28 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarante neuvième)

A l’issue du repas et après avoir vidé convenablement les 2 bouteilles de champagne et les 2 bouteilles de vin, Sylvie décide d’aller se coucher car outre la fatigue, l’alcool la fait sombrer davantage dans la direction des bras de Morphée.
Manu est un peu ivre aussi et se montre particulièrement tendre avec Gilles. Néanmoins ce dernier lui précise qu’il doit partir avant que son dernier bus soit passé. Il ne souhaite pas rentrer à pieds comme la veille.
Manu le fixe et comprends très bien qu’il suffirait d’un geste pour que Gilles reste et se laisse aller contre lui. Mais Manu ne fera pas ce geste. Il a trop d’estime pour Gilles et ne veut pas jouer au « yo-yo » avec lui.
Aujourd’hui, leur relation se doit de rester platonique, sinon rien ne se règlera correctement et tout risque de se compliquer entre eux le cas échéant.
Manu se dirige donc vers lui pour l’embrasser et l’accompagner à la porte.

« Merci d’avoir été là ce soir, ça m’a fait du bien !
- A moi aussi. Je n’aurai pas aimé être seul ce soir après ce départ, réponds Gilles.
- Exactement tout comme moi. Donc tu vois ? Ca fonctionne comme ça entre nous. On s’aide à ne pas tomber. On s’aide à retrouver le sourire… C’est quelque chose de fort et que j’ai envie de faire perdurer.
- T’inquiètes pas, j’ai la même envie… Alors… On s’appelle très vite ?
- Ben évidemment, de toute façon j’appelle vendredi midi pour savoir les résultats de ton bac mon poulet !
- T’as plutôt intérêt darling ! »


Gilles sort dans un sourire et descend les marches à toute vitesse pour ne pas rater le bus. D’ailleurs celui-ci arrive au loin et Gilles court pour arriver à l’arrêt à temps. Il réalise qu’il n’a plus d’argent sur lui et décide de rester en fraude.
Il est tard et il y’a peu de chance qu’il y ai des contrôles à cette heure-ci.

Un homme d’une trentaine d’année le regarde bizarrement et Gilles n’y prête pas attention immédiatement. Cependant, au fil des minutes, le regard se fait plus insistant. Voir carrément « rentre-dedans »
De fait, Gilles commence à soutenir le regard de l’autre.
Plutôt bel homme, les cheveux courts bruns et des yeux perçants.
L’homme lui sourit maintenant.
Et Gilles se rend compte que pour la première fois de sa vie, il se fait draguer dans un lieu public.
L’excitation de cette perspective le met dans tous ses états.
Comment doit-il réagir ? Que doit-il faire ?
Répondre au sourire ? Et si c’était un piège et que le mec l’agresse ?
Et sil il descend avant son arrêt, doit-il le suivre ?
Oui si au contraire c’est lui qui le suit, comment va-t-il faire ?
L’homme aperçoit sans doute le trouble de Gilles et lui fait un clin d’œil.
Cela semble plus clair pour Gilles, il est certainement homo !
D’ailleurs il se lève et demande le prochain arrêt.
Gilles s’aperçoit que le sien est juste le suivant, donc au pire, s’il descend pour rien, il en aura pour 5 ou 6 minutes à pieds !
Alors Gilles prend son courage à deux mains et se lève également.
Il se dirige vers l’inconnu.

