16 mai 2007

Sur le Trajet (chapître vingt-cinquième)

Gilles ne peut se résoudre à quitter la rue du Dauphiné.
Cela fait huit jours qu’il dort dans le lit sans Manu.
Sylvie veille un peu sur lui mais est souvent absente du fait de ces nombreux stages universitaires.
Gilles ne peut se résoudre à avouer à Mme Mère que Manu est parti.
Que Manu l’a quitté ? Non, que Manu est parti ! Cela sonne différemment à l’oreille de Gilles.
Toujours est-il qu’il passe ses soirées seul, prostré dans la chambre en espérant toujours le voir revenir.
Mais les jours passent et la porte ne s’ouvre toujours pas.
Nathalie est au courant aussi et essaye tant bien que mal de lui remonter le moral. Mais rien n’y fait.
Plus de goût à rien.
Il ne parvient pas plus à se concentrer sur ses cours pour terminer les révisions pour le bac qui n’est plus qu’à moins d’un mois. La première épreuve est le 19 juin. Dans moins de trois semaines.
Biquet et Jean-Yves appellent souvent à l’appart pour prendre de ses nouvelles. Isabelle aussi. Ils savent qu’il est toujours là et qu’il n’est pas rentré rejoindre ses parents.
Car rentrer, ce serait accepter que l’histoire est terminée.
Rentrer ce serait se dire que c’est un retour à la case départ.
Rentrer ce serait définitivement passer à autre chose.
Et pour Gilles, ce printemps là, il n’en est pas question.
Ou alors, il faudrait juste qu’il arrive à lâcher prise.
A se dire qu’il faut repartir.
Réapprendre à avancer seul.
Arrêter de se demander comment il va, ou il est et ce qu’il fait.
Ailleurs, avec d’autres.
Sans lui.

Au final, un soir qu’il revient d’un diner chez Isabelle et Amar, il lâche tout.
Le diner était bien.
Mais cela ne sera plus jamais « aussi bien » puisqu’il n’est plus là !
Car le fait de continuer à voir les amis que Manu lui a présenté est très dur à vivre.
Chaque instant, chaque regard, chaque lieu lui font penser à lui.
Il le voit partout, il à l’impression que lorsqu’une porte s’ouvre, il va entrer, lui sourire et l’embrasser.
Mais cela n’arrive jamais.
Gilles comprend que c’est peut-être le moment d’essayer de tourner une page.

Il lâche donc tout ce soir là.
Il pleure longtemps seul dans le petit appartement.
Puis il appelle Mme Mère et lui dit qu’il va rentrer dormir à la maison.
Elle ne lui pose pas de question.
Il rassemble les affaires éparses, les fourre dans un grand sac de toile noire.
Il laisse le double des clés sur la table de la cuisine avec un petit mot à l’attention de Sylvie qui doit rentrer le lendemain matin : « Je crois qu’il est temps que je parte. Je t’appelle bientôt. Merci pour tout. Je t’embrasse. »
Il jette un regard triste à la salle de bain. Les serviettes sont sur leur portant.
Il ne peut s’empêcher de repenser à la première fois qu’il a pris une douche avec lui dans cette baignoire.
Il éteint la lumière et claque la porte.
Les escaliers semblent ne pas en finir tandis qu’il les dévale.
Il sort de l’allée et remonte la rue. Il va essayer de prendre le bus si celui-ci ne passe pas trop tard.
Sinon il rentrera à pieds.
Non, finalement il préfère rentrer à pieds directement. Ca lui aèrera l’esprit.

Il sort les clés de chez lui de son sac. Cela fait plusieurs mois qu’il ne s’en est pas servi à cette heure de la nuit.
Sale nuit que celle-ci !
Il n’y a pas de bruit à l’intérieur.
Mme Mère est assise dans la cuisine et boit un thé.
Pas encore couchée alors qu’il n’est pas loin de 2 heures du matin.
Elle se lève simplement et prend Gilles dans ses bras.
Il pleure une nouvelle fois. En silence.
D’ailleurs aucun mots ne seront prononcés.
Gilles l’embrasse et rentre se coucher dans sa chambre.
Il ferme la porte et jette le sac dans une armoire.
Sans le vider.
Comme s’il allait repartir le lendemain avec.
Comme si ce n’était qu’une pause d’une nuit.
Il s’allonge sur le lit tout habillé.
Il essaye de ne pas perdre pieds dans ce vide immense qu’il ressent cette nuit là. Dans son petit lit d’adolescent.
Après plus de 6 mois passé dans un lit adulte avec l’homme qu’il aime encore.
Il ferme les paupières.
Son sommeil survient.
Gilles s’endort toujours facilement quand il est triste.
C’est comme un somnifère la tristesse.
Ca donne envie de fermer les yeux.
Ca donne envie de se laisser partir.

Le lendemain l’aube est morne et Gilles est toujours allongé tout habillé.
Il a du dormir d’un sommeil lourd car il n’a pratiquement pas bougé.
Le dessus de lit n’est presque pas froissé.
Il lui faut un moment pour rassembler ses esprits et se dire qu’il est de nouveau chez lui, avec ses parents.

La bonne odeur du café arrive à son nez.
Les bruits matinaux qui n’ont pas changés depuis 6 mois.
Comme un long flash back. Gilles sourit légèrement.
Les bases d’une vie sont toujours là.
Et c’est sa vie à lui.
Il doit la continuer.
Garder le meilleur de tout ce que Manu lui a apporté.
S’en servir et reprendre la marche.

Il se lève d’un bond, s’attable à la cuisine pour boire son café et embrasse sa mère au passage.
« Comment vas-tu ?
- Ca va maman !! Faut que je m’active, j’ai mille révisions à faire… »

Il sourit de nouveau en avalant une tartine de confiture.
Mme Mère détourne un peu le visage.
Un sourire l’éclaire également…

Nous sommes le 3 juin 1987.
Gilles est à 15 jours du Bac.
Il va mettre les bouchées doubles.
Il a comme une bulle d’oxygène au niveau de l’estomac.
Il ne sait pas d’où ça vient.
Mais ça fait du bien.
Un bien fou…


A suivre...

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Ah les mamans...
C'est dans ses moments là que l'on comprend mieux l'expression "la chair de ma chair"

11:18 AM  
Blogger Fifi said...

Piooouuuf, j'en suis tout retourné...

4:54 PM  
Anonymous Anonyme said...

cest joli comme roman:
heu qu'est ce que je fou la:
m'attendrais je sur le bo gilles
ah oui:
la page du haut j'y suis on m'a fait une blague,
tu vas me le payer.
eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeyyaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

3:54 PM  

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