05 avril 2006

Le passager de la pluie

Te souviens-tu de la petite maison de pierres au fond du jardin ? Là où tes peurs les plus anciennes demeurent, tapies dans l’ombre, au milieu des outils et des vieilles chaises protégées du plastique des vieux jours ?

C’était il y’a fort longtemps, lorsqu’un matin de pluie tu t’étais réfugié dans cette maison pour t’abriter de l’orage.
Cette petite maison si familière depuis toujours allait devenir, sans que tu l’imagines, l’antre de toutes tes craintes, le tournant de ta vie…

L’homme était là, dissimulé lui aussi, sans doute pour s’abriter tout comme toi. La seule différence se tenait dans vos esprits. Le tien, encore innocent, le sien déjà meurtri d’envies interdites.
Sans bruit il se leva et parvint à te surprendre.
Trop vite, trop fort.
Il t’immobilisa, te regarda et au premier instant tu démasquas le désir dans ses yeux. Des yeux si profonds, si noirs.
Il commença à se déshabiller, faisant glisser son pantalon le long de ses cuisses puissantes. Son sexe gonflé tendait le coton déjà humide du slip blanc. Il fit glisser le slip, libérant sa vie, tendue dans l’ombre. Il approcha son sexe de ta bouche et le frotta contre ton visage.
Tu pouvais sentir l’odeur de l’homme, de sa puissance, de son inextinguible ardeur.

Il arracha tes vêtements. Tu étais maintenant nu, offert à lui. Il se masturbait doucement, semblant savourer chaque nouvelle poussée d’adrénaline. Il fit glisser sa langue entre tes cuisses, te releva les jambes et lécha abondamment le fondement de ton être. Tu semblais perdu, humilié, terrorisé. Et pourtant tu sentais le plaisir te gagner, ta verge se durcissait, s’allongeait. Jamais tu n’aurais imaginé de telles facultés.

A la vue de ton désir, l’homme te libéra, te pensant consentant. Il ouvrit la bouche pour engloutir ton sexe et le sucer longuement. Tu sentais venir la jouissance, tu gémissais. Tu te risquais même à glisser une main sur ses testicules, les caressant, les soupesant comme une nouvelle découverte ; étrangère et cependant si grisante.
Ton cœur cognait à tout rompre, lorsque pour la première fois de ta vie, ton pénis libéra sa semence et qu’au plus profond de ton ventre, une irradiante chaleur exacerbait tout ton être. Du plus loin de tes souvenirs, jamais plaisir ne fut aussi violent, aussi troublant, aussi envoûtant.

L’homme attendait à son tour le plaisir. Mais tu ne pouvais pas lui rendre, tu ne voulais pas lui donner satisfaction. Tu débusquais, dans la pénombre, parmi les outils, une paire de ciseaux. Tu t’en saisis brusquement et la lui enfonça dans la tempe.
Son regard se figea un instant, pensant sans doute qu’on ne manipule jamais l’enfance sans en payer les conséquences.
Son pénis sembla se durcir davantage tandis que la mort s’installait en l’homme qui retomba lourdement sur le sol.
Avant de partir, tu ne pu t’empêcher de caresser le galbe de ses fesses musclées, sachant dès lors, ce que serait ta vie et quels seraient tes désirs d’adulte.

Aujourd’hui tu te donnes aux hommes mais toujours avec crainte et plaisir mélangés, te souvenant de ce lointain jour de pluie ou un passager de hasard mit le feu à ta vie.
A chacune de tes relations d’un soir tu repenses à tout ce qui t’enivres dans la perversion nocturne ; lorsqu’au bout du plaisir tous tes amants se meurent, le visage de marbre et le regard figé par la stupeur quand tu brandis, à chaque fois, les ciseaux qui étincellent dans l’ombre.
Maintenant la mort égraine chacun de tes passages ; tel un bourreau implacable, tu te venges sur autrui de la douleur d’avoir vu s’envoler tes rêves d’enfant, un peu trop tôt, un peu trop vite.

Il ne fallait pas briser ton innocence au risque de la voir condamner, sans pitié, les âmes lapidées.
L’enfance assassinée ne pardonne que très rarement les sévices du passé et c’est toujours lorsque coulent les larmes que se fait menaçant l’éclat du métal.

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Oui c'est glauque. Mais bizarrement il y a une cohérence avec les autres textes.
Comme si ce texte venait expliquer les autres.

Mais bon j'espère que notre ami va se décider à mettre un peu de positivisme dans ses textes (bon je ne veux pas de l'angélisme non plus, faut pas pousser, tu n'écris pas de contes de fèe lol)

6:22 AM  
Anonymous Anonyme said...

et pourquoi pas un pic a glace ???...

10:17 AM  
Blogger Dragibus Rinpoché said...

oniris> je me posais la même question.... cela reste troublant... bon les filles au prochain apéro blog, on le fouille avant d'entrer à la traboule, on sait jamais!

10:27 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home