08 juin 2007

Sur le Trajet (chapître quarante cinquième)

Gilles veut se changer les idées et essayer de ne pas trop penser à cette prise de risque involontaire qu’il vient de vivre.
Malgré tout il ne peut pas s’enlever le truc de la tête.
Il passe donc chez un ami médecin et lui explique ce qu’il en est.
Ce dernier, et au stade ou en sont les recherches en 1986, lui dit que le risque est très faible au niveau de la transmission par la fellation. Effectivement, il est préférable de ne pas avaler de sperme, mais néanmoins, la pratique reste peu risquée.
Gilles est un peu tranquillisé et pour se rassurer complètement, il va demander à Fabrizzio d’aller se faire dépister.
S’il souhaite continuer cette histoire, il devra en passer par là !

Sur cet entrefaite, Gilles se dirige dans une salle de cinéma pour voir la reprise d’un classique qu’il n’a jamais vu : « Gilda » de Charles Vidor avec la sublime Rita Hayworth.
Il ressort du film sur un nuage, car même si la diégèse n’est pas particulièrement novatrice pour l’époque, c’est avant tout la composition de l’actrice qui est absolument remarquable. Une femme fatale qui à marqué le cinéma, et à la vision du film on comprend pourquoi.
Le noir et blanc sublime complètement cette histoire d’amour sur fond de guerre et d’espionnage. Gilda incarne la féminité dans ce qu’elle à de plus sensuel, de plus ensorcelant.

L’air, au dehors, est particulièrement lourd et le ciel se couvre de noir. L’orage ne va pas tarder à éclater sur la ville. Cela redonnera un peu de fraicheur, tout du moins l’espère t’il en reprenant la route pour rentrer chez lui. Il ne sait pas encore s’il à envie de retourner chez Fabrizzio ce soir.
Au fond de lui il sait qu’il en a envie. Une envie purement sexuelle.
Plus il y pense, plus il se dit que c’est plus fort que lui.
Le gout de la peau, la douceur des courbes de son corps.
Gilles comprend qu’il est en train de devenir accro non pas à Fabrizzio, mais à son corps et à sa façon de s’abandonner pendant l’amour.
Peut-on construire quelque chose si l’on fait une séparation entre le corps et l’esprit ?
A bien y réfléchir, Gilles ne se sent pas excessivement proche intellectuellement de Fabrizzio, néanmoins par un simple regard l’excitation le gagne immédiatement.
C’est violent et sans concession.

Du coup Gilles fait machine arrière et revient sur ses pas.
Il retourne voir l’objet de son désir.
Sur la route il s’arrête dans une cabine téléphonique pour appeler Mme Mère et lui dire qu’il ne rentre pas ce soir.
Cette dernière comprend bien ou il va dormir et lui dit de prendre soin de lui.
Gilles la rassure et reprend sa route.
Plus il s’approche de l’entrée de l’immeuble, plus son rythme cardiaque s’accélère et plus l’excitation sexuelle le gagne.
Arrivé au bas de l’immeuble il sonne à l’interphone.

« Oui ?
- Fabrizzio c’est moi !
- Comment ?... Ah non, il n’y a pas de Michel ici !
- Quoi ???
- Oui, c’est ça c’est une erreur !! »


Le clic retentit.
Gilles avance sa main pour sonner de nouveau mais s’interrompt à temps.
C’était bien la voix de Fabrizzio, mais elle semblait tendue. Certainement que François est rentré à l’improviste.
Oui, c’est certainement ça !!
Gilles traverse la rue et se met sur le trottoir en face de l’immeuble. Il aperçoit ainsi Fabrizzio qui est devant la fenêtre. Il lui fait signe, et comme il s’y attendait, il lui confirme que son mec est rentré.
Gilles va donc finalement rentré chez lui ce soir.
Il reprend donc une nouvelle fois son trajet en sens inverse et rappelle chez lui pour dire qu’il rentre diner.
Mme Mère lui dit que Manu à cherché à le joindre.
Gilles précise alors qu’ils ne l’attendent pas pour diner.
Du coup, il va passer voir Manu et rentrera dormir plus tard. Avec un peu de chance il mangera avec lui et David.

Quelques instants plus tard, Gilles rentre dans la petite allée de la rue du Dauphiné.
Manu lui ouvre et le gratifie d’un immense sourire.

