02 mai 2007

Sur le Trajet (chapître vingtième)

Quelques jours plus tard, Manu sort de la chambre 218 et de l’hôpital par la même occasion. Il est rétablit et se sent en pleine forme. Il n’a plus de diarrhées depuis 3 jours et se nourrit convenablement. Il doit néanmoins et dorénavant, boire au moins un litre d’eau par jour.
Les analyses médicales n’ont rien identifiées de particulier et le diagnostic se clos par une gastro-entérite aigüe aggravée par un manque d’hydratation et une alimentation peu équilibrée.
Toutefois, Manu sait très bien que la gravité de sa gastro est bien évidemment liée à son statut sérologique qui fait que, petit à petit, ses défenses immunitaires se meurent faisant ainsi d’une simple petite infection, une lutte échevelée pour reprendre le dessus.
Manu se demande alors qu’est-ce que ce sera quand ce ne sera pas une « simple petite infection » qui lui tombera dessus !!
Mais aujourd’hui Manu n’y pense pas.
Il va bien, le soleil brille en ce joli mois de mai et Gilles est dans le jardin qui l’attend pour rentrer avec lui.

Manu l’aperçoit à travers la vitre et sent monter en lui un sentiment puissant qui lui fait penser que c’est ce garçon qu’il à longtemps chercher et que c’est ce garçon qu’il veut pour aller jusqu’au bout.
Pourtant à-t-il le droit de lui faire endurer ça ?
Le garçon va bientôt avoir 19 ans et il n’a peut-être pas besoin, au commencement de sa vie amoureuse, d’accompagner son premier amour vers une mort inéluctable.
Il a encore des étoiles dans les yeux et Manu s’en voudrait tellement de les faire pâlir, voire s’éteindre…
Alors il va falloir qu’il prenne une décision Manu, pour le bien de Gilles, pour le bien de celui qu’il aime. Et tant pis si Manu finit seul, il en a l’habitude.
Il préfère faire mal à Gilles avant que la situation ne se dégrade et que chaque jour qu’il passe aux côtés de Manu ne soit trop dur à vivre pour sa jeune vie.
Accompagner quelqu’un vers une fin de vie doit être très dur à vivre au jour le jour, Manu le sait, et il à peur que Gilles, aveuglé par son amour pour lui, ne s’en rende pas véritablement compte.
Puis Manu préfère finir ça seul. Ce sera entre lui et son VIH. Il n’y aura personne d’autre pour souffrir.
Manu le veut !
Il ne sait pas encore comment, mais il va changer des choses dans sa vie.
Par amour pour Gilles il va prendre des décisions.
Pour le moment il regarde Gilles à travers la porte d’entrée. Il la pousse et le rejoint pour se jeter dans ses bras.
Tandis qu’ils sont enlacés, Manu lui demande pardon en silence et par avance du mal qu’il va lui faire.
Manu le serre plus fort encore.
Plus fort qu’il ne l’a sans doute jamais fait avant.

Gilles est heureux d’être dans les bras de son amour. Il sent que la réciproque est vraie à la force de l’étreinte de Manu qui semble effectivement avoir retrouvé toutes ces forces.
Tandis qu’il est dans ses bras, Gilles ferme les yeux et s’imagine comme ça pour l’éternité.
Retrouver chaque nuit, chaque matin les bras de Manu, s’y blottir et se repaître de sa chaleur.
Vivre, aimer, danser, rire, pleurer, partager tout, toujours tout avec Manu.
Après les premiers doutes liés à ces derniers jours, aujourd’hui il le sait, il aura la force d’aller jusqu’au bout. Tant pis si ça lui laisse des cicatrices à l’âme, il veut accompagner Manu jusqu’à la fin.
Gilles le veut !
Il ne sait pas encore comment mais il va tenter de faire changer les choses et de lui rendre les jours de souffrance plus doux.
Ces jours de souffrance qui sont peut-être encore lointains, ou peut-être pas.
Alors il faut se tenir prêt.
Pour le moment il serre Manu contre lui, il essaie de lui rendre toute la puissance de son étreinte en lui demandant en silence de l’accepter à ses côtés pour combattre ensemble.
En cet instant précis ils tourbillonnent dans la brise du soir…
Les gens les regardent ébahis, outrés, amusés… C’est selon…

Nous sommes en mai 1987, c’est une fin d’après-midi de printemps.
Deux amants ont des volontés farouches.
Deux amants ne savent pas que leurs volontés sont à l’opposé.
Deux amants, par amour, vont se perdre…


A suivre...