18 mai 2007

Sur le Trajet(Chapître vingt-huitième)

Le regard est noir, profond. Un peu comme celui d’un fauve à l’affut. Et le sourire qui l’éclaire semble également des plus carnassiers.
Gilles soutient le regard. La cigarette au bout des doigts ne tremble pas. Il monte le verre à ses lèvres sans quitter des yeux le mystérieux garçon.
Celui-ci appelle le barman et lui murmure quelque chose à l’oreille.
Comme Gilles s’y attendait, le barman lui apporte un autre verre.

« De la part de Fabrizzio, le garçon aux cheveux noirs là-bas »

Gilles soulève le verre en direction du garçon pour lui signifier son remerciement et trinquer à distance. L’autre en fait autant sans se dépareiller de son sourire éclatant.
Gilles est bien décidé à ne pas bouger. Il veut que ce soit l’autre qui vienne à lui. Après tout il est là pour se montrer et ne va pas se jeter tout de suite sur le premier venu.
Comme s’il avait lu dans ses pensées le garçon se lève et se dirige vers lui.

« Bonsoir !
- Salut !
- Timide ou réservé ?
- Solitaire plutôt…
- Donc tu ne cherches pas de compagnie ?
- Faut voir… »


Gilles se dit qu’il est quand même un peu froid avec le garçon mais il ne sait pas pourquoi il n’arrive pas à être naturel. C’est sans doute lié à l’attitude de l’inconnu qui semble se croire en terrain conquis.
Néanmoins on peut dire que ce jeune homme brun est vraiment canon et Gilles tente de se radoucir un peu…

« En fait, continue Gilles, je me disais que je te trouvais plutôt mignon et que ton regard est du genre direct. C’est un peu destabilisant !
- Vraiment ? Je suis désolé… Mais je n’ai pas pu m’empêcher de te regarder depuis que tu es rentré car la réciproque est vraie : je te trouve craquant. Et je n’ai pas l’habitude de tourner autour du pot.
- Et bien tant mieux car je préfère aussi ce genre d’attitude. Je m’appelle Gilles ! Assieds-toi là qu’on fasse un peu plus connaissance…
- Avec plaisir, et moi c’est Fabrizzio.
- Je sais, le barman me l’a dit. Tu es originaire d’Italie ?
- D’Ombrie exactement.
- Ah ?
- C’est un endroit ou le soleil caresse les vallées à n’en plus finir. Les jours sont longs et la lumière de fin du jour est d’un orange lumineux. Faut absolument que tu y aille un jour.
- Effectivement, présenté comme ça c’est très tentant. »


Dans un élan soudain le bel italien approche ses lèvres de celles de Gilles et l’embrasse. Ce dernier se laisse faire et répond à son baiser d’une façon violente, comme pour affirmer son individualité, sa propre force. Il ne va pas se laisser entraîner dans une tendresse qu’il ne veut ni donner, ni recevoir. Alors Gilles allume le brun jeune homme et commence déjà à passer sa main sur le sexe de Fabrizzio qui commence à se durcir.
A travers le jean, Gilles presse ses doigts contre ce renflement que personne alentour ne peut ignorer si tant est qu’ils portent un œil sur l’endroit du délit…

Fabrizzio habite à quelques pas d’ici… Chez son mec qui est absent pour quelques jours.
C’est parfait ça ! Il a un mec donc il ne va pas s’imaginer autre chose qu’une histoire de cul avec Gilles, et tant mieux car Gilles ne veut rien d’autre ce soir.
Du sexe, du plaisir, de l’oubli.
Aussi Gilles accepte l’invitation à diner du jeune latin et le suit à travers les rues jusqu’à son domicile.
Quelques croisements plus loin, une lourde porte, un interphone, un ascenseur, un étage élevé et la porte qui s’ouvre.
Grand appartement, style bourgeois, décor minimaliste, des pièces en parquet, une cuisine équipée Hi-Tech, un salon immense et un chambre aux murs parme et un grand lit blanc.
De toutes évidence, le mec de Fabrizzio à les moyens, et à voir la façon dont agit ce dernier, il sait en profiter amplement.
Gilles se dit que ce jeune italien se fait sans doute entretenir.
Lorsqu’il voit la photo du propriétaire de l’appart sur un meuble, cela le conforte dans cette idée.
Il doit avoir dans les 50 ans, plutôt bedonnant..
Fabrizzio ne dépassant pas les 23 ans… Le compte est bon.
Gilles s’en fout, ce n’est pas son problème.
Chacun est libre de profiter de qui le veut bien.
C’est aux gens de se protéger.
De toute façon, chacun doit y trouver son compte à un moment ou à un autre.
Et Gilles se dit que le jeune italien ne doit pas forcément y trouver son compte à tous les instants. Car lorsqu’il faut accomplir le fameux « devoir conjugal », cela ne doit pas être rose à chaque instant.
Mais Fabrizzio a fait un choix, il l’assume certainement.
Fabrizzio remplit deux verres d’un vin rouge de grande qualité. Les deux garçons dégustent chaque gorgée tandis que Fabrizzio commence à préparer un plat à base de gnocchis et de sauce faite à base de 3 fromages différents. Cela promet d’être délicieux.

