelant ?
- Ben t’inviter à diner ce soir !
- Ah oui ?
- Tu vois, le hasard fait bien les choses. C’est David qui voulait te revoir. En fait il va rentrer un peu plus tôt à Nantes. Sa mère est malade. Alors il part demain et ne voulait pas rentrer sans te revoir. Il va être super content de te voir ici quand il va revenir.
- Il est vraiment super gentil ce mec, et très craquant… Vous n’allez rien tenter de poursuivre vous deux ?
- Non, les relations à distance ça ne marche pas. Puis on est trop plein de cicatrices lui et moi, et au bout du compte, je pense qu’on s’entrainerait mutuellement dans une spirale infernale… Non, en fait, il sera toujours le bienvenu ici évidemment s’il veut revenir passer quelques jours. Mais le connaissant il ne reviendra pas. Il est comme ça David, il laisse le passé derrière lui et avance sans se retourner !
- C’est dommage. Je l’aime beaucoup !
- Je sais, et lui aussi il t’adore ! »


C’est à cet instant que le fameux David ouvre la porte et rentre dans la cuisine. En voyant Gilles il se précipite sur lui et lui saute dans les bras en lui donnant un « smack » plein de fougue et de tendresse.
Toute la fougue de sa jeunesse et toute la tendresse du jeune homme qui a vieilli trop vite.

« Tu as pu venir finalement ? Je suis trop content !
- C’est juste le hasard qui à fait les choses, mais oui, au final je suis là !
- Je ne crois pas au hasard, continue David, et si tu es là c’est que cela devait se passer ainsi !
- Ce qui doit se faire, se fait oui !! Tu as raison David et quoi qu’il en soit, dès que j’aurai su que tu avançais ton départ, j’aurai débarqué quoi qu’il advienne ! Je ne voulais pas ne pas te revoir avant ton départ.
- Moi non plus, je n’aurais pas aimé partir sans te dire au revoir. Seulement un peu plus de 3 jours que je te connais, mais je t’aime énormément.
- C’est réciproque, sois-en sur !
- Bon c’est fini les tourtereaux ? plaisante Manu. Allez, on va se boire un apéro ! David, tu nous mets un peu de musique ? »


Gilles s’occupe de l’apéro tandis que Manu termine de préparer son tajine d’agneau. Il le réussit comme personne, se souvient Gilles.
En même temps qu’il verse les alcools, Gilles observe Manu qui s’active et David qui cherche la musique idéale pour ce moment.
Gilles se dit qu’il est bien, ici et maintenant.
Ce sont ces petits instants improvisés qui sont les meilleurs.
Une bouffée de bien-être l’envahit et il sourit intérieurement.

Les trois garçons lèvent leur verre et trinquent ensemble.
Ils ont les yeux brillants.
C’est certainement la dernière fois qu’ils se voient tous les trois ensemble.
Ils le savent, mais ils le taisent.
Alors tant pis pour les larmes, ce soir, c’est le rire qui va prendre le relais.

Ils vident leur premier verre…
Un éclair sillonne le ciel sombre, immédiatement suivi d'un énorme coup de tonnerre.
L'orage est là !
Ils se servent un second verre...


A suivre...

07 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarante quatrième)

Il fait chaud dans la grande chambre de Fabrizzio.
L’appartement n’est pas climatisé, ainsi les deux corps en sueur glissent peau contre peau.
Les draps se trempent petit à petit et les souffles halètent.
Il faut faire une pause ou les cœurs vont lâcher.
Il faut faire glisser tout le long du gosier un liquide froid et désaltérant.
Mais pour autant, les deux garçons ne parviennent pas à s’arrêter.
Gilles va et vient entre les reins de Fabrizzio qui s’accroche dès qu’il le peut à ses doigts.
Il les enserre, les croise.
Les mains se fondent les unes dans les autres.
Les phalanges se cognent.
En ralentissant le mouvement, Gilles laisse sont torse reposer sur le dos de Fabrizzio. A travers la chair, les deux palpitations cardiaques semblent prêtent à rompre, car trop rapide, trop fortes.
Gilles reprend ses mouvements tandis que Fabrizzio laisse échapper un orgasme trop bruyant, Gilles s’abandonne sans un bruit.
Juste des paupières closes, un souffle suspendu, et l’échine tendue.

Enfin les deux corps se séparent et se laissent rouler sur les draps souillés.
L’air frappe la poitrine de Gilles et le dos de Fabrizzio.
Même sans fraicheur, l’instant latent leur donne un peu froid.
Mais très vite la chaleur reprend ses droits.
Fabrizzio installe un lourd ventilateur noir au pied du lit et branche le souffle maximum.
Il apporte également une bouteille d’eau glacée.
Il en boit quelques gorgées puis laisse glisser de ses lèvres quelques goutes sur le corps de Gilles qui sursaute sous la sensation glacée qui coule le long de son ventre.
Fabrizzio se rallonge à ses côtés et tous les deux profitent de l’air dispensé par le ventilateur bienfaiteur.
Nous sommes en plein milieu de l’après-midi.
Les sons à l’extérieur sont comme assourdis par une chape de plomb. Comme si la chaleur faisait office de filtre au bruit ; la vie semble fonctionner au ralenti, les gens marchent doucement, ils frôlent les immeubles pour rechercher une petite part d’ombre qui serait susceptible de leur donner une fraîcheur légère pendant juste deux ou trois secondes.
La canicule est là. Elle assoiffe, elle étouffe, elle tue aussi parfois.
Ce sont ces après-midis qui sont les plus propices aux siestes évanescentes.
C’est d’ailleurs dans ce genre de sommeil que Gilles et Fabrizzio se laissent glisser naturellement sous le doux ronronnement des pales tournoyantes et bienfaisantes.

