16 mai 2007

Sur le Trajet (chapître vingt-quatrième)

Il est bientôt 18h et les promeneurs commencent à rentrer.
Biquet et Jean-Yves proposent aux garçons de terminer la soirée ensemble chez eux par un petit diner léger. Par contre ils ne veulent pas se coucher tard.
Gilles et Manu acceptent l’invitation et conviennent eux aussi qu’ils ne partiront pas tard car le lendemain la journée commencera tôt.
Manu prétexte vouloir se changer en vitesse et rentre chez lui. Il en profitera pour ramener une bouteille de vin. Il demande à Gilles de partir devant avec les garçons.
D’une façon toute naturelle, cette demande franchit les lèvres de Manu.
D’une manière toute aussi naturelle, Gilles entend cette demande et la trouve anodine.
Il répond donc par la positive non sans déposer, au préalable, un baiser sur les lèvres du tendre blond menteur.
Manu saute dans un bus en faisant un petit signe aux trois autres qui poursuivent leur route.

Il est vingt heures et Gilles tourne en rond chez Biquet et Jean-Yves.
Ces derniers commencent aussi à s’impatienter.
Gilles a déjà téléphoné 10 fois chez Manu sans réponses. Même Sylvie n’est pas là.
Il ne comprend pas, il commence à redouter le pire.
Il s’inquiète.
Le couple d’amis essaie de le calmer et lui serve un verre.
Le tic-tac de l’horloge est insupportable.

Vingt et une heure.
Gilles n’y tient plus. Il va rentrer à l’appart. Il téléphone d’abord.

« - Allo ?
- Sylvie ? C’est Gilles !! Ecoute, tu n’as pas vu Manu ?
- Je viens de rentrer et il n’y a personne. Mais il y’a un mot sur la table à nos deux noms.
- Comment ça ‘un mot’ ?
- Je ne sais pas… Une enveloppe.
- J’aime pas ça ! Tu peux l’ouvrir ?
- Ok…
- Alors ? s’impatiente Gilles…
- Il… il est parti…
- Comment ça parti ??
- Je te lis : « Je pars. Je retourne voir mon passé. Je ne sais pas quand je reviendrai. Sylvie je suis désolé de te lâcher comme ça, mais j’en ai besoin. Je te laisse l’argent pour la part du loyer. Gilles, pardonne-moi mais je n’ai pas eu la force de te dire ça en face. Mais je t’aime trop pour continuer cette histoire avec toi. Tu vas souffrir autant que moi si l’on ne s’arrête pas immédiatement. Je m’en vais aussi de nous..Ne t’accroche pas à moi, je t’en prie. Je t’avais dit qu’un jour je te quitterai. Et bien ce jour est arrivé. Laisse les clés à Sylvie. Passe à autre choses. Je t’en supplie, laisses-moi m’en aller de toi. .Je vous embrasse tous les deux. »


Gilles à raccroché en silence et reste prostré.
Il ne s’aperçoit pas que déjà les larmes coulent.
Il a l’impression d’être dans une bulle de verre ou les sons parviennent assourdis, lointains.
Biquet et Jean-Yves ont compris que Manu était parti.
Ils sont en train de comprendre qu’il à également quitté Gilles.
Biquet s’approche et prend Gilles dans ses bras.
Le contact du corps produit immédiatement une réaction épidermique et les pleurs sortent d’un coup. Violemment, de façon saccadée. Gilles lâche d’un coup toute cette immense douleur qui vient du cœur, qui vient du ventre, qui vient de tous les pores de sa peau. Il ne parvient pas à s’arrêter. De toute façon il n’en a pas envie. Il laisse vomir toute cette tristesse dont l’immensité le submerge.
L’histoire s’achève donc ici.
C’est ce soir, en plein mois de mai que Gilles doit faire une croix sur son premier amour.
Il pense à tout, à rien, à qui ? A quoi ? Il est perdu. Il veut dormir. Non c’est ça, il va se réveiller. Non, il ne dort pas. Oui il est seul. Non il ne veut pas, non il n’a pas le choix. Oui Manu est parti. Oui tout est fini. Non ce n’est pas vrai. Si c’est vrai. Non il ne peut pas imaginer dormir sans lui. Si, il va dormir seul. Non il ne peut pas. Si, il le faudra.

