25 mai 2007

Sur le Trajet (chapître trente deuxième)

Le repas s’avère excellent, et le tout au champagne comme il se doit. Pas de mélange dans les alcools permet à Gilles de rester l’esprit assez clair tout de même. De son côté, Fabrizzio demeure également serein. L’alcool ne leur monte donc pas à la tête.
Toutefois, une fois le café terminé, Fabrizzio propose un petit digestif différent. Gilles le laisse choisir et ils se retrouvent donc avec un petit verre glacé empli d’une vodka à l’herbe de bison. Une vodka plus teinté que la normale et dégageant un goût très particulier. Elle se boit très glacée et son onctuosité n’en est que plus flagrante.
Les deux garçons trinquent ensemble et croisent leurs bras l’un dans l’autre avant de porter le verre à leurs lèvres. C’est Fabrizzio qui à initié le geste, Gilles l’a suivi naturellement. Ils vident donc le verre rapidement en fumant une dernière cigarette. Le patron qui connaît bien Fabrizzio remet une tournée de cette divine vodka. Cette fois-ci ils la dégustent plus lentement tout en savourant le goût du tabac se mélangeant divinement avec celui de cet alcool particulier.

Gilles se remémore un peu les confidences de la soirée et Fabrizzio semble très enclin aux confidences. Il lui a avoué que ses parents habitaient donc l’Ombrie et qu’il ne les voyait pas très souvent.
Il est avec son mec, François, depuis un peu plus d’un an.
Un mec bourré d’argent.
Fabrizzio ne ment pas quant à son affectif auprès de François.
Et François sait très bien ce qu’il en est.
Il sait que lorsqu’il n’est pas là, Fabrizzio à des aventures, mais que lorsqu’il est là il est tout à lui.
En retour il alimente son compte régulièrement pour ses dépenses.
Fabrizzio avoue à Gilles qu’il reçoit un virement de 10.000 francs tous les 15 jours sur son compte.
Il a conscience d’être un petit gigolo, mais 20.000 francs par mois sans autres frais, c’est que du bonheur. Il ne paye pas de loyer, aucun frais concernant l’habitation, donc tout bénef pour lui !
Il dit aussi en mettre beaucoup de côté sur un autre compte.
Car il ne va pas continuer longtemps avec François.
Faire l’amour avec lui le dégoute à chaque fois.
Il pense à autre chose.
De son côté François, ne demande rien, se contente de prendre son pied avec le corps de Fabrizzio.
Il n’y a pas forcément de tendresse entre eux. Comme un contrat pré-établit. Le dialogue est minimaliste. De toute façon François passe la plupart de son temps à l’étranger. Entre Berlin et Moscou le plus souvent.
Il revient au maximum 10 jours par mois, parfois moins. Donc le reste du temps Fabrizzio est libre de faire ce qu’il veut dans ce grand appartement et de dépenser à loisir l’argent que François lui transfert.
Mais il ne dépense presque rien. Il prépare en fait un départ prochain. Il recommencera à travailler. Il est serveur.
Gilles se dit que, décidément les serveurs gays sont légion.
Il va prendre un appart avec l’argent accumulé et pourra enfin se détacher de François.
Il attendait juste une occasion pour le faire…

Gilles et Fabrizzio sont les yeux dans les yeux tandis qu’ils terminent le petit verre d’alcool.
Fabrizzio approche son visage de celui de Gilles :

« Je pense que l’occasion de partir s’est présentée ! Pour toi j’ai envie de décider de le quitter. J’ai assez d’argent de côté pour voir venir et je peux trouver un job dans un bar super rapidement ! Qu’en dis-tu ? »

Gilles est abasourdi et n’en crois pas ses oreilles.
Il sait très bien qu’un serveur trouve un travail rapidement, Manu en était l’exemple le plus récurent.
Il sait très bien que Fabrizzio à beaucoup d’argent de côté.
Mais ce qu’il ne sait pas c’est s’il à envie de porter cette responsabilité là !!
Tuer la poule aux œufs d’or pour une histoire d’amour qu’il n’est pas sur qu’elle soit réciproque. En effet Gilles ne peut pas dire, à ce moment précis, s’il a envie de nouer une vraie relation avec Fabrizzio.
Cela fait à peine 48 heures qu’ils se connaissent, et déjà l’italien lui fait le coup d’un désir d’engagement.
Gilles est désarçonné tant cette proposition lui semble hors de propos.