Quand Gilles se réveille, plus de 2 heures se sont écoulées.
Il est seul dans le grand lit et se dit que Fabrizzio est dans la salle de bain s’il en croît le bruit de la douche qui s’écoule. Aussi, il se lève et part rejoindre son amant, tout en se disant que sexuellement, leur entente est vraiment parfaite. Tout comme avec Manu.
C’est déjà une bonne chose, mais si seulement il pouvait arrêter d’être aussi possessif…
Aussi colérique.
Gilles pénètre dans la salle de bains.
Fabrizzio est là, devant le grand miroir.
A ses pieds, de multiples mèches noires sont éparpillées comme le vestige d’une chevelure de jais définitivement mise au rebus.
Méticuleusement et mèche par mèche Fabrizzio s’est coupé les cheveux. Il est presque rasé à blanc.
Gilles à du mal à le croire, mais le voir ainsi, le fait ressembler à une autre personne. Comme si l’apparition de ce crâne sous jacent laissait apparaître un être nouveau, radicalement différent.
Plus brute.
Plus dur.

Fabrizzio croise le regard de Gilles dans le miroir et semble lire dans ses pensées :

« Ca me change hein ?
- C’est le moins que l’on puisse dire… mais c’est plutôt pas mal. Excitant même !
- C’est vrai t’as encore envie ?
- Non, pas tout de suite, mais je te trouve très attirant comme ça ?
- Pourquoi t’as pas envie ? Moi ça reprend, regarde !! »


En effet, Fabrizzio laisse une érection l’envahir et, tandis qu’il est nu au milieu des mèches mortes, il commence à avancer.
Il pose le rasoir sur le lavabo, et jette un dernier regard sur son nouveau visage.
Et il poursuit les quelques pas qui le sépare de Gilles.
Gilles lui sourit et s’assoit sur la lunette baissée des toilettes.
Fabrizzio pénètre la bouche de Gilles et commence un doux mouvement d’avant en arrière.
Gilles prend soin de lui donner le plaisir qu’il aime à prodiguer en de telles situations.
Néanmoins, le mouvement devient plus rapide et sans crier gare Fabrizzio jouit dans la bouche de Gilles qui n’a pas le temps de se retirer tandis que le liquide chaud envahit sa langue.
Il se dégage violemment et crache dans les toilettes tout en retenant une irrépressible envie de vomir.
Il n’a jamais fait ça, et cette première fois le dégoute !
Il se relève et regarde froidement Fabrizzio.

« Tu aurais pu me prévenir non ? Tu connais pas les risques de ce genre de pratique ?
- T’inquiètes pas bébé, j’ai toujours fait attention avec qui je couchais !
- Ah oui ? Tu leur demandais un certificat médical avant ?
- Mais non, t’es con !! Je vois bien qui est malade ou pas. Ca se sent ce genre de trucs !
- Tu penses vraiment ce que tu dis ? Demande Gilles atterré …
- Mais oui… Puis j’ai fait un test le mois dernier, j’avais rien, donc t’as rien à craindre.
- Ben ça me rassure qu’à moitié tu vois ! En plus j’aime pas être forcé à faire les choses. Tu aurais pu me demander avant.
- Désolé bébé, mais j’étais tellement excité que j’ai pas pu me retenir.
- Ben fais attention la prochaine fois ! »


Gilles se dit qu’il va falloir qu’il aille faire un test quand même pour vérifier. Mais malgré tout il se dit que Fabrizzio n’aurait pas menti à ce sujet et qu’il est certainement négatif.
Mais maintenant, il à une petite angoisse qui lui noue l’estomac, et le fait d’être obligé d’attendre plusieurs mois avant de savoir le panique légèrement.
Il se reprend toutefois et va se rincer la bouche.

« Tu ne trouves pas ça bien de faire une pipe intégrale ?
- J’ai pas trouvé ça super excitant non !
- C’est parce que tu n’as pas essayé dans l’autre sens.
- Comment ça ?
- Ejaculer dans la bouche c’est mille fois plus excitant que n’importe quoi d’autre. La chaleur de la bouche, l’agilité de la langue, c’est absolument dément !
- …
- Tu veux essayer ? Tu va voir je fais ça très bien !
- Ah parce qu’en plus t’es un habitué du fait ? Ca me rassure complètement quant à ton statut sérologique tu vois. Là, vraiment je suis super serein !!
- Mais non, je ne fais pas ça tout le temps, a chaque fois que je l’ai fait, le mec était sain et pas plus de 2 ou 3 fois, mais chaque fois, les mecs ont trouvés ça super bien fait !
- Oui, ben c’est pas ça qui me tranquillise. Bon, de toutes façons faut que je parte »


Gilles passe donc sous la douche en vitesse et part dans la chambre se rhabiller.
Fabrizzio ramasse doucement les mèches de cheveux pour les jeter à la poubelle.
Il replie le rasoir et le glisse dans un tiroir.
Puis il enfile son bermuda et suit Gilles dans la chambre.

« Tu m’en veux pas hein ? demande Fabrizzio.
- Non, et on va dire que je te fais confiance, mais là j’ai besoin de prendre un peu l’air.
- Ok, je comprends… Tu reviens ce soir ?
- Peut-être oui… »


Fabrizzio précède Gilles à l’entrée et remet la clé en place.
Il se dit que cela ne sert à rien de le retenir ici, car il risquerait de se braquer encore plus.
Alors subrepticement il sort la clé de sa cachette et, comme si de rien n’était, il fait jouer le penne de la serrure afin que la porte s’ouvre.
Gilles passe devant lui et lui dépose un bisou sur le coin de la bouche.
Il s’élance dans les escaliers.

Fabrizzio le regarde s’éloigner et il se dit qu’il faut vraiment qu’il se calme, qu’il apprenne à gérer ses émotions, que Gilles n’est pas aussi malléable que les autres et qu’il faudra certainement plus de temps avec lui.
Mais il arrivera à devenir essentiel à sa vie.
Il va tout faire pour être le seul dans ses pensées.
Il a toujours réussi jusqu’à présent.
Il n’y a pas de raison pour que ça change.
Certes le garçon est plus radical que les autres, mais c’est à cause de son histoire passée.
Fabrizzio va l’attendrir, lui ensevelir le cœur.
Son cœur au bout du compte ne sera qu’à lui, rien qu’à lui.
Il faut juste patienter un peu…


A suivre...

06 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarante troisième)

Il est presque 18h et les trois garçons n’ont pas vu passer la journée entre baignade, sieste et bonne petite bouffe à l’ombre des arbres.
Ils décident de rentrer à Lyon et de passer une soirée des plus tranquilles.
Les 48 dernières heures ne furent pas vraiment de tout repos, et c’est un doux euphémisme que de le dire !
Gilles décide de rentrer chez lui et d’aller retrouver Mme Mère et Mr Père. Cela fait un moment qu’il n’a pas donné de nouvelles.

