17 avril 2007

Sur le Trajet (chapître septième)

Quelques jours plus tard, G quitte M un matin pour rentrer chez lui. Il n’a pas cours aujourd’hui et va en profiter pour rattraper son retard dans quelques matières et déjeuner avec sa mère.
Il prévoit néanmoins de retrouver son bel amour ce soir pour aller diner au resto. M est ravi d’autant qu’il ne travaille pas ce soir et n’a pas d’extras de prévu.
G part donc au petit matin.
Nous sommes fin janvier 1987.
G arrive chez lui et se met tout de suite au travail après avoir embrassé ses parents au préalable. Son père part travailler et sa mère faire quelques courses.
Cette dernière à arrêter de travailler depuis 2 ans et a du mal à accepter l’inactivité.
Aussi est-t-elle toujours en train de faire quelque chose, à droite, à gauche.

Peu avant midi, madame mère rentre des courses, tandis que G est toujours dans sa chambre en train de travailler. Il ne prête pas attention à la sonnette de la porte d’entrée qui retentit. Il est absorbé par ses cours. Et comme les voisins viennent souvent sonner à la porte, il ne s’en occupe pas.
Pourtant, 2 minutes plus tard, sa mère ouvre la porte de la chambre en lui disant qu'un ami est venu le voir.
G lève les yeux et derrière sa mère aperçoit le minois tout penaud de M.
G fait un effort surhumain pour rester placide et feindre la bonne surprise devant sa mère. D’ailleurs c’est une bonne surprise, mais les circonstances ne se prêtent pas à l’attendrissement et aux effusions.
G se lève pour serrer la main de M, tel le bon garçon hétéro qu’il est censé être depuis toujours.

A vrai dire depuis cette lointaine année 1981.
Cette année là, G avait tout juste 13 ans mais faisait beaucoup plus âgé du fait qu’il avait une taille grande pour son âge. Toujours est-il qu’il savait déjà vers quel sexe ses désirs le portait, et n’écoutant que son courage, avait répondu à une petite annonce dans un journal gay.
Un garçon à Lyon cherchait un autre jeune garçon. Le garçon en question avait 22 ans et G lui écrivit qu’il en avait 16.
La semaine suivante la réponse du destinataire est parvenue à G.
La lettre était posée sur son bureau, il l’ouvrit.
Le garçon disait avoir envie de rencontrer G, qu’il était content de rencontrer un jeune homo dans sa ville. Le seul problème, disait-il, c’est que comme G était mineur, il avait peur de faire une connerie…
G était content déjà d’avoir une réponse, d’autant que le garçon lui avait donné son numéro de téléphone. G allait l’appeler sans tarder et il saurait être très convaincant pour que le garçon accepte de le voir tout de même. Il en était sur : il le verrait coûte que coûte.
Fort de sa décision, il repart en cuisine pour déjeuner avec ses parents, qui, à l’époque, travaillaient tous deux.
Madame mère le regarde en coin en lui demandant de façon anodine qui lui avait écrit. Il à bien sur répondu un petit mensonge sans importance, désignant une vieille connaissance de collège qui déménageait…
La pillule devait passer ainsi.

Après le départ du père, madame mère revint à la charge à propos de la lettre et lui dit que, parce qu’elle croyait que la lettre émanait du collège, elle l’avait..ouverte !!
Le sang de G passa en une seconde de la tête aux pieds. Il avait l’impression d’avoir les jambes en plomb et ne plus pouvoir bouger.
Au vu de son jeune âge, la mère de G lui intima immédiatement de détruire cette lettre et de ne jamais rencontrer ce garçon. Car G était trop jeune pour baiser avec un mec.
C’était clair. C’était net. C’était sans appels !
G n’a jamais reparlé de cet épisode avec sa mère, et réciproquement.
Toutefois sans l’avoir jamais dit, la semaine qui à suivit l’arrivée de la lettre il a vu le garçon et à baisé avec lui. C’était purement sexuel. Il n’en pouvait plus d’envie le petit G, et ce jour là, pouvoir enfin toucher le corps d’un homme lui révéla définitivement sa vraie nature : Homosexuel !

La main de M est tiède et G lui sourit tandis que sa mère ferme la porte en les laissant seuls. M se confond en excuses mais ne savait pas comment faire autrement. N’ayant toujours pas le numéro de téléphone de G il n’avait d’autres choix de venir chez lui pour le prévenir que finalement le soir il travaillait et ne pouvait donc pas aller au resto.
G est touché que M ait fait le chemin juste pour ça. Il faut vraiment qu’il pense à lui laisser son numéro. Maintenant il sait qu’il n’a rien à craindre.
Donc tant pis pour le resto, G propose d’aller le chercher à son travail à la fin du service. Vers minuit. Il ira au ciné avant et l’attendra. M est d’accord et repart donc chez lui, non sans avoir émis discrètement un rapide baiser avant de partir au coin des lèvres de G dont le cœur bat à tout rompre.
G le raccompagne à la porte, M salue la mère de G et s’en va.
G referme la porte.
Il est midi dix.
Il est temps de se mettre à table.
Au vu du regard de madame mère, ce sera au sens propre comme au sens figuré.
Mais G est loin d’imaginer la réaction que va avoir sa mère dans quelques instants...


A suivre...