Fabrizzio comprend immédiatement qu’il est allé trop vite :

« Enfin, je ne parlais pas forcément de le quitter tout de suite hein ? T’inquiètes pas, mais je me disais que si cela avait une chance de fonctionner nous deux, peut-être que d’ici quelques temps je pourrais l’envisager…
- C’est combien pour toi ‘quelques temps’ ?
- Ben je sais pas… Faut voir… Je sais très bien que c’est tout nouveau nous deux, mais j’ai eu l’impression qu’il y’avait plus que de la simple baise dans nos échanges. Et le fait que tu me plaises beaucoup à plusieurs points de vue me fait dire que j’aimerai bien avoir l’opportunité de tenter d’aller plus loin…
- Et tu n’as jamais rencontré quelqu’un qui t’ai donné envie de changer avant moi ? demande Gilles. Je veux dire que puisque tu es seul souvent, tu as du rencontrer pas mal de garçons pendant les déplacements de ton mec, non ?
- Pas tant que ça figures-toi ! Je ne suis pas doublement une pute !!
- Calme-toi, je n’ai pas voulu dire ça, c’est juste…
- Je sais très bien ce que tu sous-entends et je sais très bien qu’une fois de plus tu va me dire que je vais trop vite, que j’accélère trop les choses. Mais si on ne donne pas un coup d’accélérateur parfois, tu ne penses pas qu’on peut risquer de faire du surplace ? »


Il finit presque sa phrase dans un hurlement.
Heureusement le restaurant est vide et le patron fait comme s’il n’avait rien entendu. Sans doute est-il habitué à ce genre d’éclats de la part de Fabrizzio.
Gilles vient de penser cela naturellement, et il se dit que sous le calme du jeune italien couve un volcan qui ne demande qu’à rentrer en éruption à la moindre occasion.
La faille est là, béante, sous les yeux de Gilles.
La colère, la violence…

Devant la stupéfaction de Gilles, Fabrizzio se reprend immédiatement et s’excuse :

« Pardon bébé, excuse-moi, je suis désolé. Je m’emporte toujours trop vite… Je sais bien que tu ne voulais pas être insultant… J’ai du boire trop d’alcool… Je vais régler la note.
- C’est pas grave, tu m’as juste un peu surpris par ta réaction, j’ai pas l’habitude !
- Je m’emporte souvent pour ce qui m’importe et même si ça te semble rapide, tant pis, je te le dis : je commence à avoir beaucoup d’affection pour toi !
- J’avais remarqué, dit Gilles dans un petit sourire pour distraire l’ambiance !
- Je sais je suis trop impatient de tout… Allez, désolé encore. Tu me rejoins au var, je vais régler…
- Ok, puis merci pour le repas c’était délicieux… Vraiment !
- Etre avec toi ici, c’était, en soi, un moment délicieux également »


Fabrizzio se dirige vers le bar tandis que Gilles reprend ses affaires au vestiaire du restaurant.
Lorsqu’il parvient au bar, Fabrizzio est en train de serrer la main au patron, et Gilles en fait autant en s’approchant. Le patron le remercie en lui disant :

« Ca fait plaisir de rencontrer enfin un ami de Fabrizzio. Lui qui dine habituellement toujours seul ici !! J’espère avoir le plaisir de vous revoir très vite !
- Je l’espère aussi ! dit Gilles en jetant un œil vers Fabrizzio qui affiche un petit sourire entendu. »


Dans la rue, ils décident de marcher un peu avant de rentrer.
Gilles va donc dormir une nouvelle fois dans ce grand appart ce soir. De toute façon, il est presque 2h00 du matin et il n’a pas envie de payer une fortune pour un taxi.
Puis Fabrizzio serait certainement contrarié par un départ si soudain après une si belle invitation à diner.
Alors Gilles se contente de marcher dans la douceur de la nuit, Fabrizzio à ses côtés.
Ils traversent la passerelle du Palais de Justice et se retrouvent dans le Vieux Lyon. Les rues sont désertes en cette nuit en plein milieu de la semaine.
Fabrizzio prend une petite ruelle qui débouche sur une petite cour intérieure sombre et silencieuse.
Il se retourne vers Gilles et l’embrasse longuement.
Il glisse sa main sous les vêtements et commence à caresser le sexe de Gilles.
Doucement, à l’affût du moindre bruit, les deux garçons font l’amour vertical.
Fabrizzio dans un sursaut juste avant l’orgasme murmure à l’oreille de Gilles :

« C’est excitant la peur tu ne trouves pas ? Cette petite boule d’angoisse dans le ventre liée à la montée d’un désir qu’on ne contrôle pas ? Moi c’est ce que je préfère avant tout : le danger. »


A suivre...