Manu et David essaient de le convaincre de passer la nuit avec eux.
Gilles sait très bien comment se passera la nuit et il faut aussi qu’il ne se laisse pas entraîner dans une habitude d’une relation à trois.
Même s’il se sent bien avec eux et, contre toute attente, s’il est serein par rapport à ça, il doit cependant prendre ses distances.
Son histoire avec Manu est bel et bien terminée.
David n’est que de passage, et malgré toute la tendresse qu’il éprouve pour lui, continuer dans ce sens ne peut qu’amener à des dérives négatives.
Depuis 2 jours ils sont dans une expectative de fête et de délirs, mais tout à une fin et parfois il faut provoquer la conclusion avant qu’elle ne s’impose d’elle-même dans des conditions qui ne seraient pas toujours les bonnes pour chacun.

Manu et David accompagnent Gilles en bas de chez lui.
Manu voudrait dire bonjour à ses parents, aussi montent-ils tous les trois à l’appart.
Les parents de Gilles sont devant la télé et les accueillent avec beaucoup de plaisir.
Il est environ 19h30, et Mr Père en profite pour sortir quelques bouteilles car l’heure de l’apéro est sacré dans cette petite famille.
Mme Mère ouvre les festivités :

« Alors ? J’ai l’impression que vous ne vous êtes pas ennuyés ces deux derniers jours ?
- Effectivement, dit Manu, et comme cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu avec Gilles on a décidé de rattraper le temps perdu.
- Ils ont fait office de guide pour moi, continue David. Je ne connaissais pas Lyon et je peux dire que j’ai été bien conseillé !
- J’imagine bien le genre des conseils qu’ont pu te prodiguer ces deux énergumènes, renchérit Mme Mère avec un sourire en coin. Tu es revenu pour de bon ? dit-elle à Manu.
- Oui, répond ce cernier, j’avais des choses à régler avec ma famille. Maintenant que c’est fait, je n’ai plus rien à faire là-bas. Ma vie est ici maintenant. »


Gilles observe et écoute cette discussion un peu en retrait. Il sert les verres d’apéritif. Il est un peu fatigué et se retrouver ici avec Manu comme avant le perturbe un peu.
Manu perçoit ce léger malaise et boit son verre rapidement en disant à David de faire de même, prétextant un rendez-vous important ce soir.
David comprend l’allusion et les deux garçons prennent congé une demi-heure plus tard.
Mr Père propose une seconde tournée.
Ils refusent poliment.
Gilles, lui, se ressert un verre dès que Manu et David sont partis.
Il est un peu mélancolique.
Mais c’est toujours comme ça après un week-end très festif et lorsque la pression redescend, elle est généralement accompagnée d’une lassitude extrême située à la frontière de la tristesse et de la fatigue.
Gilles sait très bien que dans ces cas là, le mieux à faire est de se coucher et de se réfugier dans le monde du rêve.
Fort de cette décision, il se jette sous une grande douche fraîche, se restaure un peu et part se coucher aux alentours des 22 heures.
Le sommeil est immédiat.
Lourd, profond, et si rêves il y’a eu, il n’en a, en général, aucun souvenir le lendemain.

Peu avant midi, Gilles fait surface.
A travers les volets filtre une lumière intense qui laisse présager que le soleil est bien présent et que la canicule s’installe petit à petit.
Pas de bruit dans l’appartement. Il semblerait qu’il soit seul et que ces parents soient sortis déjeuner ailleurs.
Il se lève tranquillement et prévoit de se prendre un petit déjeuner léger mais n’a aucune idée de la suite des évènements à venir pour meubler cette journée estivale.
Se jeter dans une salle de cinéma climatisée ? Aller à la piscine ?
Peu importe, mais il se jure de ne pas appeler Manu et David.
Il veut prendre un peu de distance.
Dans la cuisine, un mot est de nouveau posé sur la table ou sa mère lui note que Fabrizzio cherche à le joindre.
Gilles se dit qu’il va faire un effort et l’appeler.
Nous sommes mardi et Fabrizzio cherche à pouvoir le voir depuis le vendredi précédent.
Il verra bien ce qu’il a à lui dire.

« Allo Fabrizzio, c’est moi !
- Salut.
- Salut… Tu as cherché à me joindre.
- Oui… Je voulais m’excuser de mon attitude débile avant-hier soir en boîte.
- Débile… oui, c’est le terme qui convient, ponctue Gilles.
- Oui, c’est bon, n’enfonce pas le clou. Mais je me sens tellement mis à l’écart de ta vie que je ne comprends pas. Tu m’avais dit vouloir me revoir après des examens. Ils sont terminés depuis 5 jours et tu n’as fait que passer tout ton temps avec ton ex et son pote. Qu’est-ce que je suis censé faire moi au milieu ?
- Mais je ne sais pas Fabrizzio, tu peux peut-être aussi faire des choses de ton côté, voir des amis. Après tout, je ne t’ai rien promis. On ne s’est vu que 2 nuits et déjà j’ai l’impression que tu veux me mettre en cage et que je ne passe du temps qu’avec toi. Pour moi, continue Gilles, il faut que tu saches que cela n’est pas possible. J’ai besoin d’air pour respirer. Toi déjà, tu m’étouffes après deux semaines et seulement 2 nuits.
- Je sais… Je suis toujours dans l’extrême… Mais c’est que je tiens à toi et que depuis cette rencontre je me rends compte que tu me manque. C’est peut-être rapide, mais je t’assure que c’est réel. Et j’aimerai repasser du temps avec toi. J’aime faire l’amour avec toi. J’aimer parler avec toi. J’aime te regarder.
- C’est gentil ça ! Et je ne te cache pas que j’aime aussi ces moments avec toi. Et j’y ai beaucoup pensé pendant mes révisions. Le seul truc qui me bloque c’est tes excès de colère qui surviennent si brusquement, que, du coup, ça me bloque. J’appréhende tout ce que je peux dire ou faire, et ainsi, je ne suis pas aussi naturel que je le voudrai…
- Je vais faire un effort, je te promets. Dis-moi qu’on se voit vite, j’en t’en prie !
- Aujourd’hui si tu veux ! propose Gilles.
- C’est vrai ?? Tu veux ??
- Oui !
- Tu viens chez moi maintenant ?
- Ok, mais tu promets de pas me prendre la tête avec Manu ou qui que ce soit d’autre hein ?
- Promis bébé ! Allez, fais-vite, je t’attends.
- J’arrive ! »