Mais Gilles n’a pas pour autant faim immédiatement, ainsi passe-t-il derrière le jeune cuisinier et commence à lui enlever sa ceinture.
Il se laisse faire.
Gilles continue et lui enlève sa chemise, puis ses pantalons.
Le garçon s’était mis nu-pieds en arrivant ; ainsi est-il nu et offert au regard de Gilles. La peau exhale une odeur ambrée. Gilles laisse glisser sa langue le long de la colonne vertébrale du jeune garçon offert.
Il se cambre quand la langue arrive en bas des reins…
Elle descend encore….
Le cuisinier arrête sa préparation et la met de côté.
Il se retourne et laisse apparaître en substance une érection typiquement méditerranéenne.
Forte, puissante et…circoncise !
Gilles adore ça et englouti le membre immédiatement.
Fabrizzio n’y tient plus, il veut également profiter du corps de Gilles, aussi l’entraîne t’il dans la chambre et le déshabille illico.
Il joue également fort bien de sa langue.
Gilles se laisse faire.
Des flashs surviennent par instants.
Le visage de Manu s’insinue dans ce corps à corps.
Son odeur revient à Gilles, sa peau, ses gestes.
Ce manque envahit tout !
Gilles accélère son orgasme tandis que Fabrizzio, quelques instants avant à déjà eu le sien.
Ils restent allongés là, sans bouger.
Gilles à la tête ailleurs.
Il n’est pas dans un grand appartement du centre-ville.
Non, l’appart ou il se trouve est plus petit.
Et le lit n’est pas blanc.
Et le garçon n’est pas brun…

Gilles se reprend et se fait indiquer la salle de bains. Il prend une douche rapide. Fabrizzio fait de même. Tout ceci se fait dans le silence.
Une sorte de malaise s’installe entre les deux garçons.

Fabrizzio rompt le silence :

« Qu’est-ce qui se passe ? Je te sens loin…
- Oui, désolé. C’est la première fois que j’ai une relation sexuelle avec un mec depuis ma rupture.
- Ah, ouais, je vois ce que c’est. Tu l’as encore dans la peau, dans la tête…
- Dans le cœur aussi hélas… Désolé… Je pensais qu’une histoire de cul pourrait me faire du bien mais ce n’est pas le cas.
- Non, c’est rarement le cas… En tous cas j’ai vraiment aimé ce moment avec toi. Et je suis content d’avoir été là au bon moment, même si toi tu n’as pas apprécié autant que moi… »


Gilles essaie de reprendre ses esprits, après tout Fabrizzio est très beau et le moment n’était pas si désagréable que ça.

« Non, dit Gilles, ce n’est pas ça. Tu m’excite beaucoup et j’ai passé un très bon moment…
- Alors il n’y a pas de raison pour qu’il y ait un malaise… On va reboire un verre et diner !
- Ok, avec plaisir. D’ailleurs je commence à avoir faim… Ton copain ne va pas rentrer à l’improviste ?
- Non pas de risque, il est en Allemagne pour 8 jours encore. Il bosse dans l’import-export. Il a sa propre société et il est donc souvent absent.
- Ca t’arrange bien j’imagine ?
- Oui, tu imagines bien ! Allez, viens, on retourne dans la cuisine.
- Je te suis… »


Fabrizzio termine la préparation.
Les verres de vins s’enchainent.
Puis ils passent tous les deux à table.
Le jeune homme à dressé une belle table, avec des bougies partout, un éclairage raffiné, une musique douce.
Les heures s’écoulent paisiblement entre dégustation et discussion.
Gilles écoute Fabrizzio lui raconter un peu de son histoire. Il dévoile aussi un peu de la sienne.
Vers les 2h du matin, Fabrizzio lui propose de dormir ici. Gilles accepte, de toute façon il n’a plus de bus pour rentrer chez lui.

Gilles ne remarque pas tout de suite la satisfaction qui se lit sur le visage de Fabrizzio.
Il n’a pas fait attention non plus que tout était arrangé à la perfection dans l’appartement.
Il ne sait pas que Fabrizzio déteste le désordre.
En fait, le jeune italien ne supporte pas les choses qui ne sont pas à leur place.
Le jeune italien est maniaque et lorsqu’il s’attache à quelqu’un c’est rapide, c’est violent.
Fabrizzio voit en Gilles le garçon qu’il recherche depuis longtemps.
Fabrizzio veut revoir Gilles tous les jours qui suivront cette soirée.
Fabrizzio veut entrer de plein pieds dans la vie de Gilles.
Il ne dit rien évidemment, Gilles risquerait de fuir devant cet empressement incompréhensible.
Alors Fabrizzio souffle sur les bougies, prend Gilles par la main et l’entraine dans la chambre.
Il l’embrasse tendrement avant de le laisser dormir.

Ne pas aller trop vite.
Ne pas tout faire chuter comme d’habitude par son empressement.
Prendre le temps de l’envahir petit à petit.

Gilles s’endort l’esprit tranquille.
A côté de lui, dans l’ombre, un danger le guette.
Il ne sait pas encore qu’il va faire l’objet d’une fixation d’un esprit malade.
S’il avait su tout ça, il aurait pris ses jambes à son cou.
Mais la machine est lancée et dans l’ombre, Fabrizzio sourit d’une étrange façon.
Puis il ferme ses yeux noirs.
Ses yeux de prédateur…


A suivre...

1 Comments:

Blogger Fifi said...

Et bien mon petit Sha, des fois les vies se suivent et se ressemblent parfois...
J'ai connu également un garçon aux yeux... prédateurs...
J'attend la suite... Viiiite!
Bizzzz

8:30 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home