30 mars 2006

Ténèbres

En franchissant l’aube du jour, au sortir d’une nuit de lune, tu regagnais ton appartement.
La nuit t’avais semblé si courte avec tout ces gestes échangés de corps à corps d’amour, de violence et de frénésie.
Puis s’en était venue la haine proche des regards empreints d’une envie de faire naître le désir par le plaisir du mal afin que les corps se tordent, se violent, se meuvent comme des serpents outragés pris au piège dans une cage de verre et se tendent comme les arcs de la forêt de Sherwood tout en bloquant leur jouissance pour plus de plaisir encore.
Le plaisir n’avais alors plus de limite et tu avais conscience d’en avoir franchi les portes, même les zones interdites, les plus meurtrières : celles de la passion.
Et tant pis si le corps en a souffert, car il en a jouit aussi.
Ainsi tu as pu déverser ta sève au creux des reins du garçon dont le corps est sans doute encore allongé en travers du lit.
Inerte d’avoir trop demandé, trop espéré.

Lorsque la lune pleine de ses mystères trouait l’ombre de la chambre et que tu apercevais, par delà l’obscurité, son visage déformé par la douleur du plaisir ; une envie de faire plus mal encore te prenait le ventre, bien décidé que tu étais, à malmener celui qui te donnait tant de bonheur.
Car l’on n’accepte jamais véritablement d’être l’objet d’une envie et de ne pas savoir la dominer.
Alors, plutôt que de te laisser aller, tu tuais à petits crocs ; tes dents se plantant dans sa chair avant d’atteindre l’artère qui jugulait le rouge de sa vie.
Lorsqu’elle céda sous ta pression, dans une jouissance ultime, tu l’arracha à pleines dents et le sang noir et chaud de mît à couler à flots, devenant rouge en s’étalant sur les draps trempés de votre sueur.
Dans une dernière convulsion, le corps de l’autre homme t’arracha un ultime cri de plaisir faisant écho à son sursaut de mourir.
Alors tu compris ta sauvagerie et des deux êtres cohabitant en toi, la bête, toujours prête à bondir, avait fait face sans que tu t’en rendes compte.

Tu pris une douche pour te débarrasser du sang, de la sueur et du sperme de celui qui fut l’amant de ta nuit. Le dernier d’une liste qui s’allonge de plus en plus…. Toujours des corps nus, souillés, vidés, exsangues, morts d’avoir voulus se livrer à ton plaisir sadique.
Enfin tu te rhabille, t’enivre de gin avant de repartir dans ta nuit pour te réveiller au matin en ayant tout oublié de cette nuit où tu dévoras une âme.
Toutes ces nuits sont les mêmes quand tu hurles de douleur et qu’au fond de toi tu sais le mal qui te ronge ; il se love en toi pour mieux t’envahir, t’étourdir lorsque l’ombre se fait meurtrière afin que le gibier s’approche de toi, te sourit et te prenne la main, croyant vivre avec toi de nouveaux lendemains.
Ne sachant pas que les ténèbres aux vents n’ont pas l’odeur des printemps ardents et qu’un sens trop faible est fatal quand la bête aux aguets est prête à déchirer la nuit pour assouvir sa faim aux petites heures du matin.

Le corps de l’homme est froid maintenant.
Se souvient-il encore de ses plaisirs maudits ? Sans doute, puisqu’à son sourire figé le désir s’est éteint comme une lumière d’été avant l’orage.
De ces lumières si fortes qu’elles en aveuglaient le regard des amants qui avaient cessés de s’attendrent, convaincus qu’aucun plaisir ne les feraient jamais plus se retrouver et s’aimer à nouveau comme aux premiers jours de leurs baisers les plus intimes…
Avant l’abîme qui les emporteraient pour toujours vers des rives arides ; mortelles randonnées de jadis où déjà les corps luttaient avant d’agoniser sous le ciel de feu pour se fondrent au vent, telle la poussière, dans une poignée de temps.

3 Comments:

Blogger Nougat said...

wouaouh !!! °o°

6:28 PM  
Blogger Dragibus Rinpoché said...

Anne rice, sors de ce corps immédiatement.....
Bon y'a un club, là, illusion, adnangel et sharon stone.... on les appelle "les goulues de l'hemoglobine" dans le milieu!
joli texte ma foi

12:49 AM  
Anonymous Anonyme said...

Ca me rappelle un cours que j avais donné à l'IFSI de St-Louis, sur l alimentation. Evidemment c etait difficile de ne pas parler de cannibalisme. il me reste des notes si tu veux

9:37 AM  

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