Un peu moins d’une heure plus tard, Gilles sonne à l’interphone du grand immeuble vers la Place des Célestins.
Fabrizzio ouvre la porte.
Il est torse nu et porte un bermuda blanc qui lui arrive au dessus des genoux.
Il est pieds-nus.
Il sort visiblement de la douche car il a les cheveux encore mouillés et quelques gouttes brillent encore sur ses épaules.
Par ailleurs le bermuda est légèrement mouillé, comme si, pas tout à fait sec, Fabrizzio avait sauté dedans pour venir ouvrir la porte.
Il n’a donc pas pris le temps de mettre un sous-vêtement.
Gilles en s’approchant pour l’embrasser, s’en rend compte rapidement.
Le tissu, au bas du ventre, se tend immédiatement et laisse apparaître, en substance, toute la volonté de Fabrizzio de faire en sorte que cette entrevue se passe du mieux possible.
Il attire Gilles à l’intérieur, et ferme la porte immédiatement.
Il laisse glisser son bermuda et se plaque contre la porte d’entrée.
Il prend la main de Gilles et la fait glisser entre ses jambes.
Gilles se laisse griser et laisse sa langue suivre le même parcours.
De son autre main Fabrizzio retire la clé de la serrure et la dissimule sur un meuble situé derrière la porte d’entrée.
Il prend Gilles par la main et l’entraîne vers la chambre.
Une fois nu, Gilles fait l’amour à Fabrizzio sans s’imaginer que c’est véritablement maintenant, qu’il est en cage.


A suivre...

02 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarante deuxième)

Gilles baise avec un garçon d’une grande douceur.
D’autres hommes sont autour d’eux, parfois une main se perd et courre sur le corps de Gilles ou du garçon.
Les corps sont humides et chauds.
Parfois des éclairs de lumière accrochent les pupilles qui sautent de gauche à droite pour essayer de deviner combien de corps sont dans la pièce, combien d’hommes s’enivrent de stupre, combien sont debout, combien sont à genoux…
Au bout de ce qu’il semble être une heure, Gilles s’extirpe de l’amas de chair qui bloque l’accès à la sortie de la pièce noire.
Le garçon avec qui il était le suit.
A la lumière, le même garçon à dans le visage, la même douceur qu’il avait dans les gestes.
Il a des cheveux très courts, très noirs.
Des yeux marrons très profonds et un sourire timide.
Gilles l’embrasse une dernière fois avant d’avancer vers le bar, le garçon semble vouloir dire quelque chose et Gilles pense qu’il veut lui demander s’il est possible de se revoir.
Il lui pose l’index sur les lèvres avec un petit sourire triste que l’on pourrait traduire par :

« Non joli garçon, je ne suis pas dans l’envie de commencer quelque chose pour l’instant, je suis amoureux d’un garçon blond, j’ai rencontré un garçon brun avec qui j’ai été blessant, ce soir j’ai consommé du sexe pour du sexe.
Désolé, je n’ai pas envie de rencontrer quelqu’un d’autre ce soir. Tu es mignon et tu sembles très doux. Après tout ce genre d’endroit n’est peut-être pas pour toi, tout comme moi, je ne suis pas pour toi… »


Voila ce à quoi Gilles à pensé dans ce sourire.
Le garçon semble avoir compris une partie du message car il hausse les épaules avec un petit air triste mais donne un rapide bisou à Gilles sur la joue.
Puis il s’éclipse.
Gilles ne préfère pas savoir s’il s’éclipse par la sortie ou bien par un retour dans les limbes du sous-sol sombre et glauque.
Gilles s’approche du bar et voit que David est en grande conversation avec un jeune homme au crâne rasé qui semble extrêmement mignon.
Gilles commande un verre tandis que Manu refait son apparition pour en commander un aussi.

« Alors ? Moment agréable ? demande Manu.
- Oui assez je dois dire. Je ne connais pas son nom, mais le garçon dans l’ombre qui m’a donné du plaisir était particulièrement mignon et très doux… Et toi ?
- Tout l’inverse !! J’ai pas joui et il était trop brusque. Du coup d’autres mecs se sont approchés et l’on s’est mélangé à eux. J’en ai eu marre et je me suis barré… Par contre, David à pas l’air se s’embêter à ce que je vois !
- Et non, dit Gilles. Il semble en très bonne compagnie. On va le laisser tranquille un moment non ?
- Ouais, répond Manu ! Emmène-moi danser !!
- Comme vous voudrez mon Prince ! »


