02 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarante deuxième)

Gilles baise avec un garçon d’une grande douceur.
D’autres hommes sont autour d’eux, parfois une main se perd et courre sur le corps de Gilles ou du garçon.
Les corps sont humides et chauds.
Parfois des éclairs de lumière accrochent les pupilles qui sautent de gauche à droite pour essayer de deviner combien de corps sont dans la pièce, combien d’hommes s’enivrent de stupre, combien sont debout, combien sont à genoux…
Au bout de ce qu’il semble être une heure, Gilles s’extirpe de l’amas de chair qui bloque l’accès à la sortie de la pièce noire.
Le garçon avec qui il était le suit.
A la lumière, le même garçon à dans le visage, la même douceur qu’il avait dans les gestes.
Il a des cheveux très courts, très noirs.
Des yeux marrons très profonds et un sourire timide.
Gilles l’embrasse une dernière fois avant d’avancer vers le bar, le garçon semble vouloir dire quelque chose et Gilles pense qu’il veut lui demander s’il est possible de se revoir.
Il lui pose l’index sur les lèvres avec un petit sourire triste que l’on pourrait traduire par :

« Non joli garçon, je ne suis pas dans l’envie de commencer quelque chose pour l’instant, je suis amoureux d’un garçon blond, j’ai rencontré un garçon brun avec qui j’ai été blessant, ce soir j’ai consommé du sexe pour du sexe.
Désolé, je n’ai pas envie de rencontrer quelqu’un d’autre ce soir. Tu es mignon et tu sembles très doux. Après tout ce genre d’endroit n’est peut-être pas pour toi, tout comme moi, je ne suis pas pour toi… »


Voila ce à quoi Gilles à pensé dans ce sourire.
Le garçon semble avoir compris une partie du message car il hausse les épaules avec un petit air triste mais donne un rapide bisou à Gilles sur la joue.
Puis il s’éclipse.
Gilles ne préfère pas savoir s’il s’éclipse par la sortie ou bien par un retour dans les limbes du sous-sol sombre et glauque.
Gilles s’approche du bar et voit que David est en grande conversation avec un jeune homme au crâne rasé qui semble extrêmement mignon.
Gilles commande un verre tandis que Manu refait son apparition pour en commander un aussi.

« Alors ? Moment agréable ? demande Manu.
- Oui assez je dois dire. Je ne connais pas son nom, mais le garçon dans l’ombre qui m’a donné du plaisir était particulièrement mignon et très doux… Et toi ?
- Tout l’inverse !! J’ai pas joui et il était trop brusque. Du coup d’autres mecs se sont approchés et l’on s’est mélangé à eux. J’en ai eu marre et je me suis barré… Par contre, David à pas l’air se s’embêter à ce que je vois !
- Et non, dit Gilles. Il semble en très bonne compagnie. On va le laisser tranquille un moment non ?
- Ouais, répond Manu ! Emmène-moi danser !!
- Comme vous voudrez mon Prince ! »


Avec un clin d’œil, Gilles entraîne Manu sur la piste qui diffuse une musique house saturée de sons aigus qui ont la particularité de mettre en transe les corps de ceux qui s’agitent dessus.
Très vite, Gilles et Manu sont gagnés par cette transe et entre alcool et tabac, se laissent portés par l’ivresse du moment.
Les heures filent et les corps tournent.
C’est comme un tourbillon dont on ne verrait pas la fin.
Il est presque 7 heures du matin et Gilles et Manu sont avachis sur une banquette en se disant qu’il serait temps de rentrer dormir.
Ils cherchent David du regard, mais celui-ci n’est nulle part.
Il a du rentrer avec le garçon rasé.
Les deux garçons sortent alors de la discothèque, l’air hagard !!
La lumière du soleil les aveugle de façon abrupte.
Cela fait bizarre de sortir d’un endroit clos et sombre pour se retrouver, l’espace d’une ouverture de porte, dans une rue inondée de soleil et de gens qui courent de partout.
Ces gens vont travailler, comme le commun des mortels en ce lundi 4 juillet.
C’est le début des vacances d’été pour une partie de la France, mais pas pour la totalité, et au vu de la foule qui se presse dans les bus, les boulangeries, les tabacs aux alentours de la discothèque, la grosse moitié doit partir en août !!
Gilles et Manu reprennent leurs esprits et semblent comme deux extra-terrestres au milieu de cette agitation.
Ils doivent avoir une tête des plus terribles, car les gens les regardent étrangement.
Ils n’ont pas sommeil et décide de se reprendre un peu en main.
Ils vont prendre un petit déjeuner à la Brasserie de Bondy.
Une grande brasserie rouge qui sert à manger très tôt le matin, à partir de 5h00.
Ils pénètrent à l’intérieur et décident finalement de manger quelque chose de consistant pour éliminer les effets de l’alcool.
Ils choisissent une petite table en terrasse, sur le quai de Saône. Un peu en retrait du passage.
Chacun leur tour ils vont aux toilettes pour soulager leur vessie alcoolisée et se passer de grande rasade d’eau sur le visage et la tête.
Fin prêt, ils mettent les lunettes noires essentielles pour ne pas avoir l’air trop dépravés après cette nuit fauve.
Ils ont commandé de l’eau, beaucoup d’eau et deux steaks Tartare.
Ils adorent ça tous les deux. En plus, dans cette brasserie, ils les font devant le client. C’est toujours un cérémonial que Gilles adore.
Ils ont l’eau à la bouche quand ils prennent une première fourchetée de ce plat délicieux. Des frites accompagnent ce léger repas qui remet leur estomac à l’endroit.
C’est absolument ce qu’il leur fallait pour pouvoir être tout de même d’attaque.
Aux alentours de 9h00, ils aperçoivent David qui erre sur le quai. Ils l’appellent.
Celui-ci semble perdu et retrouve le sourire quand il les voit.

