02 mai 2007

Sur le Trajet (chapître dix-neuvième)

Dans la chambre 218, Manu est allongé. Il dort. Dans l’après-midi il a eu de violente contractions abdominales et à eu de violentes diarrhées qui l’ont amené à faire une forte chute de tension et à perdre connaissance tandis qu’il était en train de travailler. C’est arrivé peu de temps après que Gilles et Nathalie l’aient quitté.
Gilles et Sylvie sont à côté de lui. Ils veillent sur lui.
Il semble avoir contracté une bactérie. Les médecins n’en savent pas plus. Ils vont le garder en observation pendant quelques jours.
Les diarrhées se sont pourtant calmées, mais Manu reste très faible et très déshydraté. Effectivement, Manu ne boit que rarement pendant la journée. Il va devoir changer sa façon de faire.
Gilles et Sylvie sont là depuis presque une heure, et il ne s’est toujours pas réveillé. L’infirmière leur dit qu'ils feraient mieux de partir, les visites sont bientôt terminées et elle lui dira qu'ils sont passés le voir durant son sommeil.
Gilles l’embrasse sur le front ; il est brulant. Il fait de la fièvre sûrement et le signale à l’infirmière qui lui dit qu’elle s’occupe de tout.
Gilles a les larmes aux yeux en quittant l’hôpital et Sylvie lui donne le bras. Ils rentrent tout deux dans le silence, sans un mot.

La nuit de Gilles est pleine de cauchemars et il se réveille plusieurs fois en sueur. Est-ce donc la le début des hostilités avec la maladie ?
Est-ce qu’elle est déjà prête à commencer la bataille ?
Cette salope ne laisse donc aucun répit, même à ceux qui s’aiment ?
L’amour ne protège-t-il donc de rien ?

Le lendemain, il retrouve Nathalie et lui raconte sa soirée. Elle ne comprend pas ce qui se passe réellement, il ne lui à pas dit que Manu était séropo. En 87, les gens sont encore souvent effrayés par cet état d’être et Gilles préfère ne pas s’étendre sur le sujet avec d’autres. Pour l’instant il n’en parle qu’avec ceux qui sont au courant et c’est très bien comme ça. Par ailleurs il s’informe sur l’avancée des traitements et de la recherche. Mais ce n’est que le début et ce ne sont que les prémices.
Alors Gilles garde avec lui cette inquiétude qui le ronge. Etrangement, il n’est pas inquiet pour lui-même. Il n’a que Manu dans la tête et son bien-être.
Pourtant en 1987 on ne connaissait pas véritablement tous les modes de transmissions du virus, mais Gilles n’a jamais pensé au fait qu’il pouvait, lui aussi, peut-être, attrapé ce virus. C’est quelque chose qui lui passait complètement au dessus.
Il n’était pas inconscient, loin de là, il avait simplement dans le cœur une colère contre ce virus qui fait qu’il ne pensait même pas à lui comme un danger, mais comme un ennemi avant tout, qu’il fallait écraser misérablement.
Il commençait une guerre.

Fort ce tout ça, Gilles termine tant bien que mal sa journée de cours et se précipite à l’hôpital dès qu’il le peut. En arrivant, il trouve à son chevet Isabelle et Amar.
Manu est réveillé et à bien meilleure mine que la veille. Il à passé une bonne nuit et sa réhydratation lui a fait le plus grand bien. Par ailleurs il a de l’appétit et à très bien déjeuner le midi.
Les diarrhées semblent s’être arrêtées d’elles mêmes.
Isabelle et Amar embrasse Gilles avec beaucoup de tendresse. Manu le sert très fort dans ses bras aussi et Gilles repousse une crise de larmes qui arrive à grande vitesse. Il la repousse de toutes ses forces en prétextant un appel urgent à passer à ses parents. Il ressort de la chambre en espérant que personne n’ai rien remarqué.
Dehors il lâche tout. Ca fait du bien, ça coule tout seul. Les spasmes sont assez rudes mais il parvient à se calmer rapidement et fait un détour par les toilettes pour chasser la rougeur de ses yeux.
Lorsqu’il revient, Manu n’est pas dupe et lui fait un petit sourire en coin.

Amar et Isa s’en vont une petite heure plus tard et Gilles reste seul avec Manu.
Il prend la main de son petit malade dans le creux de la sienne, il embrasse doucement cette main si blanche ce soir.
Puis il dépose les lèvres sur celles de Manu et l’embrasse longuement.
L’infirmière rentre au même instant mais ne dit pas un mot. Elle à peut-être même souris un peu. Elle à juste déposé un dossier sur la table de la chambre et s’est retirée simplement, sans un bruit.
Le dossier est celui de Manu. Le médecin ne va pas tarder à venir faire sa visite et Gilles va devoir partir.
Il remarque cependant qua Manu est en érection après ce long baiser, et que lui aussi. Ils partent tout deux dans une petite crise de rire en attendant que l’excitation s’en aille.
Il est déjà clair, qu’au soir de sa sortie, Manu et Gilles feront l’amour encore plus fougueusement que d’habitude.
Ca éclate déjà en eux et s’il n’y avait pas cette non-intimité hospitalière, ils se seraient déjà jetés l’un sur l’autre pour échanger un plaisir à chaque fois plus fort et plus violent.

Gilles remet sa veste enfin et promet à Manu de revenir le lendemain.
Avant de sortir Manu le regarde avec insistance et laisse échapper quelques mots :

« - Tu sais que ce n’est qu’un début tout ça hein ? Je ne veux pas que tu souffres par la suite, je tiens trop à toi pour ça.
- Je resterai avec toi tant que nous serons ensemble, et tu ne me feras pas changer d’avis.
- Oh je le sais bien, quand tu veux être têtu tu sais l’être…
- A demain alors !
- Ok ça marche bébé ! »


Gilles trace dans les couloirs de l’hôpital La crise de larmes revient, mais celle-ci, s’annonce violente.
Il ne peut la réprimer et il laisse éclater sa rage dans le jardin de l’hôpital devant quelques passants pantois.
Manu est en sursis, et Gilles ne sait pas s’il pourra vraiment le supporter.
Ca le ronge de l’intérieur.
Il s’élance dans la nuit qui commence à tomber.
Dorénavant les lendemains ne seront plus aussi beaux qu’avant…


A suivre...

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Tu me dois un resto

9:54 AM  
Anonymous Anonyme said...

Pour commercer met les chapitres
dans l'ordre: commencer en bas pour remonter c'est chiant tout le monde n'est pas une souris auto.
CA VA CAGUER.

3:40 PM  

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