Avec un clin d’œil, Gilles entraîne Manu sur la piste qui diffuse une musique house saturée de sons aigus qui ont la particularité de mettre en transe les corps de ceux qui s’agitent dessus.
Très vite, Gilles et Manu sont gagnés par cette transe et entre alcool et tabac, se laissent portés par l’ivresse du moment.
Les heures filent et les corps tournent.
C’est comme un tourbillon dont on ne verrait pas la fin.
Il est presque 7 heures du matin et Gilles et Manu sont avachis sur une banquette en se disant qu’il serait temps de rentrer dormir.
Ils cherchent David du regard, mais celui-ci n’est nulle part.
Il a du rentrer avec le garçon rasé.
Les deux garçons sortent alors de la discothèque, l’air hagard !!
La lumière du soleil les aveugle de façon abrupte.
Cela fait bizarre de sortir d’un endroit clos et sombre pour se retrouver, l’espace d’une ouverture de porte, dans une rue inondée de soleil et de gens qui courent de partout.
Ces gens vont travailler, comme le commun des mortels en ce lundi 4 juillet.
C’est le début des vacances d’été pour une partie de la France, mais pas pour la totalité, et au vu de la foule qui se presse dans les bus, les boulangeries, les tabacs aux alentours de la discothèque, la grosse moitié doit partir en août !!
Gilles et Manu reprennent leurs esprits et semblent comme deux extra-terrestres au milieu de cette agitation.
Ils doivent avoir une tête des plus terribles, car les gens les regardent étrangement.
Ils n’ont pas sommeil et décide de se reprendre un peu en main.
Ils vont prendre un petit déjeuner à la Brasserie de Bondy.
Une grande brasserie rouge qui sert à manger très tôt le matin, à partir de 5h00.
Ils pénètrent à l’intérieur et décident finalement de manger quelque chose de consistant pour éliminer les effets de l’alcool.
Ils choisissent une petite table en terrasse, sur le quai de Saône. Un peu en retrait du passage.
Chacun leur tour ils vont aux toilettes pour soulager leur vessie alcoolisée et se passer de grande rasade d’eau sur le visage et la tête.
Fin prêt, ils mettent les lunettes noires essentielles pour ne pas avoir l’air trop dépravés après cette nuit fauve.
Ils ont commandé de l’eau, beaucoup d’eau et deux steaks Tartare.
Ils adorent ça tous les deux. En plus, dans cette brasserie, ils les font devant le client. C’est toujours un cérémonial que Gilles adore.
Ils ont l’eau à la bouche quand ils prennent une première fourchetée de ce plat délicieux. Des frites accompagnent ce léger repas qui remet leur estomac à l’endroit.
C’est absolument ce qu’il leur fallait pour pouvoir être tout de même d’attaque.
Aux alentours de 9h00, ils aperçoivent David qui erre sur le quai. Ils l’appellent.
Celui-ci semble perdu et retrouve le sourire quand il les voit.

« Alors, t’étais ou ?
- Je suis rentré avec le mec rasé, Nicolas, il habite à deux pas.
- Et alors ? demande Manu ?
- Et alors on a passé un super moment. Je viens de partir car je n’avais pas envie de dormir chez lui. Je me demandais bien comment j’allais pouvoir rentrer chez toi moi !! Heureusement que je vous trouve !!
- Et oui, dit Gilles. Nous sommes un peu tes anges gardiens finalement !!
- T’as vu la gueule des anges ? réplique David dans un petit rire moqueur !!
- Tu vas voir ce qu’ils vont te mettre les anges !! dit Manu !
- Chiche ? dit David !!
- Petit polisson, tu n’es jamais rassasié toi ?
- Non, jamais ! »


David pique une frite par-ci, une frite par là puis lorsque les garçons ont terminés, ils se dirigent vers le bus pour se mêler à la foule des travailleurs.
Personne ne semble avoir véritablement sommeil.
Manu prend les choses en main et propose de passe la journée au bord de l’eau.
Il connaît un coin tranquille au bord de la rivière d’Ain.
Un coin plein de verdure, d’ombre et de soleil. Faut juste acheter deux-trois trucs pour pique-niquer.
Sylvie à sa voiture et comme elle à dû partir ce matin même en déplacement, elle à du la laisser dans la rue.

Ni une ni deux, les garçons s’engouffrent dans le bus, puis au bas de l’appart rentrent dans l’épicerie pour prendre de quoi manger et boire.
Pas d’alcool. Il fait trop chaud le jour pour se livrer à l’ivresse.
Puis la nuit fut assez rude comme ça au niveau du foie.

La voiture est là où ils le pensaient.
Ils démarrent directement.
Ils se baigneront dans la rivière et cela fera office de douche.
Ils n’ont pas de maillot, mais Manu dit que l’endroit est désert.
Donc pas besoin de fioritures.
David monte à l’arrière et commence à manger un peu de chocolat.
Manu ouvre les fenêtres en grand, la chaleur commence déjà à attaquer la ville.
Gilles allume une cigarette.
Les trois jeunes hommes prennent la route.
Une heure plus tard ils sont arrivés dans cet endroit désert et absolument divin.
Manu gare la voiture à l’ombre, ils sortent couverture et nourriture.
Puis ils jettent leurs vêtements et s’immergent dans l’eau froide de la rivière.
Les corps nus et fatigués par la nuit retrouvent une vigueur nouvelle et la pression dans les vertèbres, la nuque et la tête redescend en un clin d’œil.
Ils sortent de l’eau et s’étendent au soleil.
Ils ont envie de refaire l’amour tous les trois.
Mais ils ne se le disent pas.
Les trois garçons s’endorment sous les rayons qui filtrent à travers les arbres nombreux.
Il n’y a pas un bruit à part celui de la rivière et des sauterelles qui commencent à chanter l’été.
Un été qui s’annonce chaud.
Un bel été.

Mais l’ultime pour David.
Le mal à commencé sa route et il s’insinue dans chaque vaisseaux sanguins.
Même en plein soleil il peut faire nuit.


A suivre...

Sur le Trajet (chapître quarante et unième)

« A quoi tu joues là ? demande Gilles.
- Mais à rien bébé, tu m’as lâché, donc je sors, j’ai le droit non ?
- Et par hasard tu dragues Manu ?
- Oh… bon, dit Manu, je vous laisse et je remonte vers David. On t’attend en haut poulet.
- Ok, dit Gilles, de toutes façons j’en ai pas pour longtemps ! »


Manu embrasse Gilles sur le front et s’en va sans même un regard pour Fabrizzio. Il vient de comprendre le quiproquo est préfère partir calmement, sinon il serait capable de mettre une gifle au jeune italien.

« Alors ?? Content de toi ? continue Gilles.
- Pas particulièrement. J’ai voulu m’amuser un peu… Je vous ai aperçu tous les trois en rentrant et j’ai très vite su que Manu était le blond. Alors j’ai voulu comprendre qu’est-ce qu’il avait de si merveilleux pour que depuis tout ce temps tu n’arrives pas à l’effacer de ta vie.
- Mais je ne l’effacerai jamais Fabrizzio, t’as encore pas compris ?
- Puis c’est qui ce David avec vous ?
- Un ami de Manu.
- Un ami ou un amant ?
- Un peu des deux…
- C’est pas possible ça !! s’énerve Fabrizzio. C’est soit un ami, soit un amant, les deux ensembles ça veut rien dire !!
- Ecoutes, Fabrizzio tu me gonfle là !
- Et moi je suis quoi pour toi hein ? Un ami ? Un amant ?
- …
- Alors tu peux au moins trouver une réponse ? hurle Fabrizzio.
- Un EX ! »


Gilles tourne les talons et plante là son bel hidalgo. Il a le sang qui cogne aux tempes et il est proche de la crise de nerfs.
Il monte les escaliers, s’installe en face des deux garçons, s’allume une cigarette avec les mains tremblantes. Manu lui sert une dose de gin, David la complète de tonic et de glace.
Gilles porte le verre à ses lèvres et boit une bonne rasade du breuvage.
Il s’attendait à ce que Fabrizzio le suive, mais étrangement il n’est pas monté.
« Tant mieux » se dit-il.