Les deux garçons le console comme ils peuvent.
Ils le gardent avec eux pour la nuit. Ils ne veulent pas le laisser partir.
Sylvie rappelle pour dire qu’elle vient les rejoindre. Elle non plus ne veut pas rester seule.
Biquet et Jean-Yves comprennent que la nuit va être courte mais tant pis. Ils vont prendre soin de Gilles et aussi de Sylvie.
Biquet passe le relais à Jean-Yves et va commencer à faire réchauffer quelque chose pour diner.
Gilles se redresse. Il dit qu’il n’a pas faim.
Il faudra manger tout de même lui intiment les deux garçons.
Tout part en vrille dans sa tête. Il a l’impression qu’il est perdu au milieu de nulle part et que les ombres s’approchent.

Sylvie vient d’arriver. Elle est assez choquée. Elle ne comprend pas non plus. Pourquoi ce silence et cette fuite si soudaine. Pourquoi avoir fait tout ça en secret ? Ourdi ce départ et l’avoir gardé pour lui ?
Biquet et Jean-Yves qui connaissent bien Manu se lance un peu dans sa défense.
Ils expliquent que Manu à toujours fonctionné dans l’urgence et qu’il va toujours au bout de ce qu’il décide. Que c’est dans sa nature d’être solitaire. Parfois ça se met en veille chez lui, mais quand ça se réveille, ce besoin d’être seul, ou de repartir de zéro, c’est plus fort que lui. Il ne fait rien de méchant, d’ailleurs il ne ment pas. Il cache parfois des vérités pour prendre soin des autres. Même si ça fait mal, il faut accepter son choix. Personne n’a le droit de décider pour lui.
Ils disent à Gilles qu’ils n’ont jamais vu Manu autant amoureux d’un garçon avant lui. Gilles a été un déclencheur de vie. Et l’évolution dernière de sa maladie lui a fait prendre conscience qu’il devait régler des problèmes du passé. Des non-dits qui aujourd’hui doivent être verbalisés.
Alors Manu à décidé de partir. Gilles doit accepter cet état de choses. Surtout ne pas lui en vouloir.

Gilles le sait bien tout ça. Il l’a toujours su. Depuis le début il savait qu’il y’aurait une rupture un jour ou l’autre. Bien entendu qu’il n’en veut pas à Manu.
Evidemment !!!
Il s’en veut surtout à lui de ne pas s’être davantage protégé. De s’être trop laisser aller à l’amour.
Mais y’a-t-il une autre solution que de se laisser aller quand on aime ?
Doit-on toujours se dire que puisqu’il y’aura une fin, autant ne pas s’engager sentimentalement ?
Gilles est tout nouveau dans le domaine amoureux.
Il a peur de ne plus savoir comment faire. D’ailleurs il n’imagine même pas à cet instant là, pourvoir faire l’amour à un autre garçon. Baiser oui, mais pas faire l’amour.
Juste des gestes échangés. Du plaisir brut. Pas de sentiments.
Ce soir Gilles à l’impression d’avoir perdu son âme.
Les larmes cessent de couler d’elle-même.
Quelque chose se brise en lui. Mais il ne sait pas vraiment ou. Il ne parvient pas à analyser ce sentiment nouveau. Mais quelque chose vient de changer.
Brutalement.
Sauvagement.
Inévitablement.

Gilles vient de perdre une part importante de lui-même.
Il relève la tête et regarde ses amis.
Il demande à manger.
Finalement il a faim de nouveau…


A suivre...

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Bordel, ça va te coûter cher.....

9:15 AM  

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