« Hey mon poulet !! Qu’est-ce que tu fais là ?
- Ben ma mère m’a dit que t’avais appelé et du coup en rentrant je suis passé te voir, c’était plus sympa comme ça… J’ai pas eu raison darling ?
- Mais si bien sur !! Entre !
- David n’est pas là ?
- Il est allé chercher du vin… Tu dines avec nous ?
- Ben avec plaisir ! Je suis libre comme l’air. Ma soirée avec Fabrizzio est annulée alors je rentrais juste chez moi.
- Vous vous êtes revu ? dit Manu ?
- Oui, on a eu une longue discussion au téléphone ce matin. Il s’est confondu en excuses pour son attitude de dimanche soir puis je suis allé le voir cet après-midi. On a fait l’amour comme des fous. En fait j’ai réalisé aujourd’hui que j’étais accro au sexe avec lui !
- Waow !! C’est si bien que ça ?
- Disons que c’est très… charnel !!
- Mieux qu’avec moi ? demande Manu pour le taquiner !
- Rien ne sera jamais mieux qu’avec toi ! »


Manu le fixe avec une infinie tendresse et le prend dans ses bras. Gilles se blottit contre lui.
C’est toujours tellement bon sa chaleur, son odeur, les battements de son cœur…
Gilles se reprend avant de fondre complètement et lance :

« Tu voulais me dire quoi au fait en m’appelant ?
- Ben t’inviter à diner ce soir !
- Ah oui ?
- Tu vois, le hasard fait bien les choses. C’est David qui voulait te revoir. En fait il va rentrer un peu plus tôt à Nantes. Sa mère est malade. Alors il part demain et ne voulait pas rentrer sans te revoir. Il va être super content de te voir ici quand il va revenir.
- Il est vraiment super gentil ce mec, et très craquant… Vous n’allez rien tenter de poursuivre vous deux ?
- Non, les relations à distance ça ne marche pas. Puis on est trop plein de cicatrices lui et moi, et au bout du compte, je pense qu’on s’entrainerait mutuellement dans une spirale infernale… Non, en fait, il sera toujours le bienvenu ici évidemment s’il veut revenir passer quelques jours. Mais le connaissant il ne reviendra pas. Il est comme ça David, il laisse le passé derrière lui et avance sans se retourner !
- C’est dommage. Je l’aime beaucoup !
- Je sais, et lui aussi il t’adore ! »


C’est à cet instant que le fameux David ouvre la porte et rentre dans la cuisine. En voyant Gilles il se précipite sur lui et lui saute dans les bras en lui donnant un « smack » plein de fougue et de tendresse.
Toute la fougue de sa jeunesse et toute la tendresse du jeune homme qui a vieilli trop vite.

« Tu as pu venir finalement ? Je suis trop content !
- C’est juste le hasard qui à fait les choses, mais oui, au final je suis là !
- Je ne crois pas au hasard, continue David, et si tu es là c’est que cela devait se passer ainsi !
- Ce qui doit se faire, se fait oui !! Tu as raison David et quoi qu’il en soit, dès que j’aurai su que tu avançais ton départ, j’aurai débarqué quoi qu’il advienne ! Je ne voulais pas ne pas te revoir avant ton départ.
- Moi non plus, je n’aurais pas aimé partir sans te dire au revoir. Seulement un peu plus de 3 jours que je te connais, mais je t’aime énormément.
- C’est réciproque, sois-en sur !
- Bon c’est fini les tourtereaux ? plaisante Manu. Allez, on va se boire un apéro ! David, tu nous mets un peu de musique ? »


Gilles s’occupe de l’apéro tandis que Manu termine de préparer son tajine d’agneau. Il le réussit comme personne, se souvient Gilles.
En même temps qu’il verse les alcools, Gilles observe Manu qui s’active et David qui cherche la musique idéale pour ce moment.
Gilles se dit qu’il est bien, ici et maintenant.
Ce sont ces petits instants improvisés qui sont les meilleurs.
Une bouffée de bien-être l’envahit et il sourit intérieurement.

Les trois garçons lèvent leur verre et trinquent ensemble.
Ils ont les yeux brillants.
C’est certainement la dernière fois qu’ils se voient tous les trois ensemble.
Ils le savent, mais ils le taisent.
Alors tant pis pour les larmes, ce soir, c’est le rire qui va prendre le relais.

Ils vident leur premier verre…
Un éclair sillonne le ciel sombre, immédiatement suivi d'un énorme coup de tonnerre.
L'orage est là !
Ils se servent un second verre...


A suivre...

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Comme il y a quelques temps, tu as demandé son point de vue au lectorat, je me permets de faire mon chieur en émettant l'opinion selon laquelle en 1986, on ne disait pas encore qu'on était "trop" content. Sinon merci pour le feuilleton, que je suis avec attention

5:21 PM  

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