« C’était donc lui le fameux Fabrizzio alors ? dit Manu…
- Et oui, c’était lui !
- Il est gonflé quand même lui !
- Oui, j’ai l’impression qu’il n’a pas de limite.
- En tout cas, t’avais raison, il est très beau gosse !
- Oui je sais… Je crois que j’ai été un peu dur avec lui !
- Non, répond Manu, parfois l’attitude de certaines personnes nous poussent à être dur, mais finalement c’est plutôt bénéfique pour eux au final, puis tu n’avais pas le choix. Ce qu’il à fait ce soir est un peu tordu quand même.
- Oui je sais… Bon allez, on change de sujet !
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demande David ?
- On va au « Calyxte » dit Manu.
- Oui, dit Gilles, tu verras David, là-bas tu peux danser aussi, mais de sombres endroits te permettent d’assouvir d’autres genres de désirs !!
- Yes !!! Let’s go !! dit David »


Gilles à juste le temps de finir son verre que David est déjà en bas des marches !
Manu et Gilles se regardent en souriant.
Finalement ils pourront y aller ensemble dans cette nouvelle boîte. Cette fois ils espèrent que Manu pourra y entrer et surtout que le portier ne sera plus le même qu’au mois d’avril.
Ils se prennent la main et descendent sur la piste pour aller régler leurs consommations au bar.
Gilles cherche à voir si Fabrizzio est là.
Visiblement il a disparu.
Les trois garçons reprennent leurs affaires aux vestiaires puis sortent dans le vent de la nuit.
La fraîcheur est plus présente, et ce petit vent le bienvenu.
En traversant le pont qui mène à la gare St-Paul, ils s’arrêtent tous les trois au milieu du pont, là ou le vent souffle le plus et profite du courant d’air au maximum.

Il est presque 3 heures du matin.
La lune est pleine
Les garçons reprennent leur route et arrivent devant « Le Calyxte ».
Le videur est différent, souriant.
Il trouve les trois garçons certainement charmants et les laisse entrer rapidement avec un large sourire pour chacun.
A l’intérieur la musique est assourdissante, l’ambiance enfumée et moite.
La boite est une enfilade de pièces en pierre apparente et voutée. Les bars sont nombreux et la lumière rouge culmine.
La piste de danse est immense et les danseurs pour la plupart torse-nu.
L’ambiance est beaucoup plus explicite ici que dans l’autre discothèque.
Ici, clairement, c’est affiché : les mecs sont là pour baiser.
David n’en revient pas et est visiblement très excité.
Il entre dans la danse.

Manu et Gilles le regarde avancer dans la lumière.
Eux, ils préfèrent se perdre dans l’ombre.
Ils entrent dans un long couloir ou des corps à demi-nus sont adossés contre le mur.
Manu embrasse Gilles sur la bouche, puis entre dans une pièce noire.
Gilles prends un garçon par la main et l’entraine dans une autre pièce noire.
David sur la piste commence à allumer un jeune garçon aux cheveux rasés et au regard vert.

Cette nuit, David veut s’oublier.
Cette nuit, Manu veut s’évader,
Cette nuit, Gilles veut s’envoler.
Cette nuit, les 3 garçons laissent le démon les gagner et se livrent à lui corps et âme.
Cette nuit, c’est celle de tous les excès.


A suivre...

01 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarantième)

Cette marche à travers la ville est des plus bénéfiques pour les 3 amants.
Ils évacuent un peu les sensations d’endormissement et de fatigue liées à l’alcool et à la nourriture.
Rien ne vaut de petits exercices nocturnes pour se remettre en jambe.
En arrivant dans la discothèque, la foule n’est encore pas trop présente et c’est sans difficultés qu’ils peuvent accéder au bar.
Ils prennent dans un premier temps chacun une bouteille d’Evian qu’ils vident en deux temps, trois mouvements.
Ils descendent dans les toilettes et se passent une bonne dose d’eau sur le visage après avoir soulagé leur vessie respective.
De nouveau au bar, ils reprennent une rasade d’Evian en plus d’un Doliprane chacun.
Cet acte est plus préventif que curatif pour le moment.
Ils profitent de l’espace encore disponible pour danser et se dépenser.
Ils tournent, virevoltent, sautent et rient en cadence.
Les autres clients les observent un peu interloqués par toute cette énergie puis, petit à petit, ils investissent la piste sous couvert d’anonymat lorsque la foule compacte s’en vient.

Dès lors, les trois garçons se retrouvent coincés au fond entre des corps trémoussant et un mur recouvert de miroirs.
Ils s’amusent à s’y refléter puis lassés par le brouhaha reviennent vers le bar et commandent une bouteille d’alcool cette fois-ci.
En l’occurrence du gin, alcool préféré de Gilles et David.
Manu se plie donc à la majorité, même si lui préfère davantage le whisky.
Ils s’isolent un peu de la musique et montent s’installer au premier étage ou des fauteuils et des tables sont disponibles pour les clients qui souhaitent un peu s’isoler de la foule et des décibels.
Ils trinquent tous les trois avec un premier verre.
Ils allument en même temps une cigarette.
Ils se regardent et se mettent à rire.
Quelqu’un ne connaissant pas leur histoire pourrait les prendre pour trois vieux amis tant la connivence est palpable.

