19 avril 2007

Sur le Trajet (chapître dixième)

Quelques jours plus tard, Gilles doit passer son bac blanc. Il a donc dormi chez lui car ses cours sont en grande partie sur son bureau et il avait besoin d’être seul pour une dernière révision et dormir tôt.

Car lorsqu’il dort chez Manu, il ne peut que s’endormir tard du fait des longues discussions pendant le diner, des digestifs qui s’en suivent, puis les longs moments d’amour, quelques cigarettes, encore d’autres instants volés de cœurs et de corps et souvent c’est vers 2h du matin que les deux garçons s’endorment.
Manu ne travaille pas en ce moment, il a quitté la brasserie. Il est comme ça Manu, dès qu’il en à marre d’un endroit il s’en va. Puis de toutes manières, en tant que serveur-barman, il retrouve un travail en 48h s’il le souhaite.
Gilles lui, est debout aux aurores car ses cours débutent à 8h en cette année de terminale. Ainsi, et même s’il n’a pas besoin de beaucoup d’heures de sommeil pour récupérer, Gilles n’est cependant pas toujours en phase avec les cours.

C’est pourquoi, ce soir là Gilles appelle Manu avant de se coucher. Cela fait bien longtemps qu’ils n’ont pas dormis séparés. Ca fait drôle ce soir de se retrouver seul.
Il compose le numéro depuis sa chambre.
C’est au bout de plusieurs sonneries que la voix de Manu se fait entendre. Une voix fatiguée, vidée.
Gilles se souvient que ce matin en partant en cours de chez lui, il n’avait pas trouvé Manu en grande forme. Mais il était en retard et à donc laissé Manu se rendormir après son départ.
Ce soir, l’impression du matin survient de nouveau. Il écoute le souffle tendu de son homme, le bruit est sifflant et il parle doucement.
Il raconte à Gilles qu’il à de la fièvre depuis ce matin et les jambes en coton. Qu’il à tout le temps soif et à du mal à respirer, qu’il transpire beaucoup, bref « une bonne crève » comme il dit.
Gilles est inquiet après avoir raccroché le téléphone. Il essaye de se tranquilliser néanmoins. Après tout il fait très froid et personne n’est à l’abri d’un rhume ou d’une grippe.
Non, personne n’est à l’abri, cependant certains le sont encore moins que d’autres. Quand les défenses immunitaires chutent, c’est la porte ouverte à tous les microbes.
Gilles parvient tout de même à s’endormir malgré l’inquiétude.

Le lendemain matin, il part en temps et en heure pour se rendre au lycée et commencer les premières épreuves. Ces dernières s’enchaînent pendant quatre heures et vers midi Gilles n’a qu’une heure pour déjeuner. Il fonce à la boulangerie pour s’acheter un sandwich et se précipite chez Manu.

Quelques jours avant, Manu lui avait fait une surprise. Le matin, avant que Gilles ne parte à son lycée Manu avait glissé dans sa main un trousseau de clés. Les clés de son appart. Il lui avait murmuré à l’oreille qu’il était ici chez lui et qu’il pouvait venir quand bon lui semblait. Même quand Manu n’était pas là, si Gilles voulait juste se reposer, prendre une douche, faire une pause, il faisait comme il voulait. Manu et Sylvie en avaient parlé et ils étaient tombés d’accord pour que Gilles fasse chez eux comme chez lui.
Le cœur de Gilles à failli imploser à ce moment. C’était le plus beau cadeau que Manu puisse lui faire. Il l’a embrassé si fort qu’il a bien cru s’en décrocher la mâchoire !

Ainsi en ce jour de bac blanc et le sandwich au bec, Gilles ouvre la porte du petit appartement ou il se sent maintenant comme chez lui.
Tout est sombre, les volets baissés et une odeur de médicaments.
Manu est encore couché, il est réveillé cependant et offre à Gilles le plus beau des sourires. A travers ce sourire, ce dernier lit tout l’amour du monde, toute la tendresse d’un garçon qui est heureux de voir arriver celui qui fait chanter sa vie.
Gilles va le rejoindre et l’embrasse profondément. Tant-pis si lui aussi choppe la crève, mais il ne peut pas faire autrement. C’est plus fort que lui. Toujours ce besoin de le toucher, de l’entourer…
Mais il est encore chaud, son visage, son front. Puis il n’a rien mangé depuis la veille. Il dit qu’il n’a pas faim. Gilles redescend à la boulangerie et lui achète un énorme pan-bagnat, ces énormes sandwichs bourrés de légumes de toutes sortes, il achète également une grande bouteille d’eau pétillante, des fruits et des yaourts. Il remonte en quatrième vitesse et l’oblige à se nourrir un peu.
Au final, Manu dévore le sandwich et avale deux yaourts et un kiwi. Il avoue se sentir un peu mieux finalement. Gilles est tout content de sa petite prestation de soigneur. Il insiste toutefois pour que Manu appelle son médecin dans la journée si la fièvre ne baisse pas.
Manu lui promet de faire le nécessaire.
Rassuré, Gilles l’embrasse de nouveau et file reprendre le cours de sa journée et de son bac blanc. Il ne reste qu’une épreuve de trois heures et ensuite il a fini. Il doit boire un café après l’épreuve avec ses copains de classe, mais il sait déjà qu’il ne s’éternisera pas avec eux.
Dès qu’il aura fini, il ira rejoindre son doux malade.

Vers 18h, Gilles revient de nouveau à l’appart. Il arrive en même temps que Sylvie qui est ravie de le voir arriver. Elle s’inquiète pour Manu et est contente de ne pas être toute seule ce soir pour s’occuper de lui. Ils montent tous les deux ensembles.
Manu est assis sur le bord du lit, son médecin à côté est en train d’écrire une ordonnance. Quelques cachets, du sirop, des antibiotiques et une prise de sang.
Il faut vérifier le taux de T4 dans le sang. Une maladie opportuniste peut être très dangereuse dans le cas de Manu. Il ne faut pas laisser traîner les choses.
Gilles assure au médecin qu’il l’accompagnera au labo que ça lui plaise ou non. Manu le regarde en faisant une moue boudeuse puis se met à sourire immédiatement.
Et oui Manu, Gilles veille sur toi comme toi tu veilles sur lui.
Il est prêt à tout pour toi.

Il oublie juste de se protéger lui-même.
De se mettre des barrières.
Il oublie qu’un jour ou l’autre il y’aura une échéance fatale.
En fait, il se peut qu’il n’oublie pas, mais qu’il veuille simplement ne pas y penser.
C’est plus simple sans doute.
Enfin c’est ce qu’il croit à ce moment-là…


A suivre...

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Mon dieu mais les épisodes s'enchainent!!!!! Par chance c'est pas comme à la télé où l'on doit attendre parfois un an pour passer aux saisons suivantes!!! Cooolll

9:36 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home