03 mai 2006

Un printemps trop gris

Du plus loin que je me souvienne, je repense à mes amours anciennes.
A tout ces mecs sans identité qui ont traversés ma vie pour n’y point laisser de trace. Juste une minute, une heure, un gémissement ardent.
De simples regards qui se croisent, des mains qui s’enchaînent, des corps qui s’étreignent dans l’anonymat d’une salle obscure, d’un ascenseur abandonné, d’une cave ruisselante et humide.
Que reste-t-il de tout ça ?
Quelques images floues. Aucun nom bien sur, seulement des flashs me revenant parfois… Fragiles, exigus et terribles.
Comme une dénonciation de ces plaisirs sans complaisance de ces plaisirs amers et acides.
De ces plaisirs interdits que l’on se permet tandis que d’autres les refoulent malgré l’envie.
Je me complais dans ces baises obscures, sachant que les amours de lumière laissent parfois des traces indélébiles.
Ils nous font marcher sur une route qui n’est pas la notre au risque de nous perdre.
Quitte à me perdre, je préfère me perdre dans l’ombre.
Même si parfois je me dis que j’aimerai arrêter et construire quelque chose, l’attirance est la plus forte.
Celles des ‘nuits fauves’ comme disait Cyril C. et leurs odeurs ténébreuse, grisantes, oppressantes.
Elles me transportent dans une autre sphère ou tout est permis, ou mes inhibitions intimes se font exhibitions et se crachent au monde, s’éjectent au vent du soir lorsque les ombres du jour s’avancent et prennent le pas sur la lumière pour laisser la nuit venir en reine.
Cette fameuse nuit du cœur et de l’affection. Cette fameuse nuit qui vous propulse dans l’univers de l’oubli et de la débauche ; celle qui vous tenaille le ventre, vous crève le cœur et vous dévore la poitrine.
C’est dans ces nuits que je me laisse aller à humer le vent du désert des sens pour tomber dans le piège des amours sans retours.
Car comment se souvenir des bonheurs anciens, lorsque la mémoire, brulée d’avoir trop aimée, ne fonctionne plus et qu’elle laisse place à une souffrance brisée d’éclats d’amants légers ?
C’est comme une petite mort lente. Elle vous consume comme le feu dans les bois de Provence, dont les fragrances estivales à jamais ternies ne pourront plus jamais embaumer le vent de l’été.
Alors, lorsque le matin paraît, il est temps de rentrer ; car le jour arrivant va emporter avec lui toutes les misères du monde.
Comme aux temps jadis, quand la mort de l’impie devait purifier tous les maux de la terre et les enfermer sans regret, sans remord et sans peur dans la boîte de Pandore.
Bien au-delà des heures qui s’étiolent doucement comme la rose aux quatre vents à l’aube d’un printemps trop gris.

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

damnit, on est frustré de ne pas avoir eu vent du micro-débat en question...!

1:34 AM  
Blogger Dragibus Rinpoché said...

damnit....oui!!!!
Bon cela dit, ça donne à réfléchir...
il y a quelque chose de pourrit au royaume du Danemark!!!

12:59 PM  

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