29 juin 2007

Sur le Trajet (chapître cinquantième)

Gilles est de retour chez lui aux alentours des 20 heures. Ce soir il dine avec ses parents et compte se coucher tôt.
Il aura tout le temps de penser à ces nouvelles sensations qui l’assaillent quand il sera couché.
En effet, le désir était très fort encore cet après-midi, mais il n’a pas pu aller au bout et suivre le garçon qui semblait être réceptif à ses regards.
Peut-être était-ce à cause du plein jour, de la foule alentour…
Toujours est-il que Gilles n’a pas pu mettre en pratique l’expérience de la veille.
Pris de panique, il a finalement semé le garçon qui le suivait.
Le pauvre garçon n’a rien du comprendre dans la mesure où c’est Gilles qui l’a clairement allumé au début puis à pris ses jambes à son cou pour finir.
En tous cas, il recommencera une autre tentative, mais le soir…
Pour voir, juste pour voir !

Madame Mère questionne Gilles sur sa vie en ce moment et ses relations avec Manu et Fabrizzio.
Gilles ne s’étend pas sur le sujet.
Il dit que Manu restera toujours présent dans son cœur, dans sa tête et cela quoi qu’il se passe. Bien sur il tait la maladie de Manu.
Il ne veut pas que Mme Mère s’inquiète pour rien.
Quand à Fabrizzio il confit qu’il a un petit coup de cœur et espère que cela donnera quelque chose.
Il tait aussi les violentes colères qui animent parfois cet amant.
Il ne veut pas que Mme Mère se face du souci également pour ça.
Gilles n’a pas très faim ce soir.
Il stresse un peu pour ses résultats du lendemain et préfère ne penser à rien et se mettre devant un film pour laisser son cerveau prendre la route tout seul.

Lorsque l’heure du sommeil s’annonce il s’enferme dans la chambre et reste dans le noir en attendant que la fatigue l’assomme.
Il repense au garçon d’aujourd’hui qu’il à lâché dans la rue sans autres explications.
Il repense à Pierre et à l’excitation de la veille.
Il repense à David qui lui manque tellement.
Il repense à Manu qu’il aime toujours.
Il s’endort finalement sans songer au lendemain.

Dès 7 heures il se réveille brutalement. Il a un petit nœud à l’estomac mais va tout de même tout de suite sous la douche. Il n’a pas le goût d’avaler quoique ce soit et il sort de chez lui avant que ses parents ne se réveillent. Il se dirige vers son lycée.
Il entre dans une cabine pour appeler Nathalie :

« Allo Nath ?
- J’étais sur que c’était toi !!
- Ben oui, tu m’étonnes ! C’est trop le stress !! Tu viens voir les résultats ce matin ?
- Oui, je suis presque prête ! Tu m’attends au café avant d’y aller ? Je veux pas y aller toute seule !
- Ok, mais grouille-toi alors hein ? J’ai trop envie de savoir.
- Ok, je me dépêche ! Je suis au bar dans 15 minutes.
- Ok je t’attends là-bas. A toutes ! »


Gilles continue sa progression et arrive au bar à côté du lycée cinq minutes plus tard.
Un petit bar de quartier ou les lycéens se retrouvent régulièrement pour boire un café pendant l’inter cours ou à la fin de la journée.
Renée, la patronne, est très gentille et toujours d’humeur égale.
Elle sourit à Gilles en arrivant et lui fait son café sans qu’il l’ait demandé.
Elle à l’habitude Renée.
Tenancière de bar depuis toute une vie certainement, elle devine par avance les choses, et connaît par cœur ses clients de chaque jour.
Elle à dans le gris de ses cheveux toutes les années vécues à l’ombre des clients de passage ou de ceux plus fidèles qui, quoiqu’il en soit, un jour ou l’autre partent tout de même pour souvent ne jamais revenir.
Ils n’ont pas conscience, ces clients, que Renée, le plus souvent, s’attachait à eux mais bien-sûr ne le leur disait pas.
Et pendant toutes ces années, Renée s’est fabriqué des amis à sens unique qui n’avaient pas idée, en quittant le quartier, qu’ils allaient manquer à quelqu’un.
Alors Renée, toujours se reconstruisait d’autres relations, et dans la valse des saisons et des années passant, elles se souvenait parfois d’un tel, disparu du jour au lendemain, ou d’un autre venu lui faire une simple bise pour lui dire qu’il partait ailleurs, sans s’imaginer que la tenancière aux bras diaphanes, retenait son chagrin un peu plus à chaque fois.
C’est sans doute ces petits chagrins de vie qui ont colorés de gris cette chevelure, jadis, de geai.

Nathalie débarque pendant que Gilles est perdu dans ses pensées.
Elle semble toute excitée et commande un café également.
Le café était déjà prêt mais Nathalie ne remarque pas ce détail et Gilles, dans un sourire, remercie en silence Renée une nouvelle fois.

« Bon ! On y va ? Demande Nathalie ?
- Ok c’est parti… On s’en va Renée, on te doit combien ?
- 4 francs les jeunes !
- Ok. Souhaites-nous bonne chance Renée, si on est admis aujourd’hui, l’année prochaine on passe au niveau supérieur !
- Et je m’en doute bien !! Alors bonne chance et si l’année prochaine vous avez un peu de temps, repassez me voir de temps en temps, ça me fera plaisir…
- Promis ! Et bonnes vacances et reposes-toi bien pour reprendre en pleine forme en septembre !
- Vous aussi les jeunes, amusez-vous bien. L’année prochaine c’est encore plus sérieux !!
- Bye Bye Renée ! »


Gilles se demande en repartant vers le Lycée si un cheveu blanc de plus va apparaître dans le miroir de Renée. Il est un peu triste à la pensée de ne plus la revoir.
Mais il le sait très bien. Même s’il à le temps, l’année prochaine, il ne reviendra pas voir Renée.
Car les jours qui avancent, les grandes vacances et le premier mois de rentrée auront raison des petits souvenirs du quotidien d’avant. C’est toujours comme ça que ça se passe non ? Gilles commence à s’en persuader.

Arrivé à quelques mètres du lycée, une foule compacte se presse devant un grand tableau.
Les noms des lauréats sont affichés.
Gilles à le cœur qui bat !
Il aperçoit Laurent, un ami de sa classe qui vient vers lui le sourire aux lèvres.

« Salut Gilles !! Et voilà, c’est fait !! Ouf !! Bac du premier coup !
- Félicitations !!
- Ben félicitations aussi !!
- Quoi ?
- J’ai vu ton nom mon gars !!
- Waoow !! »


Gilles part en courant suivit de Nathalie.
Il voit son nom ! C’est bon !!!
Nath saute aussi de son côté !! Elle à réussi également.
Les deux lycéens se sautent dans les bras !!
Ils rient et tournent sur le trottoir.
Ils sont heureux.

Car avec ce résultat c’est un peu la fin d’une époque et le début d’une autre.
C’est l’adolescence qui tire sa révérence.
C’est une autre vie qui commence…


A suivre