25 mai 2007

Sur le Trajet (chapître trente troisième)

Peu après 3h00 du matin Gilles et Fabrizzio rentrent dans l’appartement.
Ils sont dans la cuisine et boivent un grand verre d’eau. Il fait un peu chaud cette nuit et cette chaleur laisse déjà présager un été rude.
Gilles prend place sur une chaise :

« Tu sais, dit-il, je ne sais pas ou va mener cette histoire moi non plus. J’ai vécu un amour infini ces six derniers mois avec un garçon que j’aime encore. Pour tout te dire, je n’avais pas prévu une rencontre avec une poursuite derrière. Mais tu m’as plus aussi. Tu me plais tout simplement. J’aimerai simplement que tu me laisses du temps pour voir comment je vais évoluer. Cela fait à peine trois semaines que Manu est parti et je ne suis pas encore disponible émotionnellement pour commencer quelque chose tout de suite. Puis je passe mon bac en ce moment et j’ai besoin d’air pour y faire face tout en gérant ma rupture. Je ne peux pas non plus rajouter la gestion d’une nouvelle rencontre… Tu comprends ?
- Oui je comprends bébé. Je sais que tu as été chamboulé en peu de temps et s’il le faut, et bien j’attendrais. Mais je ne veux pas attendre pour de fausses promesses. Tu me dis ne pas savoir aujourd’hui ? Ok ! Mais je veux que tu me dises franchement ce qu’il en est quand tu auras pris ta décision. Je ne veux pas être dans le non-dit. Tu pense que c’est faisable ?
- Bien sur que c’est possible. Je ne suis pas là pour te faire du mal ou te faire espérer des chimères. Je veux simplement que tu me laisses du temps. Que tu ne m’appelles pas tout de suite lorsque je serai parti demain. Car demain je rentre chez moi. Tu t’en doutes forcément. Et je vais mettre un peu ma vie entre parenthèses en attendant la fin des épreuves. Tu penses pouvoir être assez patient ?
- Oui, je te le promets. François rentre à la fin de la semaine de toute façon. Donc dans l’absolu si l’on ne se revoit pas avant vendredi et bien il faudra attendre encore une bonne dizaine de jours avant de pouvoir le refaire. Donc, dans l’absolu, tout ceci nous mène à la fin du mois. Cela tomberait pile pour la fin de tes exams non ?
- Oui effectivement… Alors on fait comme ça ? Demain je pars et on reprend contact à la fin juin ? C’est moi qui t’appellerai ok ?
- Comme tu voudras bébé, l’important c’est que je te revois car tu me manques déjà… Mais je te promets, je ferai un effort et ne pas te déranger pendant cette période. Mais elle va être dure à vivre pour moi car je n’aurai que toi en tête et que François en face !
- Evade-toi dans ta tête alors, et le temps passera plus vite, dit Gilles »


Fabrizzio, comme touché par cette dernière phrase s’approche et prends Gilles dans ses bras. Il le sert si fort contre lui qu’il peine à respirer. Il sent que Fabrizzio pleure doucement. Alors il lui caresse les cheveux tendrement. Il prend la tête de ce dernier entre ses mains et lui embrasse les yeux. Doucement, un par un, il sèche ses larmes par le contact de ses lèvres.
A cet instant Fabrizzio semble redevenir un enfant fragile. Il a dans les yeux toutes les peurs de l’enfance, de l’abandon, de la solitude.
Ce regard emplit Gilles d’une vraie tendresse, et il comprend que, petit à petit, quelque chose est en train de germer en lui. Une petite boule de chaleur qui le pousse à garder le jeune homme contre lui. Pour le protéger, le mettre à l’abri.

Enfin, au bout de quelques minutes, Fabrizzio se reprend et dit à Gilles qu’il est temps d’aller dormir.
Cette dernière nuit avant la fin du mois il veut en profiter pour être contre Gilles, se nourrir de la chaleur de ses bras et lui donner la sienne en retour.
Les deux garçons s’endorment donc tout simplement dans les bras l’un de l’autre.
La nuit s’écoule entre mouvements désordonnés d’un sommeil lourd et du souffle léger de leur respiration respective.

Vers les neuf heures du matin, le téléphone les sort de leur sommeil.
Le répondeur s’enclenche, il est dans la chambre :

« Allo Fab, c’est moi. Je te rappelle que je rentre vendredi à midi. Je compte sur toi pour être là à mon arrivée. Je t’embrasse ! »

Fabrizzio tourne la tête vers Gilles, l’œil encore empreint de sommeil.
Il à un sourire triste.
Il propose tout de même un petit déjeuner à Gilles qui accepte.
Après la douche, ce dernier le rejoint en cuisine pour manger.
Ils ingurgitent un thé et des toasts de confiture.
Le silence est lourd et palpable.
Gilles sent qu’il est temps de partir.
Il se lève et déjà Fabrizzio à les yeux qui s’affolent, mais il se reprend.
Il fait contre mauvaise fortune bon cœur et se force à faire un petit sourire en coin, même si la tristesse que l’on peut lire dans ses yeux en dit long quant à sa douleur intime de le laisser partir et de rester seul.

Gilles enfile son sac à dos et donne un baiser au garçon dont les mains tremblent sur la table. Ils se disent ‘aurevoir’ et Gilles disparaît derrière la porte qui se clos lourdement sur ses pas dans l’escalier.
Il se retrouve dans la rue, et déjà la chaleur est suffocante.
Il se dirige vers son bus sans se retourner.

Au dernier étage de l’immeuble auquel il tourne le dos, un garçon brun l’observe derrière les rideaux lourds. Le garçon en question est né en Ombrie il y’a plus de vingt ans.
Ce garçon a les yeux si noirs que l’on peut s’y mirer à la lumière du jour.
Ce garçon s’agrippe aux rideaux pour ne pas tomber.
Il a tellement mal au ventre de laisser partir son nouvel amant qu’il sent qu’il va se sentir mal.
Le garçon ferme les rideaux quand son amant à disparu de son champs de vision.
Il se laisse glisser le long du mur, et, accroupi par terre dos au mur, il laisse aller sa tête d’avant en arrière…
Elle heurte le mur de plus en plus fort.
Fabrizzio étouffe un cri.
Fabrizzio n’aime pas qu’on le quitte…


A suivre...