Gilles et Manu se connaissent depuis un peu plus de 6 mois.
Manu connaît David depuis presque 3 semaines.
David connaît Gilles depuis moins de 48 heures.
Il est parfois des vies amenées à se croiser et qui vont, dans un laps de temps restreint, s’apporter tant de choses que rien n’effacera ces quelques instants.
Ni le temps, ni l’oubli.
Certaines choses ne s’expliquent pas.
Certains rapprochements semblent incompréhensibles.
C’est pourtant parfois vital d’être avec telle ou telle personne a tel ou tel instant.
Pourquoi ? Comment ? On s’en fout !
Et ce soir là, les 3 fêtards s’en foutent complètement.
Ils sont là et ce moment leur parait tellement intense qu’ils ne s’occupent pas de ce que peuvent penser les autres.
Comment la soirée va-t-elle évoluée ? Peu importe !!
Gilles ne s’imagine pas rentrer de nouveau chez Manu. Il doit passer à autre chose. C’était hier leur dernier instant d’amour.
Il ne s’imagine pas non plus refaire l’amour avec David.
Celui-ci à davantage besoin de découvertes nouvelles et il pense que c’est ce qu’il va faire ce soir.
Gilles pense peut-être à brancher un nouveau mec.

Pendant qu’il pense à tout ça, les deux autres décident d’aller danser de nouveau.
Gilles leur dit qu’il les rejoindra plus tard.
Il a remarqué depuis quelques instants un jeune garçon charmant assis au fond de la salle avec une amie. Visiblement, le jeune garçon lui jette des regards furtifs.
Gilles se dit qu’il va tenter sa chance et il lui sourit.
Le garçon lui répond mais continue sa conversation avec son amie.
Gilles patiente.
C’est à ce moment que David revient s’asseoir pour se resservir un verre.

« Manu n’est pas avec toi ? Demande Gilles…
- Non je crois qu’il est sur un coup.
- Ah oui ?
- Ben je crois bien oui. Un mec s’est approché de lui et l’a clairement allumé.
- Ah… faut que j’aille voir ça ! Et toi tu n’as pas envie de brancher un jeune homme ?
- A part toi ? Non ! rétorque David dans un sourire mutin.
- Toi tu es trop adorable !! Tiens, pour la peine !! »


Gilles prend une gorgée de gin et embrasse David sur la bouche en faisant couler le liquide à l’intérieur.
C’est le seul échange de liquide qu’ils se permettent !
Gilles lui fait un clin d’œil et descend sur la piste.
Après un rapide coup d’œil il aperçoit Manu discutant avec un garçon dans la pénombre.
Il vient les rejoindre pour faire connaissance.
Plus il s’approche et plus son cœur s’emballe.
Il a du mal à croire ce qu’il voit, mais il est trop tard et Manu l’aperçoit.

« Viens mon poulet, je te présente ce garçon, mais je ne connais pas encore son prénom d’ailleurs…
- Moi si, réponds Gilles !
- Comment vas-tu bébé ? demande Fabrizzio avec un étrange sourire… »


A suivre...

Sur le Trajet (chapître trente neuvième)

A peine arrivé chez lui, Gilles compose le numéro de Fabrizzio.
Par bonheur le répondeur se met en marche dès la première sonnerie. Gilles en profite pour laisser un message succinct dans lequel il lui précise qu’il n’est donc pas libre ce soir mais qu’ils se verront demain soir sans fautes.
Ceci fait, Gilles profites du temps qu’il lui reste pour écrire une lettre à sa petite sœur de cœur : Sandy.

Sandy, il l’a rencontré en 6ème. Il avait une douzaine d’années. Ils avaient vécus une petite amourette adolescente puis étaient restés très proche l’un de l’autre. Depuis lors, Sandy est partie vivre à Marseille, mais ils ont gardés une très forte et régulière relation épistolaire. Depuis plus de 10 ans ils se disent tout dans de longues lettres qu’ils s’envoient au minimum toutes les semaines.
Sandy lui à dévoilé ses peurs d’adolescentes et ses envies de suicides à certains moments trop noirs.
Gilles, quant à lui à parlé en premier à Sandy de son attirance pour les garçons. Elle s’en doutait depuis longtemps, mais elle attendait juste qu’il soit prêt à se livrer.
Voilà, c’est ça qui lie Gilles à Sandy depuis tout ce temps, une connivence, une confiance, une réelle tendresse qui résiste au temps et aux distances.

Une fois la longue lettre terminée ou bien sûr il lui à parlé du retour de Manu, de la rencontre avec Fabrizzio, de sa nuit à trois, il se rend dans la salle de bain pour prendre soin de lui. Douche, crème hydratante, se raser, bref… Se faire beau pour la soirée où, il en est sur, les âmes vont brûler.
Il choisit méticuleusement sa tenue. Un jean un peu usé, qui lui moule parfaitement les fesses, un tee-shirt blanc légèrement moulant, mais pas trop et des baskets blanches avec 3 rayures noires.
Devant la glace il se mire et semble content du résultat. Il enfile son petit sac à dos noir et ses lunettes de soleil.
Il est en train de fermer la porte lorsqu’il entend le téléphone sonner.
Il rouvre en vitesse et décroche l’appareil avant que le répondeur ne s’enclenche :

« Oui,
- C’est moi.
- Ca va Fabrizzio ?
- A ton avis ?
- Ben je sais pas ?
- Ben non ça ne va pas ! Comment tu veux que j’aille bien quand j’écoute un message qui m’annonce que je vais passer de nouveau une soirée, seul sans toi ? Comment penses-tu que je réagisse quand je vois que tu préfères passer du temps avec un ex qui t’a fait souffrir plutôt qu’avec moi ? Tu me prends pour un con ?? A quoi tu joues ?? »


La fin de la phrase atteint des proportions énormes dans le dégagement de décibels. Gilles se dit que les voisins de Fabrizzio doivent se demander ce qu’il se passe tant la voix est hurlée, crachée, vociférée !

« Euh… Fabrizzio, déjà je n’ai aucun compte à te rendre, je te rappelle que nous sommes amants mais que je ne t’ai jamais rien promis. Ensuite je déteste le ton que tu prends avec moi. Je ne t’appartiens pas ! Donc si c’est pour en arriver là, je préfère qu’on arrête là tout de suite. Je suis désolé, je ne supporte pas les colères qui n’ont pas lieu d’être. Alors je te le dis tout net : on arrête de se voir. Je dois partir, je suis en retard. Ciao ! »

Gilles raccroche, passablement énervé par cette attitude puérile.
Evidemment, le téléphone retentit de nouveau illico.
Gilles ne répond pas et ferme la porte.
Il se dirige chez Manu.

