18 mai 2007

Sur le Trajet (chapître vingt-septième)

Madame Mère ouvre la porte avec enthousiasme et demande comment s’est passé cette première épreuve.
Gilles lui dit que tout à bien marché et comme il à un sourire radieux, Madame mère prend ce qu’il dit pour argent comptant.
Et elle a raison, puisque effectivement tout s’est bien déroulé dans cette épreuve.
La prochaine étant l’anglais, Gilles se dit que cela devrait être assez simple. Il aime cette langue et ne se débrouille pas mal depuis plusieurs années.
L’examen est dans une dizaine de jours, il va donc prendre un peu de temps pour lui.

« Maman, ce soir je sors pour me changer les idées !
- Ah oui ? Tu va ou ?
- Je sais pas, faut que j’appelle Nath pour voir comment ça s’est passé pour elle et on verra…
- Passes lui mon bonjour, et j’espère qu’elle s’est bien débrouillée aussi !
- Ben c’est ce que je vais voir tout de suite. Je vais l’appeler… »


Gilles appelle Nath mais n’a nullement l’intention de la voir le soir même. Il veut être seul dans ce bar et passer la nuit avec un inconnu.
C’est son but aujourd’hui.

Nath n’est pas très enthousiaste quant à sa dissertation de philo, mais comme elle est d’un naturel légèrement pessimiste, Gilles se dit qu’elle minimise encore ses facultés.
Il lui remonte un peu les bretelles et il raccroche.
Le téléphone sonne au même moment et Gilles décroche :

« Oui ?
- Gilles ?
- Oui…
- C’est Sylvie…
- Salut toi !!
- Alors cette épreuve ?
- Je suis très content de moi. Et toi, tu vas bien ? T’es à Lyon ?
- Oui je suis rentré il y’a deux jours et j’ai pensé à toi ce matin alors j’en ai profité.
- C’est gentil….
- … »


Gilles sent arriver la question.
Elle enfle en lui au niveau du ventre…
Elle remonte le long du sternum…
Telle une acidité gastrique elle s’insinue dans le larynx, remonte vers la gorge et se crache contre le microphone :

« Sylvie ? Tu as des nouvelles de Manu ?
- Je savais bien que tu n’attendrais pas plus de 60 secondes pour me poser cette question… Et la réponse est non ! Désolée, je n’ai rien ! Ni carte, ni lettre, ni appel… J’attends, je ne peux pas t’en dire plus.. Désolée ! Mais tu sais bien que si j’en avais eu tu aurais été le premier informé, tu peux me faire confiance !
- Merci c’est adorable. Mais il y’a un tel manque de lui la nuit, c’est ahurissant. Mais j’ai eu la chance de pouvoir pallier ça la journée par mes révisions. C’est déjà une bonne chose…
- Ne perd pas ta concentration. Je suis persuadé que quand il refera surface il t’appellera en premier.
- Je l’espère… En même temps ça me fait peur…
- Je te comprends, et je t’avoue ne pas être rassurée non plus…
- En tous cas on perd pas le fil entre nous hein ? Promis ?
- T’inquiètes pas mon Gillou, on reste en contact.
- Je t’embrasse fort ma grande et à très vite.
- Ciao bello »


Gilles reste un instant la main figée sur le combiné.
Il se dit que Sylvie est vraiment une fille bien. Elle a pensé à lui aujourd’hui pour le bac et elle l’a appelé.
Ca lui fait chaud au cœur.
Il se dit qu’il aurait pu l’appeler avant.
Déjà plus de 15 jours qu’il est parti de l’appart. Et il se sent bien con de n’avoir pas rappelé !!

Il est temps de passer à table et Gilles meurt de faim.
Il dévore une viande rouge et une salade de tomates.
Il laisse son esprit vagabonder.
Il a envie de faire une longue sieste après ce déjeuner.
Madame Mère l’encourage.

A 18h, Gilles refait surface. Il se précipite sous une bonne douche chaude qu’il termine glacée.
Il met une paire de pantalons noirs, des chaussures noires coquées, un tee-shirt rouge vif et enfile son petit sac à dos noir.
Il est prêt.
Il dévale les escaliers, prend le premier bus et se dirige vers le bar.
La rue est étroite et l’endroit sombre.
Après avoir sonné, il pousse la porte qui s’ouvre sur un petit bruit de gonds grinçants.
Il y’a de lourds rideaux de velours rouges qui forment un petit hall.
Le barman lui sourit et ouvre les rideaux.
Le bar est tout en longueur, avec une scène au fond.
La moquette est rouge et le bar est en bois lourd et sombre.
Il est presque 20 heures, et déjà plusieurs garçons discutent en buvant.
Certains d’entre eux lorgnent vers Gilles qui fait semblant de ne rien voir et sirote son Martini rouge tout en tirant sur sa cigarette.
C’est bien une cigarette… Ca donne une contenance !

Gilles n’a encore pas vu le garçon brun au regard sombre qui le scrute dans l’obscurité.
Et quand il croise ses pupilles noires, il est déjà trop tard…


A suivre...