« Alors, t’étais ou ?
- Je suis rentré avec le mec rasé, Nicolas, il habite à deux pas.
- Et alors ? demande Manu ?
- Et alors on a passé un super moment. Je viens de partir car je n’avais pas envie de dormir chez lui. Je me demandais bien comment j’allais pouvoir rentrer chez toi moi !! Heureusement que je vous trouve !!
- Et oui, dit Gilles. Nous sommes un peu tes anges gardiens finalement !!
- T’as vu la gueule des anges ? réplique David dans un petit rire moqueur !!
- Tu vas voir ce qu’ils vont te mettre les anges !! dit Manu !
- Chiche ? dit David !!
- Petit polisson, tu n’es jamais rassasié toi ?
- Non, jamais ! »


David pique une frite par-ci, une frite par là puis lorsque les garçons ont terminés, ils se dirigent vers le bus pour se mêler à la foule des travailleurs.
Personne ne semble avoir véritablement sommeil.
Manu prend les choses en main et propose de passe la journée au bord de l’eau.
Il connaît un coin tranquille au bord de la rivière d’Ain.
Un coin plein de verdure, d’ombre et de soleil. Faut juste acheter deux-trois trucs pour pique-niquer.
Sylvie à sa voiture et comme elle à dû partir ce matin même en déplacement, elle à du la laisser dans la rue.

Ni une ni deux, les garçons s’engouffrent dans le bus, puis au bas de l’appart rentrent dans l’épicerie pour prendre de quoi manger et boire.
Pas d’alcool. Il fait trop chaud le jour pour se livrer à l’ivresse.
Puis la nuit fut assez rude comme ça au niveau du foie.

La voiture est là où ils le pensaient.
Ils démarrent directement.
Ils se baigneront dans la rivière et cela fera office de douche.
Ils n’ont pas de maillot, mais Manu dit que l’endroit est désert.
Donc pas besoin de fioritures.
David monte à l’arrière et commence à manger un peu de chocolat.
Manu ouvre les fenêtres en grand, la chaleur commence déjà à attaquer la ville.
Gilles allume une cigarette.
Les trois jeunes hommes prennent la route.
Une heure plus tard ils sont arrivés dans cet endroit désert et absolument divin.
Manu gare la voiture à l’ombre, ils sortent couverture et nourriture.
Puis ils jettent leurs vêtements et s’immergent dans l’eau froide de la rivière.
Les corps nus et fatigués par la nuit retrouvent une vigueur nouvelle et la pression dans les vertèbres, la nuque et la tête redescend en un clin d’œil.
Ils sortent de l’eau et s’étendent au soleil.
Ils ont envie de refaire l’amour tous les trois.
Mais ils ne se le disent pas.
Les trois garçons s’endorment sous les rayons qui filtrent à travers les arbres nombreux.
Il n’y a pas un bruit à part celui de la rivière et des sauterelles qui commencent à chanter l’été.
Un été qui s’annonce chaud.
Un bel été.

Mais l’ultime pour David.
Le mal à commencé sa route et il s’insinue dans chaque vaisseaux sanguins.
Même en plein soleil il peut faire nuit.


A suivre...