16 avril 2007

Sur le Trajet (chapître cinquième)

G ne quitte pas M du regard tandis qu’il commence à parler…

« Tu sais, je ne suis pas quelqu’un de très recommandable et ce à plus d’un titre. Il faut que tu saches que je ne suis pas très fidèle en amour. Je n’y peux rien, c’est plus fort que moi, je ne peux pas me satisfaire d’un seul corps, c’est comme ça. Pour tout te dire, je suis avec un garçon depuis plusieurs mois déjà. Il s’appelle D. Je ne te cache pas que cela ne va plus très bien entre nous et c’est certainement aussi une des raisons qui fait que tu es là aujourd’hui. Je ne pensais pas aller plus loin avec toi. Tu m’as surpris sur beaucoup de points et tu es très attachant. C’est pour ça que je te dis ces choses aujourd’hui. Je sens que tu t’attaches à moi et je sens que c’est réciproque. Mais je ne veux pas que tu ériges des espoirs et de beaux lendemains pour l’éternité. Je sais qu’un jour je te quitterai, c’est comme ça. C’est une histoire qui durera peut-être longtemps, mais un jour je partirai. Cette histoire qui commence ne sera pas éternelle… »

G s’en fout de l’éternité. Seul l’instant présent lui importe et tout ce qui peut bien arriver après il s’en fout. C’est aujourd’hui qu’il est bien avec M, c’est aujourd’hui qu’il a envie de le voir, de le toucher. Et finalement G lui est reconnaissant de cette franchise. Il ne l’en apprécie que davantage. Et le fait de savoir qu’une histoire finira obligatoirement ça peut éviter des bleus à l’âme.
De toutes façons G sait très bien qu’il va en baver à un moment ou à un autre car déjà il tombe amoureux de M. C’est rapide, c’est limpide, c’est sans appel.
Pour l’instant il est l’amant. « Amant » quel terme romantique. C’est sensuel un amant, c’est secret un amant, c’est dans l’ombre un amant, ca à un côté intouchable, un amant… Alors il est prêt G, il va foncer. Il attend ça depuis tellement de temps…

« Comme j’ai confiance en toi j’ai envie aussi de te dire des choses que tu risques d’apprendre par d’autres un jour, et je préfère que ce soit par moi.
Je n’ai pas un passé tout blanc, même plutôt gris.
Quand mes parents ont su que j’étais homo ils m’ont foutu à la porte. J’avais 19 ans à l’époque, ça fait donc un peu plus de 5 ans que je ne les ai plus revus. J’ai tenté de rappeler ma mère un jour. Elle était contente d’avoir de mes nouvelles, mais sans plus…
C’est dur d’être mis dehors de chez toi si jeune et de perdre du jour au lendemain l’amour de tes parents. Je n’ai pas compris, et j’avais de la haine à évacuer.
J’ai fait des conneries qui m’ont amené à faire 2 années de prison. Je crois que je suis marqué à vie par ces deux ans, et ça m’a bien coupé l’envie de recommencer mes conneries. J’ai ces 4 murs dans ma tête tout le temps et certaines nuits j’étouffe. Ca me réveille en sursaut, ça me terrifie encore.
Je te dis ça parce que je sens que tu ne vas pas me juger et que j’ai envie de ne rien te cacher des choses du passé.
Parce que le passé, un jour où l’autre ça te revient toujours en pleine gueule et les dégâts sont souvent irréparables… »


G s’en fout du passé. Car le passé il est derrière et il n’a qu’ à rester ou il est. G sent son cœur battre plus fort. M à des cicatrices en lui. Ces cicatrices qui forgent une personne. En bien ou en mal, certes. M à dansé avec le diable ? Et alors ? G s’en moque. On flirte tous un jour ou l’autre avec le mal. On ne marque pas à vie pour autant toutes les personnes. Puis le manque d’amour peut donner à pardonner beaucoup de fautes. Les parents de M l’ont rejeté parce qu’ils n’ont pas acceptés sa vie sexuelle. G se dit que cet acte de non amour est bien plus répréhensible que les petits larcins de M.
Puis ce petit côté voyou repenti est plutôt excitant non ?
Alors c’est pas ça qui va empêcher G de foncer.
Au contraire, G veut le serrer encore plus fort, l’étreindre et l’amener dans les étoiles…

« Maintenant je vais te parler de l’instant présent car c’est obligatoire pour moi. Puis c’est pour toi aussi…
Je suis séropositif !
J’ai choppé cette merde dans mes années sombres ou entre drogue et sexe je faisais tout et n’importe quoi. Puis de toutes façons à l’époque y’avait aucune informations et puis je m’en foutais royalement de tout. Aussi, maintenant j’ai ça en moi.
Comme ça fait deux fois qu’on fait l’amour et qu’on à pas pris de risques, je préfère te le dire tout de suite pour te donner le choix. Je comprendrais que tu ne veuilles pas aller plus loin. C’est légitime d’avoir peur, puis j’ai l’habitude de voir les gens partir quand je leur dit. Mais je trouve ça plus sain que de cacher la vérité.
J’ai décidé de ne pas me soigner. Je n’ai pas envie de prendre de l’AZT. Ca tue plus que ça ne soigne. J’en ai vu crever plus vite avec cette merde qui attaque tout à l’intérieur de toi juste pour soi-disant tuer le virus. Mais moi j’ai pas envie de faire le cobaye, l’AZT est une molécule qui est arrivé récemment, et personne ne sais ce que ça peut faire. Moi mon virus je le garde tel quel, c’est une bombe qui explosera forcément un jour, mais en attendant je veux vivre comme avant, normalement !
C’est ma vie et j’ai le droit de choisir ma mort. De toutes façons c’est inéluctable et l’on commence tous à mourir un peu le jour de notre naissance… »


G à le cœur lourd. Non pas de peur mais d’une profonde tristesse de savoir qu’il y’a une mort annoncée juste en face de lui à cet instant. Tout le monde sait que la mort est au bout du chemin, mais de savoir que le chemin ne va plus être très long doit être terrible à vivre. D’ailleurs G n’arrive même pas à imaginer comment on peut faire, ça le dépasse.
Tout ce qu’il sait c’est qu’il n’a pas peur d’aimer M. Il l’a déjà dans la peau, et en l’espace d’une heure de confidences, il sent déjà que ça va faire mal, mais que pour le moment ça fait tellement de bien qu’il ne reculera pour rien au monde.
G remercie intérieurement M de toute cette confiance, de toute cette honnêteté.
Maintenant il à toutes les cartes en mains.
Nous sommes en 1986, G à 18 ans passés, c’est bientôt Noël et G est amoureux pour la première fois.
C’est donc l’année de son premier amour.
G rapproche son visage de celui de M et l’embrasse longuement.
C’est ainsi qu’il lui annonce que rien de tout ce qu’il vient de dire ne le freine et qu’il se lance avec lui dans cette histoire naissante.
Il remonte le drap et commence à faire l’amour à son tendre voyou.

G ne le sait pas encore, mais il vient de trouver sa piste aux étoiles...
Cette piste va le bouleverser plus que tout ce qu'il imagine...


A suivre...

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

A suivre...
Mais où?... Vers quoi?...
Attendons...

7:38 PM  

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