Manu voit tout de suite que Gilles est un peu énervé et lui demande ce qu’il se passe.
Gilles lui explique l’attitude de Fabrizzio, ces crises de colères brutes et récurrentes, ses excuses nombreuses à chaque fois mais qui n’empêchent nullement un recommencement de cet état de fait.
Il explique aussi que cette rencontre date de plus de 15 jours maintenant, mais qu’en tout et pour tout ils ne se sont vu que deux fois.
Deux simples nuits passées ensemble et que, même si pendant ces nuits, il y’a eu des moments forts, il ne s’explique pas une si soudaine emprise.
Manu tente de calmer Gilles et de le rassurer.
Il pense que Gilles à bien fait de mettre un terme à cette relation et que le peu de description qu’on lui a fait est déjà suffisant pour se dire que le garçon en question n’est pas forcément très stable mentalement.
Donc, mieux vaut passer à autre chose.

Confiant dans sa décision, Gilles remercie Manu pour ses conseils et lorsque David apparaît, frais et dispo pour partir en goguette, les trois garçons se dirigent vers un bar bien connu de deux d’entre eux : « Le Vénus Bar ».
Plus d’un mois que Gilles et Manu n’y sont plus retournés.
Lorsqu’ils franchissent la porte, Fifi d’amour, le barman, les accueillent immédiatement avec un sourire franc et chaleureux.
Parce qu’il à l’habitude de cela, Fifi remarque tout de suite que la donne à changée entre les deux garçons et que la relation n’est plus la même. Toutefois il remarque qu’une vraie complicité semble demeurer entre eux et cela lui fait plaisir.
Manu présente David au barman qui lui fait un bisou des plus sonores, histoire de faire l’idiot comme il aime à le faire le plus souvent.
David rougit instantanément et se colle au bar en espérant que les regards des autres se détournent enfin. Gilles remarque sa gêne et le prend dans ses bras pour lui signifier qu’ici, c’est la bonne humeur avant tout.
David ne connaît pas ce genre d’établissement. A Nantes il n’en fréquentait aucun.
Au vu de l’agitation de ses pupilles, Gilles se dit qu’il boit cet instant et le savoure jusqu’à la lie.

Après quelques verres d’apéritif, dont le nombre sera tu par égard hépatique envers leur anonymat d’alcooliques mondains, les trois compères décident d’aller diner. Manu souhaite retourner dans le restaurant ou ils étaient allés avec Gilles, Jacques et Fred en avril dernier.
Gilles se dit que décidément, ce soir, c’est un pèlerinage qu’il fait. Mais il accepte néanmoins de retourner dans ce resto. La nourriture y est, de plus, excellente.
A table, les sujets de conversation sont multiples. David ne masque pas son intérêt pour la ville et les possibilités de rencontrer un garçon. Sa curiosité fait plaisir à voir. D’ailleurs, s’il le pouvait il voudrait s’installer ici. La ville est grande, elle lui plait et les opportunités de rencontres sont nombreuses. Il dévore sa viande avec un appétit féroce.
Gilles se dit que décidément c’est trop injuste que ce garçon si jeune et si beau, si plein de vie, d’envie de découvertes diverses et variées, n’ait plus pour lui, qu’une espérance de vie limitée en l’état actuel des recherches sur la maladie.
David croise alors ses yeux à cet instant et devine sûrement les pensées de Gilles car un léger voile semble couvrir d’un coup, le regard aiguisé qu’il affichait jusqu’à présent.
Gilles lui prend la main et la serre fort avec un sourire. David se reprend et avale une grande gorgée de vin. Manu qui observe la scène comprend que David à parlé de sa maladie à Gilles, il prend également la main de David puis celle de Gilles.
A cet instant, les trois garçons semblent liés par une force impressionnante et une puissance émotionnelle enivrante.
Alors avant de sombrer dans une mélancolie annoncée, ils lèvent leur verre ensemble et portent un toast.

« A nous ! »

David boit une gorgée en se disant qu’il faut profiter de l’instant présent pendant qu’il le peut.
Manu boit une gorgée en se disant que David, malgré son jeune âge, à une force mentale impressionnante qu’il n’est pas sur d’avoir lui, le jour ou il apprendra que son Sida est déclaré.
Gilles boit une gorgée en se disant que si un jour Manu et David devaient s’éteindre, qu’il serait bien qu’ils se retrouvent tous les deux quelque part.
Que si il y’a quelque chose après tout ça, qu’il faudrait leur laisser cette chance.
Puis que le jour venu ou lui aussi partira, il aimerait les retrouver comme ce soir.
Gilles se dit qu’il a trop bu et qu’il est temps d’arrêter de délirer.
Il retient ses larmichettes et sourit aux deux garçons qui, ce soir, sont particulièrement lumineux.
Manu commande des digestifs comme Gilles s’y attendait.
La ronde des verres continue, les langues se délient.
Vers minuit et demie, ils se lèvent enfin pour repartir dans la chaleur nocturne et évacuer un peu leur vapeur d’alcool.

Ils marchent tous les trois, main dans la main.
L’air est un peu lourd, la fraîcheur à du mal à tomber malgré la nuit.
Ils se dirigent vers une boîte de nuit sur les pentes de la Croix-Rousse.
Ils sont heureux d’être ensemble tout simplement.
Gilles se surprend lui-même à se sentir si bien avec Manu et un nouveau venu.
La jalousie qui aurait pu survenir n’est pas intervenue.
C’est juste un simple bien-être qu’il ne s’explique pas.
Il en profite, tout naturellement.
Il sourit à la lune et fredonne une chanson.
Les deux garçons la fredonnent à leur tour et c’est à l’unisson qu’ils arpentent les rues.
Ils marchent d’un même pas, chantent d’une même voix.
Quelques noctambules croisent leurs chemins et doivent se dire que ces 3 lascars sont bien heureux de vivre.
Impossible de se douter que, parmi ces trois individus, un seul, pour le moment n’est pas dans l’expectative d’une mort annoncée.
Et qu’un seul gardera, pour toujours en mémoire, ces instants de vie dérobés.


A suivre...