Le bus est presque vide à cette heure, seulement 3 autres personnes sont à bord.
L’homme ne cesse de fixer Gilles en descendant, comme un appel qu’il ne doit pas manquer.
Alors Gilles descend à son tour et commence à suivre l’homme dans les rues.
Quelques secondes plus tard, l’inconnu s’arrête au pied d’un immeuble et sort un trousseau de clés.
Il ouvre la porte de l’allée sans allumer, et laisse la porte ouverte.
Il attend dans l’ombre.
Gilles à son cœur qui bat à tout rompre. Partagé entre peur et désir, il avance dans l’allée.
Toujours aucun mot ne s’échange entre les deux noctambules.
Juste la porte de l’ascenseur qui s’ouvre laissant une faible clarté percer l’obscurité.
Gilles emboîte le pas de l’homme et entre dans le petit habitacle de métal rouge.
La porte se referme et l’homme appui sur le bouton du cinquième étage. Tandis que l’ascenseur commence sa course, l’homme fait glisser sa main sur le tissu tendu de l’entre-jambe de Gilles, puis il prend la main de ce dernier pour la faire glisser également entre ses propres jambes.
Les deux excitations sont au maximum lorsque le cinquième étage est enfin atteint.
Gilles à les jambes tremblantes, mais l’excitation de l’instant et la perspective d’une relation purement sexuelle le font s’avancer davantage dans la prise de risques.
Il rentre dans l’appartement de l’inconnu.
Ce dernier, toujours sans un mot se dirige dans la salle de bains, et commence à remplir sa baignoire.
Gilles pénètre la petite pièce et reste debout à l’observer.
L’homme se déshabille entièrement et pénètre dans l’eau chaude du bain.
Il est en érection et commence à se masturber lentement.
D’un geste, il invite Gilles à le rejoindre.
Gilles est nu devant l’inconnu et entre dans l’eau avec lui.
Ils font l’amour d’une façon lente et sensuelle. Le contact de l’eau chaude semble décupler les sens de Gilles qui reçoit chaque caresse comme une décharge électrique.
Lorsque les orgasmes surviennent, à peine vingt minutes ont dues s’écouler.
L’excitation était trop forte et les circonstances trop particulières pour que cet échange dure longtemps.
D’un côté comme de l’autre l’orgasme à été violent.
L’homme commence à vider la baignoire et commence à doucher Gilles avec une eau moins chaude. Il le savonne partout ou une main peu s’immiscer. Il se savonne aussi en même temps puis rince d’abord Gilles avant de terminer par lui.
Il sort une grande serviette puis la tend à Gilles. Les deux garçons s’essuient mutuellement.
Enfin, Gilles remet ses vêtements et se dirige vers la sortie.
L’homme le raccompagne.
Avant d’ouvrir la porte, l’homme dépose un baiser sur les lèvres de Gilles puis lui dit simplement :

« Mon prénom est Pierre, et si le cœur t’en dit, reviens quand tu as envie… Bonne nuit ! »

Gilles ne répond pas et la porte se referme déjà. Il redescend donc pour reprendre le chemin afin de rentrer chez lui.
Sur la route, il repense à son attitude liée à cette rencontre et il se dit que la peur, lorsqu’elle est présente, augmente considérablement le désir.
Il se rend compte que les deux peuvent être intimement liés pour que le degré d’excitation soit à son niveau maximum.
C’est assez terrible comme conclusion, mais Gilles sait déjà que ce genre d’expérience va immanquablement se reproduire.
Cette petite sensation de danger, d’inconnu… Se laisser véritablement aller sans savoir ou la quête du plaisir peut vous mener.
Ne pas savoir ce qui se passe derrière un regard silencieux.
Bref, Gilles vient de trouver une zone d’exploration nouvelle.

Arrivé chez lui, il se couche immédiatement et se laisse aller dans sa rêverie nocturne qui se soir sera teinté d’érotisme à n’en pas douter.

Le lendemain matin il fait surface peu avant 10 heures.
Le soleil brille de tous ses feux lorsqu’il ouvre les volets.
Il se laisse bercer par le souffle du vent léger.
Plus que 24 heures avant les résultats du bac.
Gilles se sent en confiance.

Deux heures plus tard il est au milieu de la ville.
Il a envie de réitérer l’expérience de la veille.
Gilles observe les hommes.
Gilles fixe les yeux.
Gilles se lance dans une nouvelle quête.
Une quête sans lendemain.
Un seul objectif : retrouver la sensation d’hier, retrouver les battements de cœur.
Retrouver l’emprise du danger…

Gilles entre pour la première fois dans sa part d’ombre.
Gilles ne sait pas qu’il ne retrouvera pas la sortie avant longtemps…


A suivre...